«C'est un futé»
Derrière leur amitié de façade, Macron et Trump ne sont d'accord sur rien

Blagues, poignées de main, compliments et petits gestes: Donald Trump et Emmanuel Macron ont reformé lundi à Washington le duo diplomatique qui avait marqué le premier mandat du républicain. Cette fois pourtant, les divergences entre les deux hommes sont plus profondes.
Publié: 05:31 heures
Donald Trump et Emmanuel Macron ont reformé lundi à Washington le duo diplomatique qui avait marqué le premier mandat du républicain.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Blagues, énergiques poignées de main, petits compliments et gestes d'affection: Donald Trump et Emmanuel Macron ont rejoué lundi à Washington un duo de camaraderie diplomatique déjà rodé pendant le premier mandat du républicain. Dans le Bureau ovale, le milliardaire, ancien animateur de téléréalité, raconte comment, après un dîner à la Tour Eiffel avec leurs épouses respectives, le président français avait entrepris de répondre, en français, aux journalistes.

«Il n'y avait pas d'interprète, et il parlait, il parlait, et moi je hochais seulement la tête», dit Donald Trump. «Le lendemain, j'ai lu les journaux et j'ai réalisé 'Ce n'est pas ce que nous avons dit'. C'est un futé, je vous le dis», lance le président américain, en s'emparant de l'avant-bras de son homologue, assis à ses côtés, sous les rires de l'assistance.

Emmanuel Macron a lui parlé d'un accueil «très amical, comme toujours» du républicain, qui n'a de cesse depuis son retour au pouvoir de critiquer les Européens pour leurs dépenses militaires jugées insuffisantes, et leurs taxes jugées déloyales. A l'arrivée du président français, les deux hommes ont échangé l'une de ces poignées de main très vigoureuses qui font régulièrement la joie des photographes lors de leurs rencontres.

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Immenses divergences sur l'Ukraine

Venu à Washington pour essayer d'aplanir les immenses divergences avec Donald Trump sur l'Ukraine en particulier, et sur la relation transatlantique en général, Emmanuel Macron reprend pourtant publiquement son hôte lorsque ce dernier relativise, face à lui, la participation européenne dans l'aide apportée à l'Ukraine.

«Non, en fait, pour être franc, nous avons payé, nous avons payé 60% de l'effort total», intervient le président français, en posant à son tour la main sur l'avant-bras de Donald Trump. «Les Etats-Unis et la France sont toujours du bon côté, voilà ce qui est en jeu aujourd'hui», dit aussi le président français, alors que Donald Trump est allé jusqu'à rendre l'Ukraine responsable de l'invasion russe, et a engagé un rapprochement spectaculaire avec Moscou.

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Les Etats-Unis ont même voté avec la Russie lundi pour rejeter une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU réaffirmant le soutien à l'intégrité territoriale de l'Ukraine. «La force du réengagement américain, c'est l'incertitude pour le président Poutine», ajoute Emmanuel Macron, qui a bien compris que Donald Trump conçoit les relations diplomatiques comme une négociation d'affaires, à mener tambour battant et avec brutalité si besoin.

«Toujours un bonheur» d'échanger avec Trump

«Je fais des deals. Toute ma vie c'est faire des deals. Je ne connais que ça, faire des deals», assume d'ailleurs l'ancien promoteur immobilier. Le président français va jusqu'à parler d'un «tournant» après cette réunion avec Donald Trump, même s'il repart sans promesse ferme de protection américaine pour les troupes que les Européens sont prêts à déployer en Ukraine, une fois la paix conclue.

Plus tard, pendant une conférence de presse conjointe, pendant laquelle les deux dirigeants se réfèrent l'un à l'autre par leur prénom, Donald Trump juge que son invité n'a pas obtenu une «reconnaissance suffisante» pour la reconstruction de Notre-Dame, tandis qu'Emmanuel Macron assure que cela a «toujours été un bonheur» d'échanger avec le républicain de 78 ans.

Une «bromance» aussi trompeuse que fragile

La relation entre eux, qui n'a jamais viré ouvertement à l'aigre comme celle du président américain avec d'autres dirigeants tels que le Canadien Justin Trudeau, a néanmoins connu des hauts et des bas pendant le premier mandat de Donald Trump. L'on a pu parler de «bromance» mais le chef d'Etat français avait aussi ouvertement critiqué l'approche diplomatique «L'Amérique d'abord» du dirigeant américain, appelant les Européens à s'unir pour y répondre.

Emmanuel Macron, invité à la Maison Blanche en 2018 pour un dîner d'Etat en grande pompe, avait offert un arbuste, qu'il avait ensuite planté en compagnie de Donald Trump dans la pelouse de la Maison Blanche. Mais l'arbre, prélevé dans une forêt où de nombreux soldats américains avaient péri pendant la Première guerre mondiale, n'avait pas survécu à la transplantation.

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