Mohammed ben Rached al-Maktoum va devoir délier sa bourse. Le dirigeant de 72 ans, chef du gouvernement des Emirats arabes unis, devra verser 251,5 millions de livres (environ 300 millions d'euros) à sa sixième épouse, la princesse Haya de Jordanie, 47 ans. Il devra en outre effectuer des paiements pour leurs enfants Al Jalila, 14 ans, et Zayed, 9 ans, représentant au total 290 millions de livres (plus de 340 millions d'euros) pour couvrir la pension alimentaire et les frais liés à leur sécurité, selon un jugement du Tribunal des affaires familiales publié mardi.
«Compte tenu de leur statut et des menaces générales de terrorisme et d'enlèvement auxquelles ils sont confrontés dans de telles circonstances, ils sont particulièrement vulnérables et ont besoin d'une sécurité renforcée pour assurer leur sûreté dans ce pays», a déclaré le juge Moor en rendant sa décision.
Les téléphones de son épouse et de ses avocats piratés
Le magistrat a ajouté que la principale menace à laquelle ils sont confrontés vient du souverain lui-même, «et non de sources extérieures».
La Haute Cour avait jugé en octobre que Mohammed ben Rached al-Maktoum avait autorisé le piratage du téléphone de son épouse la princesse Haya de Jordanie et de ceux de ses avocats britanniques.
Il n'avait pas été prouvé que le piratage était lié à la bataille juridique qui l'opposait au Royaume-Uni à sa femme pour obtenir le retour à Dubaï de leurs deux enfants, mais un volume «très important» de 265 mégaoctets de données avait été extrait du téléphone de la princesse Haya (soit 24 heures d'enregistrement vocal ou 500 photographies).
Harcèlement et intimidation
Le juge avait souligné que le souverain avait «harcelé et intimidé la mère avant son départ pour l'Angleterre et depuis» et qu'il était «prêt à tolérer que ceux qui agissent en son nom le fassent de manière illégale au Royaume-Uni».
En mars 2020, le Tribunal des affaires familiales avait déjà déterminé que le souverain avait «commandité et orchestré» l'enlèvement de deux filles qu'il a eues d'une autre épouse, la princesse Shamsha en 2000 à Cambridge, et sa soeur Latifa. Cette dernière, qui avait tenté en vain de fuir Dubaï en bateau en 2018, se disait un temps être retenue en otage par son père. En juin dernier, elle s'est déclarée «libre de voyager» via son cabinet d'avocats.
Train de vie des plus fastueux
Cavalière de niveau olympique, la princesse Haya, demi-soeur du roi Abdallah II de Jordanie, était devenue en 2004 la sixième épouse du souverain de Dubaï. Le jugement rendu mardi a mis en lumière un train de vie fastueux. Jusqu'à leur départ de l'émirat, Mohammed ben Rached al-Maktoum payait à son ex-femme et leurs enfants plus de 100 millions de livres par an (117 millions d'euros).
La princesse Haya, qui vit dans le quartier cossu de Kensington à Londres, et dispose d'une propriété en périphérie de la capitale, a soumis à la cour des justificatifs montrant des dépenses annuelles de 14 millions de livres, comprenant notamment l'achat de cinq voitures l'an dernier. Elles les a financées en vendant des bijoux ou des chevaux.
Selon le jugement, elle avait payé pendant son mariage plusieurs millions de livres pour soudoyer son service de sécurité et acheter son silence sur une aventure avec un agent de protection. La défense de son ex-mari lui a également reproché l'achat de trois voitures comme cadeaux pour son jeune fils, ce à quoi elle a répliqué qu'il était «habitué» à de telles largesses.
Une compensation au volume inédit
Les mesures de compensation financières accordées mardi sont les plus importantes jamais accordées dans le cadre du règlement d'un divorce devant la justice anglaise depuis le cas de l'ex-épouse du milliardaire russe Farkhad Akhmedov, Tatiana Akhmedova.
Fin 2016, la justice avait accordée à Mme Akhmedova 41% de la fortune de son ex-mari, représentant 453 millions de livres, soit 531 millions d'euros au cours actuel.
(ATS)