Des personnes qui bloquent le tarmac, des coups de feu qui retentissent, des fugitifs qui s’accrochent désespérément aux trains d’atterrissage des avions en plein décollage, pour finir par en tomber en vol… Ce sont les scènes d’horreur et de panique qui se sont déroulées dans l’aéroport de Kaboul après la prise de la capitale par les talibans.
Beaucoup de gens ont essayé de monter sur l’un des derniers avions qui décollaient. Lundi, l’US Air Force a évacué 640 personnes dans un avion-cargo. De nombreuses personnes ont été laissées pour compte, dans l’espoir d’une dernière chance de quitter le pays.
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Des pillards dévalisent des kiosques
Certaines personnes n’ont pas été autorisées à monter à bord des avions alors qu’elles avaient un billet. «J’avais un billet pour un vol à destination d’Istanbul le dimanche soir à huit heures moins dix», raconte un jeune entrepreneur au magazine allemand «Der Spiegel». Lorsqu’il s’est présenté à l’enregistrement, on lui a dit que sa place avait déjà été prise par un employé de l’administration. Ce haut fonctionnaire aurait payé 1000 dollars et plus pour pouvoir prendre sa place. D'autres cas similaires ont été signalés.
Lundi soir, les scènes de chaos ont continué. «Les agents de sécurité et le personnel des guichets ont soudainement disparu. Puis tout le monde s’est rué sur le tarmac», raconte l’homme d’affaires. Soudain, dit-il, des pillards sont apparus, lui demandant où étaient les kiosques. «Ils ont tout volé, des boissons gazeuses aux ordinateurs d’enregistrement en passant par les exemplaires du Saint Coran», relate-t-il. Il dit avoir informé des connaissances qu’il avait dans l’administration, qui ont à leur tour contacté les talibans. «Après une heure, les talibans étaient là et ont mis fin au pillage».
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De fausses informations aux conséquences mortelles
La situation a fortement empiré par la suite. Les images satellites montrent des milliers de personnes envahissant le tarmac. À plusieurs reprises, le trafic aérien a dû être interrompu parce que des fugitifs bloquaient la piste de décollage. Les talibans attendent devant le bâtiment de l’aéroport: «Ils tiraient en l’air avec des kalachnikovs et frappaient les gens avec des câbles pour les repousser» raconte un témoin sur place au magazine allemand.
Des rumeurs se mettent ensuite à circuler sur une potentielle évacuation de personnes sans visa prise en charge par les États-Unis et le Canada. Ces bruits de foule auront des conséquences mortelles. Les gens commencent alors à se ruer vers la partie militaire de l’aéroport. Des soldats américains lourdement armés y bouclent le périmètre et font face aux talibans.
Soudain, des coups de feu retentissent. «Deux talibans gisaient morts sur la place», déclare un témoin oculaire à l’agence de presse Reuters. Un autre homme était allongé à côté de lui, gravement blessé. Personne n’a pu l’aider.
Les médecins de l’hôpital voisin ont eu du mal à suivre le rythme à partir de lundi. Près de 56 personnes blessées par balle ont dû être soignées. Dans la soirée, le matériel chirurgical faisait défaut, a rapporté un médecin senior à «Der Spiegel». Il n’y avait rien de plus à faire que de bander les blessures par balle.
Douze personnes, dont six enfants, ont ainsi trouvé la mort dans ces incidents.