Les Américains ont vendu un peu plus de voitures au quatrième trimestre 2024, certes, mais le bénéfice et la marge ont chuté et cela contraste fortement avec l'action du constructeur de voitures électriques, dont la valeur avait doublé l'année dernière. C'est surtout après l'élection de Donald Trump que Tesla a massivement progressé en bourse. Les investisseurs espéraient que la proximité du PDG Elon Musk avec le nouveau président américain apporterait de gros avantages à Tesla.
Mais aujourd'hui, de sérieux doutes subsistent à ce sujet: «L'histoire de la croissance de Tesla est boiteuse», déclare l'expert automobile Ferdinand Dudenhöffer du CAR Center Automotive Research. En effet, sur l'ensemble de l'année, Tesla a vendu 1,79 million de véhicules. En 2023, ce chiffre était encore de 1,81 million.
Les propriétaires de Tesla prennent leurs distances
Les raisons de ce recul sont multiples. En 2024, plus de 60% des quelque 17 millions de voitures électriques ont été vendues en Chine, comme l'a rapporté CNN. Mais ce marché est très concurrentiel: les constructeurs chinois s'améliorent et de nombreuses personnes dans le pays préfèrent désormais les voitures produites au niveau local.
En Europe, en revanche, les déclarations politiques d'Elon Musk, ouvertement en faveur de l'extrême droite la plus décomplexée, ont causé de graves dommages à Tesla. Certes, la Tesla Model Y était encore clairement la voiture la plus vendue en Suisse en 2024, mais de plus en plus d'acheteurs potentiels se détournent du constructeur américain.
Certains propriétaires de Tesla se distancient déjà de Musk, qui a investi l'année dernière plus de 200 millions de dollars dans la campagne électorale de Trump. En Allemagne, le multimilliardaire s'est fait des ennemis supplémentaires en soutenant l'AfD pendant sa campagne électorale et en interviewant sa principale leader, Alice Weidel.
Tout miser sur la conduite autonome
Que signifie tout cela pour l'avenir de Tesla? Elon Musk place plus que jamais ses espoirs dans la conduite autonome. Les premiers robotaxis de Tesla devraient en effet être mis en service cette année, a promis mercredi le PDG avec beaucoup d'enthousiasme: «Grâce à la conduite automatique, Tesla vivra une année 2026 épique!» Pourtant, Musk a déjà fait cette même promesse les années précédentes, sans la tenir.
Ferdinand Dudenhöffer s'attend à ce que les problèmes de Tesla se poursuivent: «En 2025, les nombreuses déclarations d'Elon Musk continueront de freiner les ventes.» Le risque que la clientèle se détourne de la marque se renforce presque quotidiennement sur des marchés importants, comme en Allemagne. Et ce, à une époque où les ventes de voitures électriques en Europe sont déjà faibles.
En Chine, la guerre des prix devrait se poursuivre, car le pays est déjà bien avancé dans le domaine de la conduite autonome. Du côté des Etats-Unis, Trump pourrait certes être utile en réduisant les impôts pour les entreprises, mais dans le même temps, le président veut mettre fin à toutes les subventions pour l'achat de voitures électriques, ce qui ne devrait pas faire les affaires de son nouvel ami.