Bilan de l'horreur de guerre
L'armée de Poutine sévit depuis un mois en Ukraine

Lorsque les troupes russes ont envahi l'Ukraine le 24 février, Vladimir Poutine s'attendait à une guerre rapide. Voilà tout juste un peu plus d'un mois qu'elle dure. Blick dresse un triste état des lieux du conflit.
Publié: 25.03.2022 à 18:10 heures
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Le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, est en guerre contre l'Ukraine depuis un mois.
Photo: AFP
Guido Felder

Il y a un mois, la décision du président russe Vladimir Poutine d’envahir l’Ukraine avait laissé le monde stupéfait. L’entrée des troupes du Kremlin dans le pays a provoqué un bain de sang, et la fin de la guerre semble à ce stade impossible à prédire. Blick fait le point sur ces quatre semaines de conflit.

Un nombre de victimes inégal

Numériquement, ce sont les Russes qui ont le plus de victimes à déplorer. D’après l’OTAN, les Ukrainiens auraient déjà mis hors de combat (soit tué ou blessé) près de 40’000 soldats russes sur un total de 150’000. Certaines sources parlent de 7000 à 15’000 morts russes. Les morgues et les hôpitaux de Biélorussie, où sont transportés les Russes morts ou blessés, sont débordés.

Du côté ukrainien, 2000 soldats et 3000 civils seraient morts.

Des milliards de dégâts matériels

Freinée dans son avancée, l’armée russe a largement bombardé les logements de certaines villes ukrainiennes. Plusieurs d’entre elles sont partiellement détruites, y compris la capitale, Kiev. À Marioupol, au sud du pays, plus de 80% des infrastructures auraient été endommagées ou détruites.

Il y a une semaine, les premiers calculs faisaient état de dommages d’une valeur de 119 milliards de dollars. Les dommages sur l’économie représenteraient 565 milliards de dollars.

Des millions de réfugiés

Près d’un quart de la population ukrainienne, soit dix millions de personnes, aurait quitté leur pays. Près de quatre millions d’entre eux se sont réfugiés à l’étranger, la plupart en Pologne. Jusqu’à maintenant, 12’000 sont arrivés en Suisse. Le Conseil fédéral s’attend à accueillir jusqu’à 60’000 personnes au total d’ici l’été, d’autres estimations parlent de 300’000 réfugiés.

À titre de comparaison, 40’000 réfugiés sont arrivés en Suisse en 2015 et 90’000 pendant la guerre du Kosovo. Benno Zogg, 32 ans, expert en sécurité de l’EPFZ estime que: «La différence avec le passé, c’est que beaucoup plus de personnes prennent désormais la fuite en peu de temps.»

Une souffrance humaine immense

De nombreuses personnes restées dans leur pays doivent désormais vivre sans eau ni électricité. Les malades n’ont pas accès aux médicaments vitaux et la nourriture manque dans les bunkers. La situation est dramatique.

Olena Selenska, l’épouse du président Volodymyr Zelensky, a décrit la souffrance des civils sur Instagram: «Le pire, c’est de lire des histoires d’enfants victimes. Alisa, huit ans, morte dans la rue d’Ochtyrka, que son grand-père a tenté de protéger avec son corps. Ou Polina, de Kiev, qui est morte avec ses parents sous les tirs.»

Le fauteur de troubles

Il ne s’agit pas d’une guerre émanant de la population russe, mais d’une agression de la part du dirigeant russe Vladimir Poutine. Tant qu’il sera au pouvoir, il semble difficile d’entrevoir un cessez-le-feu.

Toutefois, de plus en plus de sources semblent indiquent qu’un risque de coup d’Etat au Kremlin augmente. Après l’invasion express de l’Ukraine ratée, le chaos et le mécontentement se seraient installés au sein des services secrets. Les sanctions continuent en outre de se multiplier, ce qui affecte et démoralise l’entourage proche de Poutine.

Les conséquences

L’expert de l’EPFZ Benno Zogg met en garde contre une crise alimentaire mondiale, car les céréales en provenance d’Ukraine pourraient manquer et celles en provenance de Russie pourraient être touchées par des sanctions financières. En Suisse, une entreprise sur deux ressentira des répercussions sur son activité, selon Economiesuisse. L’organisation faîtière de l’économie suisse s’attend également à des difficultés d’approvisionnement et à des prix élevés pour l’énergie, les matières premières et les produits transformés tant qu’une solution au conflit n’est pas en vue. Benno Zogg précise aussi qu'«une autre conséquence sera un ébranlement fondamental du système de compréhension de la sécurité en Europe.»

Dans cette flopée de conséquences négatives, un effet positif peut toutefois être relevé: les États-Unis et l’Europe semblent s’être rapprochés et font front commun contre l’agresseur.

L’impasse des négociations

Plusieurs séances de pourparlers n’ont pas abouti. Certes, Vladimir Poutine a déjà déclaré qu’il voyait «certains changements positifs». Mais le compromis qu’il vise ne peut guère satisfaire l’Ukraine puisqu’il veut continuer d’occuper au moins l’est et le sud du pays ainsi que la Crimée.

Même si un cessez-le-feu devait être décidé, la détente serait encore loin d’être au rendez-vous: le rétablissement de la confiance avec la Russie prendra des années. Enfin, des querelles concernant le financement de la reconstruction de l’Ukraine semblent inévitables.

(Adaptation par Louise Maksimovic)


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