Climat très tendu
La France risque de continuer à s'embraser après la mort de l'ado tué par un policier

La nuit de mardi à mercredi, en région parisienne, notamment à Nanterre, la rue a été le théâtre de violences. La raison: Nahel, 17 ans, a été tué par la police après un refus d'obtempérer. L'émotion est intense à travers le pays.
Publié: 28.06.2023 à 20:47 heures
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Dernière mise à jour: 29.06.2023 à 08:50 heures
Un employé municipal nettoie la rue près d'une voiture incendiée mercredi à Nanterre.
Photo: MOHAMMED BADRA

Les autorités françaises ont appelé au calme mercredi après une nuit de violences en région parisienne, notamment à Nanterre, où Nahel, 17 ans, a été tué par la police après un refus d'obtempérer. Ce drame suscite une forte émotion à travers le pays.

Députés et membres du gouvernement ont observé en début d'après-midi une minute de silence dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, en hommage à l'adolescent.

Une vidéo contredit la version de la police

Dans un premier temps, des sources policières avaient affirmé qu'un policier avait tiré lorsqu'un véhicule avait foncé sur deux motards de police mardi, à Nanterre, dans le département des Hauts-de-Seine (à l'ouest de Paris).

Mais une vidéo sur les réseaux sociaux, authentifiée par l'AFP, a montré qu'un des deux policiers tenait le conducteur en joue et avait tiré à bout portant quand la voiture avait redémarré. On y entend «tu vas te prendre une balle dans la tête», sans que l'on puisse identifier l'auteur de cette phrase. Atteint au thorax, Nahel M. est décédé peu de temps après.

«Les images choquantes (...) montrent une intervention qui n'est manifestement pas conforme aux règles d'engagement de nos forces de l'ordre», a estimé la Première ministre Elisabeth Borne tandis que le président Macron a dénoncé un acte «inexplicable» et «inexcusable».

Policiers mobilisés

Les principaux syndicats de police ont fustigé les déclarations de l'exécutif, mettant l'accent sur la «présomption d'innocence». Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a, lui, annoncé la mobilisation dans la soirée de 2000 membres des forces de l'ordre à Paris et en proche banlieue, 800 de plus que la nuit précédente.

A Nanterre, où les heurts ont été les plus violents, «plusieurs bâtiments publics et privés, parmi lesquels des écoles, ont subi d'importantes et inacceptables dégradations parfois irrémédiables», a déploré la mairie, appelant à arrêter «cette spirale destructrice».

Devant le centre de santé municipal, Juliette (qui a requis l'anonymat), 55 ans, raconte qu'elle n'a «pas dormi» à cause des heurts près de chez elle et dit ressentir «tristesse, colère et incompréhension». Nahel «n'était pas un délinquant», dit-elle, précisant l'avoir croisé à de multiples reprises dans un centre de loisirs de quartier.

«La confiance est rompue»

«La confiance est rompue entre les jeunes et les policiers, dans les deux sens», déplore Fatiha Abdouni, cofondatrice d'une association locale qui accompagne les mères. Les affrontements, qui ont commencé en fin d'après-midi, se sont terminés vers 03h30, s'étendant à plusieurs communes tout autour de Paris.

Quelques troubles et actes de vandalisme ont également été constatés en province, selon une source policière. Au total, 31 personnes ont été interpellées, 24 membres des forces de l'ordre blessés légèrement et une quarantaine de voitures brûlées, selon le ministère de l'Intérieur.

Marche blanche jeudi

La mère de Nahel a appelé à une marche blanche jeudi à 14h devant la préfecture des Hauts-de-Seine.

Cette affaire a relancé la controverse sur l'action des forces de l'ordre en France, où un nombre record de 13 décès a été enregistré en 2022 après des refus d'obtempérer lors de contrôles routiers.

«J'ai mal à ma France. Une situation inacceptable», a notamment écrit le footballeur vedette du Paris-Saint-Germain (PSG) Kylian Mbappé, sur Twitter.

Un autre international français, le défenseur du FC Barcelone Jules Koundé, a déploré une situation «dramatique». «Qu'une justice digne de ce nom honore la mémoire de cet enfant», a aussi tweeté l'acteur Omar Sy.

Enquête pour homicide volontaire

Le policier soupçonné du tir mortel, âgé de 38 ans, est interrogé par l'Inspection générale de la police nationale dans le cadre d'une enquête ouverte pour homicide volontaire. Sa garde à vue a été prolongée, a-t-on appris mercredi auprès du parquet de Nanterre.

Le drame a également provoqué de nombreuses réactions de responsables politiques. «Assez! Ces meurtres engagent l'autorité de l'Etat! Cette police doit être entièrement refondée, ses meurtriers punis», a tweeté le chef de La France insoumise (gauche radicale) Jean-Luc Mélenchon.

Les représentants du Rassemblement National (extrême droite) Jordan Bardella et Sébastien Chenu ont invoqué une «tragédie» et demandé à respecter «le temps de l'enquête», ainsi que «la présomption d'innocence».

(ATS)

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