Des experts préviennent
Kamala Harris sera de plus en plus victime de sexisme et de désinformation

Images truquées, insultes à caractère sexuel, insinuations racistes… La candidate démocrate et vice-présidente Kamala Harris est depuis dimanche la cible d'un flot de faux contenus sur les réseaux sociaux, qui risque encore de s'aggraver, préviennent des experts.
Publié: 24.07.2024 à 20:22 heures
La candidate démocrate et vice-présidente Kamala Harris est depuis dimanche la cible d'un flot de faux contenus sur les réseaux sociaux.
Photo: DUKAS
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AFP Agence France-Presse

Propulsée dans la course à la Maison Blanche après le retrait de Joe Biden, qui a annoncé la soutenir, Kamala Harris deviendrait, en cas de nomination du Parti démocrate, la première femme noire et originaire d'Asie du Sud à viser la présidence. La nouvelle a entraîné un déferlement de contenus sexistes et d'allégations mensongères à son encontre, dont certaines ont déjà été contredites par le passé.

Plusieurs personnalités conservatrices ont ainsi assuré que Kamala Harris aurait «atteint le sommet» de la politique américaine grâce à des faveurs sexuelles, pointant sa courte relation avec l'ancien maire de San Francisco, Willie Brown. D'autres internautes expliquent sa carrière politique par le fait qu'elle serait en réalité un homme.

Une photographie la montrant aux côtés de Jeffrey Epstein – financier américain qui s'est suicidé en prison en 2019 avant de pouvoir être jugé pour crimes et trafic sexuels – a également resurgi. Or, il s'agit là d'un photomontage, l'image de Jeffrey Epstein ayant été apposée sur celle du mari de la vice-présidente, Douglas Emhoff.

«Il est essentiel de nommer ces discours et mensonges pour ce qu'ils sont: une tentative de dénigrer le travail d'une femme puissante, simplement à cause de son genre, de son milieu et de sa couleur de peau», a dénoncé Nina Jankowicz, cofondatrice de l'American Sunlight Project, qui lutte contre la désinformation.

Les femmes plus visées par les contenus de désinformation

Lors des précédentes élections, en 2020, Nina Jankowicz avait dirigé une étude qui a montré que treize femmes politiques avaient été visées par plus de 336'000 contenus relatifs à de la désinformation ou des insultes basées sur le genre. 78% de ces attaques avaient alors visé Kamala Harris.

Ces attaques ne se limitent pas à des allusions sexistes. Des internautes assurent ainsi que la vice-présidente, née aux Etats-Unis, ne peut pas être candidate car ses deux parents ont immigré, alors que d'autres l'accusent d'«exagérer» ses origines ethniques pour espérer en tirer un avantage politique.

Lors des élections locales et nationales de 2020, les candidates issues de minorités ethniques étaient deux fois plus susceptibles d'être la cible de campagnes de désinformation que d'autres candidats, selon un rapport du Centre pour la démocratie et la technologie, basé à Washington. Elles étaient également quatre fois plus susceptibles d'être ciblées par des violences que des candidats blancs.

La désinformation genrée – narratifs mensongers ou trompeurs fondés sur le genre – est une réalité commune pour bien des femmes politiques à travers le monde, ces attaques visant à salir leur réputation, détruire leur crédibilité et leur carrière. L'élection présidentielle américaine, qui se déroulera le 5 novembre, donne traditionnellement lieu à de nombreuses campagnes de désinformation. Alors que l'échéance approche, les chercheurs s'attendent à ce que Kamala Harris soit particulièrement ciblée.

Attention aux fausses images hyper-réalistes!

Les outils d'intelligence artificielle (IA), désormais largement accessibles et capables de produire de fausses images hyper-réalistes, menacent de perturber encore davantage la campagne, en particulier sur X, dont le propriétaire, Elon Musk a pris fait et cause pour le concurrent républicain, Donald Trump.

Le réseau social a largement réduit sa modération des contenus, et a permis à des comptes reconnus pour leur rôle dans la propagation de faux contenus de reprendre du service.

«Nous devons nous attendre au spectre complet de la désinformation», a prévenu Ronald Deibert, directeur de recherche à l'Université de Toronto, allant de «productions d'amateurs» à «des opérations d'influence très organisées, parfois soutenues part des puissances étrangères».

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