L'opération menée samedi par un avion de chasse F-22 a eu lieu «au-dessus de l'eau au large de la côte de Caroline du Sud, dans l'espace aérien américain», a déclaré dans un communiqué le ministre de la Défense américain, Lloyd Austin. Il a souligné qu'elle avait été menée en réponse à une «violation inacceptable» de la «souveraineté» américaine.
«La Chine exprime son fort mécontentement et proteste contre l'utilisation de la force par les États-Unis», a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué, ajoutant qu'il se «réservait le droit» de répliquer. Washington a «réagi de manière clairement excessive» et a «violé gravement les pratiques internationales», selon la même source.
«Surveiller des sites stratégiques»
Le Pentagone assure qu'il s'agissait d'un ballon espion. Le ballon «était utilisé par la République populaire de Chine dans une tentative de surveiller des sites stratégiques» aux Etats-Unis, a déclaré Lloyd Austin.
Joe Biden a félicité les pilotes ayant mené «avec succès» cette opération délicate. Il a indiqué avoir donné l'ordre dès mercredi d'abattre «dès que possible» le ballon, mais que le Pentagone souhaitait attendre «le lieu le plus sûr pour le faire» afin d'éviter tout dégât au sol lors de la retombée d'éventuels débris.
«Nous protéger et nous défendre»
Cette décision a également été saluée par le Premier ministre canadien Justin Trudeau. «Ensemble (...) nous continuerons de nous protéger et de nous défendre», avait-il déclaré dans un tweet samedi.
Des opérations de récupération, qui pourraient impliquer des plongeurs, étaient désormais en cours. Les débris se trouvent dans des eaux peu profondes, «cela va rendre les choses assez faciles», a déclaré un haut responsable militaire. Sur des vidéos retransmises par les chaînes de télévision samedi, le ballon semblait tomber à la verticale après un impact.
Au moment d'être abattu, le ballon se trouvait à environ 18 kilomètres d'altitude et à une distance de 11 kilomètres de la côte, selon des responsables du Pentagone.
Peu avant, le trafic aérien avait été suspendu dans trois aéroports du sud-est des Etats-Unis par mesure «de sécurité nationale», avait annoncé le régulateur de l'aviation civile américaine (FAA). Il s'agissait d'un aéroport en Caroline du Nord et de deux en Caroline du Sud. Le trafic a repris peu après la fin de l'opération.
«Analyser la technologie»
Cette affaire a jeté un froid sur les relations entre Washington et Pékin, provoquant le report d'une visite du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken en Chine. Cette visite aurait été la première d'un secrétaire d'Etat américain depuis octobre 2018.
Selon des responsables du Pentagone, le ballon était entré dans l'espace aérien américain une première fois le 28 janvier au-dessus de l'Alaska, avant d'entrer au Canada le 30 janvier, puis de re-rentrer dans l'espace aérien américain au niveau de l'Idaho, dans le nord-ouest des Etats-Unis, le 31 janvier, soit mardi.
Mais les Américains n'avaient appris l'existence de ce ballon que jeudi, lorsqu'il était au-dessus du Montana, qui abrite des silos de missiles nucléaires. Il s'est ensuite peu à peu dirigé vers l'est du pays. Pékin a reconnu que l'appareil était venu de Chine, mais assuré qu'il s'agissait d'un «aéronef civil, utilisé à des fins de recherches, principalement météorologiques».
Celui-ci aurait «dévié de sa trajectoire», avait ajouté un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, en exprimant les «regrets» de son pays pour cette violation «involontaire» de l'espace aérien américain.
«Salue le leadership»
«Je salue le leadership du président Biden pour avoir abattu le ballon chinois au-dessus de l'eau afin d'assurer la sécurité de tous les Américains», a tweeté samedi le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer. «Maintenant, nous pouvons collecter les équipements et analyser la technologie utilisée» par la Chine, a-t-il ajouté.
Vendredi, le Pentagone avait déclaré qu'un deuxième ballon chinois avait été repéré au-dessus de l'Amérique latine.
Des «ballons de surveillance chinois ont transité brièvement au-dessus des Etats-Unis au moins trois fois durant l'administration précédente, et une fois au début de cette administration de ce que nous savons, mais jamais aussi longtemps», a précisé samedi un haut responsable américain.
(AFP)