Conditions d'hygiène déplorables
Les médecins sont inquiets face aux premiers cas de choléra à Marioupol

Les premiers cas de choléra ont été signalés dans la ville dévastée de Marioupol. Des médecins suisses mettent en garde contre une propagation et contre d'autres maladies qui menacent les populations touchées par la guerre.
Publié: 11.06.2022 à 19:55 heures
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Dernière mise à jour: 11.06.2022 à 20:07 heures
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Marioupol est pratiquement détruite.
Photo: AFP
Guido Felder

Pas de répit pour les villes bombardées de Marioupol et de Kherson. Des épidémies de maladies dangereuses menacent désormais de se déclarer dans les régions ukrainiennes occupées par les Russes. Selon les informations du ministère britannique des Transports, qui se réfère lui-même aux services des renseignements, des premiers cas de choléra ont déjà été signalés sur place.

Le choléra est une infection bactérienne qui peut entraîner de graves diarrhées et une déshydratation. La maladie peut être mortelle. Elle est généralement transmise par l’eau ou des aliments contaminés.

L’Ukraine a connu une grave épidémie de choléra en 1995 et, depuis, des épidémies de moindre ampleur, notamment dans la région de Marioupol, sur les bords de la mer d'Azov. Les Britanniques mettent en garde: «Le système de soins médicaux à Marioupol est probablement déjà sur le point de s’effondrer. Une épidémie de choléra majeure à Marioupol ne fera qu’aggraver la situation.»

Commander de l’eau et attendre deux jours

La Russie procure certes des services de base à la population des territoires occupés. Mais «L’accès à l’eau potable est incertain, de même que les services téléphoniques et Internet restent fortement perturbés», a fait savoir le ministère de la Défense.

Selon Petro Andriuschenko, conseiller du maire ukrainien déchu, le gouvernement actuel mis en place par la Russie a imposé une quarantaine dans la ville. Pour obtenir de l’eau, les habitants doivent passer une commande – avec des délais d’attente pouvant aller jusqu’à deux jours.

Fin avril déjà, les autorités ukrainiennes avaient averti que «des épidémies mortelles pourraient se déclarer dans la ville en raison du manque d’approvisionnement en eau, de l’état des canalisations, de la décomposition de milliers de corps sous les décombres et du manque catastrophique de nourriture.»

Transmission du choléra par les réfugiés?

La situation est suivie de près en Suisse. Car le choléra peut aussi se propager. Peter M. Keller, responsable adjoint à l’Institut des maladies infectieuses de l’université de Berne, répond à Blick: «L’agent pathogène du choléra peut être transporté lors de voyages par des personnes atteintes de diarrhée symptomatique ou par des personnes qui ont récemment contracté la maladie. Cela a également fait l’objet d’études scientifiques après le grave tremblement de terre en Haïti.»

Jan Fehr, chef du département Public & Global Health et médecin à l’université de Zurich, souligne qu’il est peu probable qu’il y ait une propagation à grande échelle via les réfugiés en dehors de la zone de crise. «Il faut néanmoins être vigilant ici, et notre personnel de santé fait bien d’être attentif lorsqu’une personne venant des régions en crise présente des symptômes. Chez les patients atteints du choléra, le danger réside surtout dans une déshydratation qui s’installe rapidement et contre laquelle il faut lutter.»

D’autres maladies menacent

Le choléra n’est pas la seule maladie à menacer la population ukrainienne déjà éprouvée par la guerre. Selon les deux médecins, le manque de possibilités de traitement et les lacunes en matière de vaccination favorisent également la propagation de maladies telles que la typhoïde, les amibes, l’hépatite A et C, la diphtérie, le Covid et le VIH.

La tuberculose, qui était déjà plus fréquente que chez nous dans la région avant la guerre, est également un objet de préoccupation. «Avec l’immunodéficience croissante des gens, la situation s’aggrave et il faut s’attendre à encore plus de cas de tuberculose» prévient Jan Fehr.

Les personnes prédisposées sont particulièrement touchées par la maladie. «Même les soins de santé les plus minimes ne sont plus guère garantis sur place», continue-t-il. Une situation compliquée qui s’aggrave de jour en jour. Un autre élément doit également être pris en compte selon le spécialiste: «Il va de soi que la santé psychique des patients est de plus en plus préoccupante.»

(Adaptation par Thibault Gilgen)

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