Ce n'est certainement pas ce que Vladimir Poutine avait en tête. Jeudi, il voulait en fait montrer au monde que la Russie avait encore de bonnes relations avec d'autres Etats, malgré la guerre en Ukraine. Mais le sommet Russie-Afrique s'est déroulé tout sauf comme prévu pour le chef du Kremlin.
Sur la Russie et l'Ukraine
Tout a commencé lorsque le président russe a essuyé une multitude de refus de la part des chefs d'Etat africains. 49 délégations africaines ont confirmé leur participation, 21 chefs d'Etat et de gouvernement se sont rendus à Saint-Pétersbourg, la ville natale du chef du Kremlin. Un net recul par rapport au premier sommet Russie-Afrique de 2019, qui avait rassemblé dans la métropole russe des représentants des 54 États africains, dont 43 chefs d'Etat et de gouvernement. Lors de la réunion, le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, a déploré que la guerre entre la Russie et l'Ukraine aggrave en partie la crise alimentaire. «L'Afrique en souffre», a-t-il déclaré, selon la traduction russe.
Erreur de nom du patriarche Kirill
Mais ce n'est pas tout: jeudi, la retransmission télévisée du discours de Vladimir Poutine s'est brusquement interrompue, juste au moment où il s'apprêtait à répondre aux accusations de l'Occident selon lesquelles il «joue avec la faim» en Afrique. Ce qui était loin d'être la dernière bourde de la journée.
Le patriarche Kirill, chef de l'Eglise orthodoxe russe, s'est adressé au président russe en utilisant le mauvais patronyme. «Vladimirovitch» s'est brièvement transformé en «Vassiliévitch», avant que l'ecclésiastique ne se rende compte de lui-même de son erreur. Vladimir Poutine n'a pas apprécié, ce qui se voyait clairement à son visage crispé. Finalement, il a courageusement souri de cette erreur de nom – sans doute aussi parce que Kirill s'est adressé à lui de manière presque bizarre en l'appelant «Votre Excellence».
Qu'est-ce qui pourrait rendre cette journée encore plus désagréable pour le dirigeant russe? Eh bien, une apparition du patron de Wagner, Evgueni Prigojine, par exemple. Celui-ci s'était mis Vladimir Poutine à dos il y a quelques semaines avec sa brève révolte. Le chef des mercenaires s'est montré souriant – contrairement au grincheux maître du Kremlin – en marge du sommet africain.
Le chef de la maison russe en République centrafricaine, Dmitri Syty, a publié jeudi sur Facebook une photo qui montrerait Evgueni Prigojine lors d'une rencontre avec le représentant du pays. L'ambassadeur a partagé avec lui les premières images du sommet, a écrit Dmitri Syty. La photo souligne l'importance que revêt encore la troupe de mercenaires Wagner pour la Russie au niveau international.
L'homme d'affaires russe aurait continué à séjourner dans sa ville natale de Saint-Pétersbourg, même après le quasi-coup d'Etat du 24 juin. Les médias russes se sont étonnés que Evgueni Prigojine, qui s'était récemment entretenu avec Vladimir Poutine au Kremlin, soit manifestement redevenu digne d'intérêt. L'homme d'affaires n'a pas réagi dans l'immédiat.
La photo a été largement partagée sur les réseaux sociaux, y compris sur des canaux proches de Wagner. Les médias locaux ont toutefois rapporté que le patron de Wagner avait tenu la réunion dans son palace-hôtel Trezzini et non sur l'Expoforum lui-même, où le sommet est organisé avec des mesures de sécurité massives.
Peu de fans de Poutine
Avec son armée privée, qui s'est dernièrement installée dans un camp en Biélorussie, Evgueni Prigojine est en mission dans de nombreux pays africains pour y représenter, outre ses propres intérêts commerciaux, ceux de la Russie. Vladimir Poutine lui avait accordé l'impunité après le soulèvement au cours duquel les combattants de Wagner avaient tué de nombreux pilotes russes. En contrepartie, l'armée d'Evgueni Prigojine et ledit leader se sont engagés à s'installer en Biélorussie voisine.
L'intervention du dirigeant russe jeudi n'a convaincu, somme toute, que des personnages assez étranges, comme un diplomate guinéen vivant en Russie depuis 15 ans. Ce fan manifeste de Vladimir Poutine, qui portait un pull avec de nombreux petits portraits du président russe, a qualifié le chef du Kremlin de «son âme» dans une interview accordée à l'agence de presse publique russe Ria Novosti. Difficile de faire plus bizarre.