Des proches de pèlerins portés disparus pendant le hadj en Arabie saoudite ont fouillé les hôpitaux mercredi. Ils redoutaient le pire après la mort de plus de 1000 fidèles lors de ce grand pèlerinage musulman annuel, la plupart en raison de la canicule. La majorité des pèlerins tués lors du hadj qui s'est déroulé la semaine dernière à La Mecque, la ville la plus sainte de l'Islam dans l'ouest de l'Arabie saoudite, sont de nationalité égyptienne.
Un diplomate d'un pays arabe a affirmé jeudi à l'AFP que 58 morts supplémentaires avaient été recensés parmi les pèlerins égyptiens, portant à 658 le nombre d'Egyptiens décédés durant le hajj.
Selon lui, 630 d'entre eux étaient dépourvus d'autorisation officielle pour le pèlerinage, auquel ont participé cette année environ 1,8 million de personnes.
Au total, 1081 décès ont été signalés par une dizaine de pays, officiellement ou via des diplomates impliqués dans les recherches des victimes.
Manque d'informations
Mabrouka bint Salem Shoushana, de Tunisie, une septuagénaire, est portée disparue depuis le temps fort du pèlerinage samedi au mont Arafat, a dit à l'AFP son mari, Mohammed. Parce qu'elle n'était pas enregistrée et n'avait pas de permis officiel pour le hadj, elle n'a pas pu accéder aux installations climatisées qui permettent aux pèlerins de se rafraîchir après des heures de prières en plein air, a-t-il expliqué.
«Elle avait tellement chaud et elle n'avait aucun endroit où dormir. Je l'ai cherché dans tous les hôpitaux. Et jusqu'à présent, je ne sais rien sur elle.» Il est loin d'être le seul à avoir désespérément besoin d'informations. Facebook et d'autres réseaux sociaux ont été inondés de photos de personnes disparues et de demandes d'informations.
Ghada Mahmoud Dawoud, une Egyptienne est portée disparue depuis samedi. «J'ai reçu un appel de sa fille en Egypte me demandant de publier sur Facebook un message qui pourrait aider à la retrouver», a déclaré un ami de la famille basé en Arabie saoudite, qui a requis l'anonymat. «Nous ne l'avons pas trouvée sur la liste des personnes décédées, ce qui nous donne l'espoir qu'elle est encore en vie.»
La canicule depuis plusieurs années
Le hajj est l'un des cinq piliers de l'islam et tout musulman, qui en a les moyens, doit le faire au moins une fois dans sa vie. Les dates du hajj sont déterminées selon le calendrier musulman, basé sur les cycles lunaires, et les rituels se sont déroulés ces dernières années sous des températures caniculaires.
Ce pèlerinage subit de plus en plus les effets du changement climatique, a averti une étude saoudienne publiée en mai selon laquelle les températures sur les sites où se déroulent les rituels augmentent de 0,4 degré Celsius tous les dix ans. Chaque année, des dizaines de milliers de pèlerins tentent d'accomplir le hajj par des voies irrégulières, car ils ne peuvent pas se permettre les permis officiels, souvent coûteux.
Des victimes de plusieurs nationalités
Outre les morts égyptiens, 60 décès de Jordaniens ont été annoncés par des diplomates arabes. Des décès ont également été confirmés en Indonésie, en Iran, au Sénégal, en Tunisie et au Kurdistan irakien. Un diplomate asiatique a fait état de «68 décès» parmi les pèlerins indiens.
Les diplomates ont indiqué la veille que 550 corps avaient été transportés à la morgue d'Al-Muaisem, l'une des plus importantes de La Mecque. Les autorités saoudiennes avaient affirmé dimanche avoir traité plus de 2000 pèlerins souffrant de stress thermique, sans fournir d'informations sur des décès.
Houria Sharif, une Egyptienne de 70 ans, est portée disparue depuis qu'elle a prié samedi sur le mont Arafat. «Nous avons tapé sur plein de portes mais nous ne l'avons pas trouvée jusqu'à présent», a déclaré une amie.