«Nous allons forer, forer, forer!» A la veille de sa rencontre avec Volodymyr Zelensky, prévue ce vendredi 28 février, Donald Trump affiche son enthousiasme. Selon lui, un «très gros accord» avec l’Ukraine permettrait aux Etats-Unis de récupérer «les centaines de milliards investis pour aider Kiev».
Mais cette ambition se heurte au scepticisme de nombreux experts américains. D’après CNN, qui s'est entretenu avec des responsables, peu de preuves attestent de la présence significative de terres rares et de minéraux stratégiques en Ukraine. Surtout, leur exploitation par les Etats-Unis semble compromise: une grande partie des gisements se trouve en territoire occupé par la Russie.
Le temps de l'ex-URSS
En plus des doutes exprimés par d’anciens et actuels responsables américains, plusieurs analystes et experts remettent aussi en question le potentiel minier de l’Ukraine. En cause: l’absence de données récentes. Les estimations actuelles reposent sur des cartes datant de l’ère soviétique, rendant l’évaluation des ressources incertaine.
Les terres rares sont un groupe de 17 métaux essentiels aux technologies modernes, utilisées par exemple dans les smartphones, ordinateurs, aimants puissants, batteries et équipements médicaux. Malgré leur nom, elles ne sont pas si rares, mais sont difficiles à extraire et à raffiner.
Ils comprennent: Scandium (Sc), Yttrium (Y), Lanthane (La), Cérium (Ce), Praséodyme (Pr), Néodyme (Nd), Prométhium (Pm), Samarium (Sm), Europium (Eu), Gadolinium (Gd), Terbium (Tb), Dysprosium (Dy), Holmium (Ho), Erbium (Er), Thulium (Tm), Ytterbium (Yb), Lutécium (Lu).
Les terres rares sont un groupe de 17 métaux essentiels aux technologies modernes, utilisées par exemple dans les smartphones, ordinateurs, aimants puissants, batteries et équipements médicaux. Malgré leur nom, elles ne sont pas si rares, mais sont difficiles à extraire et à raffiner.
Ils comprennent: Scandium (Sc), Yttrium (Y), Lanthane (La), Cérium (Ce), Praséodyme (Pr), Néodyme (Nd), Prométhium (Pm), Samarium (Sm), Europium (Eu), Gadolinium (Gd), Terbium (Tb), Dysprosium (Dy), Holmium (Ho), Erbium (Er), Thulium (Tm), Ytterbium (Yb), Lutécium (Lu).
L’US Geological Survey enfonce le clou: l’Ukraine ne possède aucune réserve prouvée de terres rares ni d’infrastructures de traitement. Mais Jack Conness, analyste chez Energy Innovation, tempère: «Cela ne signifie pas que ces ressources n’existent pas, mais nous savons encore très peu de choses sur leur potentiel réel.»
L’Ukraine dispose cependant de vastes gisements de graphite, de lithium et de titane, considérés comme des minéraux critiques. Toutefois, leur importance reste relative à l’échelle mondiale. Et un obstacle de taille pourrait compliquer davantage les ambitions de Donald Trump: Moscou. «Selon nos informations, la grande majorité des gisements se trouvent sur des territoires contrôlés par la Russie», confie un ancien haut responsable de l’administration Biden à CNN.
Economiquement viable?
Mais selon des experts, il existe bel et bien des projets prometteurs pour extraire ces minéraux du sous-sol ukrainiens. Toutefois, sur les centaines de gisements recensés, seuls quelques-uns sont jugés économiquement viables. L’extraction, le traitement et le raffinage des minéraux, en particulier des terres rares, sont des processus longs et extrêmement coûteux.
En plus du fait que les gisements les plus prometteurs se trouvent sous contrôle russe, ceux restés aux mains du gouvernement de Volodymyr Zelensky sont situés dans des zones truffées de mines et de munitions non explosées, rendant leur exploitation périlleuse.
Un responsable américain, informé des évaluations classifiées des services de renseignement, confirme que le consensus au sein du gouvernement est clair: la valeur des terres rares et autres minéraux en Ukraine est loin d’atteindre les montants avancés par l’entourage de Donald Trump. Ce dernier avait pourtant réclamé 500 milliards de dollars à l’Ukraine.
Un coup de maître de Zelensky?
Jeudi, Donald Trump a reconnu l’incertitude entourant les ressources minérales de l’Ukraine: «On fore et on peut se rendre compte que les choses ne sont pas là comme on le pense.» Mais il reste convaincu que ce projet est «formidable pour l’Ukraine».
Cette idée d’exploitation minière américaine vient à l’origine de Volodymyr Zelensky. En septembre dernier, il l’avait intégrée à son «plan de victoire» présenté aux équipes de Joe Biden et Donald Trump. Une proposition rapidement jugée irréaliste par Washington. «C’est la partie dont nous avons le moins discuté», confie un ancien haut responsable de l’administration Biden.
Zelensky a-t-il habilement joué cette carte pour s’assurer du soutien américain dans la guerre contre la Russie, ou croit-il réellement en ce projet? Leur rencontre ce vendredi à Washington pourrait apporter des réponses.