On lui prédisait une claque, mais Joe Biden semble avoir limité la casse aux élections américaines de mi-mandat. Reste à voir dans quelle mesure cela suffira à lui donner un nouvel élan, jusqu'en 2024, voire au-delà.
Les républicains espéraient reprendre la majorité, mais c'est un échec. Une petite victoire est possible du côté de la Chambre des Représentants, ou ils semblent pouvoir reprendre de peu la majorité. Mais au Sénat, où l'enjeu est de taille, il n'y a aucune chance de reprendre le pouvoir.
Biden défie les sondages
Si les dernières tendances se confirment, les démocrates ne concèderaient aux républicains qu'une courte majorité à la Chambre des représentants (une quinzaine de sièges probablement). Mais le suspense persiste au Sénat. Ainsi, Joe Biden ferait mentir des sondages qui le donnaient, avec son parti, lourdement perdant.
Cependant, Joe Biden aborde une phase délicate des élections. Dans une Amérique où les divisions partisanes sont plus profondes que jamais, pourra-t-il, avec sa longue expérience de sénateur, et ses convictions profondément centristes, créer du consensus avec les républicains?
Le siège de Pennsylvanie va aux démocrates
Le démocrate John Fetterman a arraché aux républicains le siège le plus disputé de ce scrutin, le poste de sénateur de Pennsylvanie, face à un candidat adoubé par le milliardaire républicain, selon des projections des médias américains.
Cette première victoire du camp de Joe Biden, dans une soirée extrêmement tendue marquée par un laborieux dépouillement des suffrages, offrait aux démocrates l'espoir de conserver le contrôle du Sénat, chambre où les républicains avaient jusqu'ici un léger avantage dans les sondages.
Pas de raz de marée à la Chambre
Les sondages alimentaient aussi les spéculations autour de la possibilité que le raz de marée conservateur à la Chambre des représentants, promis par Donald Trump, soit en réalité bien plus limité que prévu.
«Il est clair que nous allons reprendre la Chambre des représentants», a affirmé le ténor républicain Kevin McCarthy dans la nuit de mardi à mercredi.
Mais le parti, à qui l'on prêtait jusqu'à peu une percée de 10, 25, voire 30 sièges, se voit obligé de revoir ses ambitions à la baisse. «Ce n'est certainement pas une vague républicaine, ça, c'est sûr», a estimé l'influent sénateur Lindsey Graham, un proche de Donald Trump, sur NBC.
Trump à corps perdu
L'ancien président s'était jeté à corps perdu dans la campagne pour les élections de mi-mandat, misant sur le succès de ses lieutenants pour se lancer sous les meilleurs auspices dans la course à la présidentielle 2024. Il a promis «une très grande annonce» le 15 novembre.
Aux premières heures mercredi, le milliardaire de 76 ans a de nouveau assuré que les républicains vivaient une «super soirée» électorale, accusant les démocrates et les médias de «fake news» de tout faire pour minimiser les succès de ses protégés.
DeSantis étoile montante conservatrice
En attendant de voir où basculait le Congrès américain, l'attention se portait aussi sur les élections aux postes de gouverneurs. Et en particulier sur la Floride, où le gouverneur sortant Ron DeSantis a été réélu de manière triomphale.
Étoile montante du camp conservateur, possible prétendant à la Maison Blanche en 2024, il s'est félicité dans un discours offensif d'avoir fait de cet Etat du sud, longtemps considéré comme penchant tantôt à gauche, tantôt à droite, une «terre promise» pour les républicains, où «l'idéologie woke va mourir».
«Je ne fais que commencer le combat», a promis le gouverneur âgé de 44 ans. De quoi titiller son potentiel rival à l'investiture et autre résident de Floride... l'ancien président Donald Trump.
Les démocrates sont toujours dans la course
Mais sur ce terrain aussi, le camp démocrate ne restait pas bredouille. Il a arraché aux conservateurs deux postes de gouverneurs aux républicains: dans le Maryland et le Massachusetts, où Maura Healey sera la première lesbienne à la tête d'un Etat. Joe Biden l'a d'ailleurs appelée immédiatement pour la féliciter.
Le parti du dirigeant démocrate de 79 ans s'est aussi épargné une grosse frayeur en conservant le contrôle de l'Etat de New York, où les républicains croyaient être en mesure de déloger la gouverneure Kathy Hochul.
Le camp de Joe Biden n'avait pas non plus dit son dernier mot dans l'Arizona, où le dénouement de la course entre la trumpiste Kari Lake donnée favorite, et la démocrate Katie Hobbs se faisait attendre.
Biden va-t-il se représenter?
Le président américain a jusqu'ici toujours dit avoir l'intention de se représenter. Il n'avait pas d'autre choix, sous peine de perdre immédiatement tout capital politique.
Mais la perspective n'enchante guère l'opinion publique, ni même les démocrates, bien conscients de l'âge du président, qui fêtera dans quelques jours son 80ème anniversaire. Impossible, pour l'heure, de savoir si Joe Biden fera avant son départ la lumière sur ses intentions pour 2024.
Donald Trump a, quant à lui, laissé entendre qu'il pourrait annoncer sa candidature le 15 novembre en Floride.
(ATS)