Un chercheur réputé de l'UNIL analyse
«Après cet attentat, Donald Trump pourra surfer sur une aura d'invincibilité»

John Antonakis, professeur ordinaire de comportement organisationnel à l'UNIL, analyse pour Blick une photographie spectaculaire de Donald Trump, en sang, survivant à une tentative d'assassinat. Pour le chercheur, le républicain y «incarne les valeurs américaines».
Publié: 14.07.2024 à 11:33 heures
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Dernière mise à jour: 14.07.2024 à 12:01 heures
Le professeur à l'UNIL John Antonakis estime que Donald Trump est désormais le favori à l'élection présidentielle américaine de novembre.
Photo: Evan Vucci/AP/D.R.
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Après la stupeur, les calculs. Alors que Donald Trump vient à peine d’échapper à une tentative d’assassinat lors d’un discours en Pennsylvanie ce 13 juillet, des images spectaculaires de l’ancien président républicain, qui compte bien reprendre les clés de la Maison-Blanche des mains tremblotantes du démocrate Joe Biden en novembre, appuient encore un peu plus sa légende. Une en particulier, sur laquelle on voit le septuagénaire le poing dressé et l’oreille sanguinolente sous le drapeau des États-Unis.

Aucun propagandiste, aussi doué soit-il, n’aurait pu imaginer meilleur document. «Je pense que cette photo va devenir iconique», assure à Blick ce dimanche matin John Antonakis, professeur ordinaire de comportement organisationnel à la Faculté des HEC de l’Université de Lausanne (UNIL).

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Le chercheur développe au bout du fil: «Elle me rappelle 'L’élévation du drapeau à Iwo Jima', où l’on voit des Marines américains hisser le Stars and Stripes sur le mont Suribachi au Japon, en 1945, lors de la Seconde Guerre mondiale.» Selon lui, la force symbolique de ce nouveau cliché est tout aussi gigantesque. «C’est la démonstration de la puissance, lance-t-il. Malgré sa blessure, Donald Trump pense à lever son poing, signe de révolte, et on lit sur ses lèvres le mot 'fight' (ndlr: combat). Le drapeau, au-dessus de lui, vient ajouter un élément de pouvoir. Ainsi, il incarne les valeurs américaines.»

Élévation du drapeau sur Iwo Jima, le 23 février 1945.
Photo: Joe Rosenthal

Toujours d’après John Antonakis, le milliardaire controversé va assurément bénéficier de cette photographie et plus généralement de cette tentative d’assassinat raté. Comme en son temps Ronald Reagan, ciblé par un attentat le 30 mars 1981, devenu plus populaire que jamais dès sa sortie d’hôpital. «Maintenant, même des démocrates vont être sympathiques et s’identifier à Donald Trump, prophétise-t-il. Il faut bien comprendre que ce n’était pas seulement une attaque contre l’homme, mais contre la démocratie. Si le tireur avait réussi son coup, il aurait empêché le droit des millions de votants pro-Trump.»

«Trump est le grand favori»

Un épisode qui va probablement encore accentuer le contraste avec son adversaire Joe Biden. «Donald Trump a 78 ans, seulement trois ans de moins que le président sortant, souffle l’universitaire. Mais il a l’air en bien meilleure forme que Joe Biden, qui multiplie les gaffes et les craintes quant à son état de santé.»

John Antonakis, professeur ordinaire de comportement organisationnel à la Faculté des HEC de l’Université de Lausanne (UNIL).
Photo: D.R.

Il enchaîne: «Depuis cette nuit, Trump pourra même surfer sur une aura d’invincibilité en assenant: 'ils ont essayé de me tuer, mais ils n’ont pas réussi. Même si j’ai pris une balle, je peux continuer.'»

Le spécialiste, qui a mis au point un modèle — basé sur des données économiques et sur le charisme des candidats — pour prédire les résultats de l’élection présidentielle, pense que, sauf immense surprise, la messe est dite. «Donald Trump n’est pas charismatique comme l’était Barack Obama ou Ronald Reagan. C’est un populiste, non-conventionnel, qui profère souvent des âneries. Mais Joe Biden, visiblement vieux, n’est pas charismatique non plus. Il y a donc égalité sur ce point. À voir dans quelques semaines les indicateurs économiques qui, s’ils sont bons, pourraient faire espérer Joe Biden. Je pense toutefois que Donald Trump est beaucoup plus discipliné qu’avant, qu’il sait respecter le décorum et cela compte. À mes yeux, il est désormais le grand favori.»

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