Des anciens soldats dénoncent
Les familles des Nord-Coréens capturés en Russie «seront exécutées»

Envoyés en Ukraine par milliers, les soldats nord-coréens sont livrés à une guerre qu’ils ne comprennent pas. Mal formés, coupés du monde et menacés de représailles contre leur famille, beaucoup préfèrent se suicider plutôt que d’être capturés.
Publié: 05.03.2025 à 13:20 heures
1/2
Volodymyr Zelensky avait annoncé en janvier dernier avoir capturé deux soldats nord-coréens.
SOLENE_FACE (1).png
Solène MonneyJournaliste Blick

«La plupart des soldats préfèrent se suicider plutôt que d’être tués par l’ennemi.» Cette déclaration sans appel vient de Ryu Seong-hyeon, ancien sergent de l’armée nord-coréenne. Dans un entretien à ABC News mardi 4 mars, il explique que pour ces soldats, la honte d’être capturés par l’armée ukrainienne n’est rien comparée à la peur d’une vengeance bien plus atroce: l’exécution de leur famille.

Une menace confirmée par Pak Yusung, un autre transfuge du régime de Kim Jong Un. «Si un soldat est capturé et livre des informations à l’ennemi, sa famille sera punie. Elle sera envoyée dans un camp de prisonniers politiques ou, pire encore, exécutée publiquement.»

Peu de soldats capturés

D’après les estimations américaines, plus de 12’000 soldats nord-coréens ont été envoyés en Russie pour combattre l'armée ukrainienne. Jusqu’ici, 300 d’entre eux auraient été tués et 2’700 blessés, mais très peu sont faits prisonniers.

En janvier, Volodymyr Zelensky a annoncé une première: deux soldats nord-coréens ont été capturés vivants. Interrogé, l'un d’eux a exprimé son souhait de rester en Ukraine. Quand on lui a demandé s’il savait qu'il allait être envoyé dans une zone de guerre, il a secoué la tête, signifiant qu’il l’ignorait. Selon les renseignements sud-coréens, ces deux prisonniers appartiendraient au Bureau général de reconnaissance, l’une des principales agences de renseignement militaire de Pyongyang.

Mourir «comme un chien»

Ryu Seong-hyeon sait de quoi il parle. Il a fui l’armée nord-coréenne en 2019, traversant un champ de mines dans la zone démilitarisée entre les deux Corées. À l’époque, il pesait à peine 50 kilos. Il confie que s'il avait été en Corée du Nord au début du conflit en Ukraine, il aurait probablement rejoint le front. Non pas par conviction, mais pour «manger à sa faim et voir un autre pays».

Il évoque aussi les promesses financières faites aux soldats, sans qu’ils aient conscience des risques mortels. Et pour cause: leur formation est (très) rudimentaire. «Avant leur départ, ils n’ont aucune expérience du combat contre des drones ou face aux Ukrainiens. Ils meurent comme des chiens.»

Pire encore, il doute même que la plupart aient déjà vu un drone avant d’être envoyés sur le terrain. Le manque de préparation est aggravé par un énorme problème de communication: les soldats nord-coréens ne parlent ni russe, ni anglais. Des soldats sacrifiés dans une guerre dont ils ignorent tout. Beaucoup découvrent la réalité du front seulement une fois plongés en plein chaos, souvent trop tard pour en échapper.

Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la