En représailles des frappes sur Odessa
Kiev revendique l'attaque de drones sur Moscou

L'Ukraine a revendiqué lundi l'attaque de drones ayant touché Moscou durant la nuit, illustrant la vulnérabilité de la capitale russe, tandis que de nouvelles frappes ont touché la Crimée et la région ukrainienne d'Odessa.
Publié: 24.07.2023 à 19:35 heures
Les employés municipaux nettoient les dégâts occasionnés à Moscou par une attaque aux drones revendiquée par l'Ukraine.
Photo: YURI KOCHETKOV

L'attaque contre Moscou était «une opération spéciale du GUR», le renseignement militaire, a indiqué à l'AFP une source au sein de la Défense ukrainienne ayant requis l'anonymat. Cette rare revendication de Kiev, qui d'habitude dément ou ne commente pas, intervient alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait promis des représailles aux frappes russes sur Odessa, menées ce week-end, qui ont fait deux morts et ravagé une cathédrale.

La Russie envisage de «sévères représailles» après ces attaques sur Moscou et la Crimée, a de son côté déclaré la diplomatie russe, accusant les Occidentaux d'être «derrière les actes effrontés» de Kiev. La région de Moscou n'avait pas été la cible de drones depuis près de trois semaines. L'armée russe, qui a dénoncé un «acte terroriste», a affirmé que deux drones ukrainiens avaient été neutralisés et s'étaient écrasés sans faire de victimes.

Un des drones est tombé sur un axe important de la capitale russe, Komsomolsky Prospekt, près du ministère russe de la Défense. Des journalistes de l'AFP y ont vu un bâtiment au toit endommagé, plusieurs véhicules des forces de l'ordre et camions de pompiers, ainsi qu'une ambulance.

«Il était 03h39. La maison a vraiment tremblé», raconte à l'AFP Vladimir, un habitant de 70 ans. «C'est scandaleux qu'un drone ukrainien puisse presque voler jusqu'au ministère de la Défense», s'emporte-t-il. Un autre drone a frappé le centre d'affaires de la rue Likhatcheva, dans le sud de Moscou, où une photographe de l'AFP a vu des vitres brisées au sommet d'un bâtiment, près d'un magasin du groupe français Leroy Merlin.

Moscou et sa région, situées à plus de 500 km de la frontière ukrainienne, ont déjà été visées par des attaques de drones, dont une qui a touché le Kremlin en mai. Le 4 juillet, cinq drones avaient été abattus au-dessus de la région moscovite, selon Moscou, une attaque qui avait perturbé le fonctionnement de Vnoukovo, l'un des trois aéroports internationaux de la capitale. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué lundi que des «mesures» étaient prises pour défendre Moscou et que «tous les drones» avaient été abattus.

Echo aux frappes sur la Crimée

Cette attaque sur Moscou fait écho à celles qui touchent depuis une semaine la Crimée annexée et le sud de l'Ukraine, où les tensions se sont encore accentuées après l'abandon par la Russie d'un accord clé pour l'exportation des céréales ukrainiennes via la mer Noire.

En Crimée, un dépôt de munitions a été touché lors d'une nouvelle frappe ukrainienne de drones, dans le district de Djankoï, dans le nord de la péninsule annexée, a rapporté lundi le gouverneur russe, Sergueï Asksionov.

Selon l'armée russe, 14 drones ukrainiens lancés sur la Crimée ont été neutralisés avec des systèmes de brouillage et trois autres abattus par la défense antiaérienne. Une nouvelle attaque russe de drones, de «près de quatre heures», a également ciblé une infrastructure portuaire ukrainienne sur le Danube dans la région d'Odessa et détruit un hangar à grains, a indiqué lundi l'armée ukrainienne.

«Je condamne fermement les récentes attaques russes contre les infrastructures civiles ukrainiennes sur le Danube, tout près de la Roumanie», membre de l'Otan, a réagi sur Twitter le président roumain, Klaus Iohannis.

Zelensky avait promis des «représailles»

Volodymyr Zelensky avait promis dimanche des «représailles» aux tirs de missiles russes sur Odessa, dont le centre historique a été inscrit en début d'année par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité.

Régulièrement touchée par des frappes russes, cette cité portuaire a subi une nouvelle attaque nocturne, dans la nuit de samedi à dimanche, dans laquelle deux personnes ont péri et 22 autres ont été blessées, dont au moins quatre enfants. La cathédrale de la Transfiguration, fondée il y a plus de 200 ans, détruite par les Soviétiques en 1936, puis reconstruite au début des années 2000, a été très endommagée par ces frappes.

Le Kremlin a démenti lundi avoir visé la cathédrale, assurant qu'elle avait été touchée par des tirs «anti-missiles» ukrainiens. La diplomatie française a, elle, accusé Moscou d'y avoir ciblé «délibérément» des infrastructures civiles.

Un journaliste vidéo de l'AFP a été blessé lundi par une attaque de drone alors qu'il effectuait un reportage sur une position d'artillerie ukrainienne près de Bakhmout, dans l'est de l'Ukraine, ont indiqué des reporters de l'AFP qui ont été témoins de l'explosion.

Dylan Collins, un Américain de 35 ans basé au Liban et qui se trouvait en mission en Ukraine, a reçu de multiples blessures causées par des éclats lors de cette attaque survenue dans une zone boisée près de Bakhmout.

(ATS)

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