Buzz dans la presse américaine
Le chien d'un prof de l'UNIL prédit une victoire de Donald Trump

Joy, la chienne du professeur de l'Université de Lausanne (UNIL) John Antonakis, buzz dans le magazine américain «Newsweek» après avoir «prédit» une victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle. Un gag qui doit servir de prévention, glisse à Blick l'expert.
Publié: 06.11.2024 à 02:06 heures
|
Dernière mise à jour: 06.11.2024 à 09:51 heures
Joy a préféré la friandise se trouvant devant le portrait de Donald Trump.
Photo: John Antonakis
ANTOINE ZOOM (1).png
Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Joy, une petite chienne de six ans a priori pas très différentes de ses congénères, a-t-elle des dons d'oracle? Elle fait en tout cas le buzz dans le célèbre magazine américain «Newsweek» après avoir «prédit» une victoire de Donald Trump dans la course à l'élection présidentielle, le candidat républicain qui dénonce d'ores et déjà des fraudes électorales alors que le décompte des voix commence à peine à parler.

Et cette croisée Jack Russel-Corgi n'est pas n'importe qui! Elle appartient à John Antonakis, professeur ordinaire de comportement organisationnel à la Faculté des HEC de l'Université de Lausanne (UNIL), qui a lui-même développé un modèle de prédiction — basé notamment sur le charisme et des données économiques — donnant le milliardaire gagnant.

La chienne d'un chercheur de l'UNIL prédit une victoire de Donald Trump
0:06
Buzz dans la presse américaine:La chienne d'un chercheur de l'UNIL prédit une victoire de Donald Trump

Bien sûr, cette fois, la démarche n'a rien de scientifique et tient davantage de la blague. Concrètement, le chercheur a placé une croquette devant un portrait de Donald Trump et de son adversaire démocrate Kamala Harris. Avant de lancer à sa fidèle amie à quatre pattes: «Mange!»

Une blague très sérieuse

Le toutou — ou son estomac — a préféré la friandise se trouvant face au septuagénaire à la célèbre casquette rouge «Make America great again». «Cela signifie-t-il que Trump va gagner? Peut-être. Mais nous ne pouvons pas le savoir», rigole John Antonakis, dans son analyse également transmise à Blick.

Le professeur lausannois a tout de même voulu profiter de cette expérience cocasse pour amener un peu de profondeur. «Quelle est la probabilité que ma chienne fasse cela? Une sur deux, soit une probabilité de 0,50. Pour savoir si les animaux ou n'importe qui d'autre peuvent deviner (pour être clair, ils ne le peuvent pas), il faudrait les voir deviner de manière répétée, et ce, mieux que le hasard.»

Il développe son raisonnement: «Prenons un exemple concret. Obtenir cinq réponses correctes d'affilée par seul fait du hasard correspond à une probabilité de 0,03125, soit environ 3 sur 100. Ce résultat suggère que si l'on prend 100 animaux et qu'on leur demande de deviner cinq élections, approximativement trois d'entre eux obtiendront la bonne réponse.»

Se méfier des prédictions

La morale de cette histoire finalement très logique, selon l'universitaire? «Prenez un groupe d'animaux et vous en trouverez forcément un qui a d'incroyables talents de divination. Il en va de même pour les experts. Certains survivront à l'épreuve du temps. Allan Lichtman, le Nostradamus de l'élection, a-t-il d'incroyables talents? On pourrait le penser puisqu'il a deviné neuf résultats corrects sur dix.»

John Antonokis, professeur ordinaire de comportement organisationnel à la Faculté des HEC de l'Université de Lausanne (UNIL).
Photo: D.R.

Il tempère immédiatement: «Toutefois, si vous demandez à 500 experts de deviner les neuf derniers résultats de l'élection américaine, environ un y parviendra, par le seul effet du hasard. Nous devrions donc nous méfier de ce genre de pronostics.»

Pour John Antonakis, ce qui serait vraiment spectaculaire, c'est de réussir à estimer le résultat du collège électoral, soit l'ensemble des 538 grands électeurs. «À quel point se rapproche-t-on du résultat réel au fil du temps? Cette proximité est l'erreur d'estimation moyenne; un modèle dont l'erreur d'estimation est très faible (par exemple, une erreur d'environ 5% ou moins) serait très impressionnant», souffle-t-il encore.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la