«Ce ne sont pas des personnes»
Cinq éléphants font appel à la Cour suprême du Colorado pour quitter leur zoo

Une organisation de défense des animaux a souhaité contester l'enfermement de 5 éléphants dans un zoo. La Cour suprême du Colorado a toutefois rejeté la demande, affirmant que les éléphants ne sont «pas des personnes».
Publié: 28.01.2025 à 21:07 heures
Malgré le respect qu'elle porte à ces «majestueux animaux», la Cour suprême du Colorado a estimé que les éléphants ne peuvent bénéficier des mêmes procédures judiciaires que les humains.
Photo: Shutterstock
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Ellen De MeesterJournaliste Blick

Ils ont beau être «majestueux», ce ne sont «pas des personnes», a tranché la Cour suprême du Colorado. Voici l'inflexible verdict, rendu après une minutieuse analyse d'un dossier hors du commun, notamment rapporté par «The Washington Post». 

Cinq éléphants séniors, prénommés Kimba, Lucky, Missy, LouLou et Jambo, demandaient effectivement de quitter le zoo de Cheyenne Mountain qui les héberge, via l'intermédiaire d'une organisation nommée The Nonhuman Rights Project. Dans l'espoir d'obtenir le transfert des mammifères vers un sanctuaire spécialisé, le groupe de défense des animaux avait invoqué, au nom des éléphants, la procédure légale «habeas corpus». 

Signifiant littéralement «ayant un corps», ce principe judiciaire appliqué aux États-Unis oblige les autorités à reconsidérer l'emprisonnement d'une personne détenue. En soi, il permet donc de protester contre la détention d'un individu, exigeant une seconde réflexion et un examen supplémentaire de son cas. 

Les éléphants sont-ils des personnes?

Face à cette requête extraordinaire, la Cour suprême s'est vue contrainte de répondre à une question bien précise: comme la loi décrivant la procédure de «habeas corpus» mentionne des «personnes prisonnières», ce texte peut-il également s'appliquer aux éléphants?

The Nonhuman Rights Projet estime que oui. Les juges, eux, ont voté «non» par une écrasante majorité de six voix contre zéro. Auprès du «Washington Post», Maria Berkenkotter, membre de la Cour suprême, a toutefois souligné le respect porté à ces «majestueux» animaux: «Mais comme les éléphants ne sont pas des personnes, ils ne peuvent demander un 'habeas corpus', aux yeux de la loi en vigueur dans l'État du Colorado», a-t-elle tempéré. 

Empathiques et conscients d'eux-mêmes

Avant de déposer sa requête, l'organisation de défense des animaux avait studieusement préparé le dossier, demandant l'approbation d'une dizaine d'experts, afin de confirmer que les éléphants possèdent de nombreuses capacités cognitives similaires à celles des humains, dont l'empathie, la conscience de soi et l'aptitude à apprendre ou communiquer. Le but? Prouver que ces mammifères peuvent être considérés comme des individus à part entière et qu'ils méritent donc les mêmes libertés fondamentales qui s'appliquent aux détenus humains. 

De son côté, le zoo de Cheyenne Mountain estime que le procès n'était autre que «frivole» et que sa victoire devant la Cour suprême ne compense absolument pas la quantité d'argent et d'énergie «gâchée» pour assurer sa défense. Ainsi que l'a déclaré un porte-parole de l'établissement dans un communiqué, l'organisation The Nonhuman Rights Project a déjà perdu des procès semblables après avoir tenté de poursuivre en justice «d'autres zoos renommés». 

Le groupe de défense des animaux poursuit ses efforts, sachant que d'autres affaires sont en cours: parmi celles-ci, «The Washington Post» cite notamment la libération de plusieurs chimpanzés vivant dans un zoo en bord de route, ainsi que deux éléphants se trouvant à Hawaï. Loin de baisser les bras, l'organisation espère qu'au fil du temps, davantage de juges oseront voter en sa faveur.

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