Bras de fer sur les expulsions
Pour la Maison Blanche, les juges qui s'opposent à Trump sont des usurpateurs

Le bras de fer s'intensifie entre l'administration Trump et les juges fédéraux au sujet des expulsions de migrants. La porte-parole de la Maison Blanche y est allée de sa pique mercredi en accusant les juges d'«usurper» l'autorité du président américain.
Publié: 20.03.2025 à 06:22 heures
Selon Karoline Leavitt, les juges qui s'opposent à Trump "sapent [...] la volonté du peuple américain".
Photo: WILL OLIVER
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ATS Agence télégraphique suisse

La Maison-Blanche a accusé mercredi les juges qui s'opposent aux décisions du président américain Donald Trump d'«usurper» son autorité. La campagne de l'exécutif américain contre le pouvoir judiciaire a suscité mardi une rarissime mise au point de la cour suprême.

«Non seulement ils usurpent la volonté du président et chef de l'exécutif de notre pays, mais ils sapent aussi la volonté du peuple américain», a lancé Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison-Blanche. Sa déclaration est survenue au lendemain de l'appel inédit du président américain à destituer un juge qui avait suspendu une opération d'expulsion de migrants vers le Salvador.

«Un juge militant»

«Il est très clair que c'est un juge militant qui essaie d'usurper l'autorité du président», a aussi déclaré Karoline Leavitt à propos de ce même juge fédéral de Washington, James Boasberg. «La destitution n'est pas une réponse appropriée à un désaccord à propos d'une décision de justice», a rappelé mardi dans un communiqué John Roberts, le président de la plus haute juridiction américaine.

Le juge Boasberg a exigé du gouvernement américain des informations supplémentaires pour déterminer si la suspension des expulsions qu'il a ordonnée le 15 mars avait bien été immédiatement respectée, plusieurs vols s'étant posés après. L'exécutif assure avoir obtempéré à partir du moment où le juge a rendu sa décision écrite.

Bras de fer sur les expulsions

Dans des documents écrits mercredi, le gouvernement Trump rappelle qu'il a fait appel dans ce dossier et demande au juge de renoncer aux clarifications qu'il a réclamées en attendant que la cour d'appel ait statué, «probablement d'ici à la fin de semaine». Elle l'accuse en outre de placer «le pouvoir judiciaire au-dessus du pouvoir exécutif». «Les deux pouvoirs sont sur un pied d'égalité», affirme-t-elle.

Mais le juge a maintenu ses exigences. Le recours pour une partie qui s'estime lésée par une décision de justice «est la procédure d'appel, pas la désobéissance», a-t-il répliqué mercredi, citant une jurisprudence de la cour suprême. Un certain nombre de décisions fracassantes du milliardaire républicain de 78 ans ont été bloquées ou suspendues par des juges, au nom du respect de la constitution, des lois et de l'équilibre des pouvoirs.

Les juges fédéraux sont nommés à vie par le président des Etats-Unis. Une procédure de destitution nécessite la mise en accusation du juge par la chambre des représentants puis un procès au Sénat. Pour aboutir, elle doit être votée par plus de deux tiers des 100 sénateurs, soit au moins 67.

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