La Banque nationale suisse (BNS) injecte de l'argent dans l'économie. Elle l'a fait jeudi, et pas seulement au sens figuré. Même si c'est une coïncidence, peu après l'annonce de la baisse surprise du taux directeur à 1,5%, la Bürkliplatz, derrière le siège zurichois de la Banque nationale, s'agite soudainement.
Des policiers lourdement armés se déploient et sécurisent un camion d'apparence neutre. Celui-ci vient chercher de l'argent liquide à la BNS pour l'injecter réellement dans l'économie. Car malgré toutes les possibilités de paiement numérique, les billets restent le moyen de paiement le plus apprécié en Suisse.
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Cadeau de la BNS
Avec sa sobriété habituelle, le président sortant de la BNS annonce le cadeau de Pâques prématuré pour la Suisse. Thomas Jordan se défend avec véhémence de qualifier une décision de politique monétaire de «cadeau d'adieu» ou même de «décision courageuse». Il préfère parler du fait que les «conditions monétaires restent ainsi appropriées».
Car bien sûr, le changement de taux est un cadeau pour la Suisse. Pour les locataires et les propriétaires de maisons, pour l'industrie d'exportation tout comme pour les épargnants. Ils ne profitent certes pas d'intérêts plus élevés sur leur compte, mais d'une inflation plus faible. Celle-ci grignote beaucoup moins la valeur réelle de l'épargne qu'il y a un an. Aucune banque centrale n'a été plus efficace que la BNS dans la lutte contre le renchérissement.
Le directoire de la BNS a présenté le changement de taux dans une ambiance sereine. Les trois hommes semblent bien s'entendre. Lorsqu'un journaliste a demandé au vice-président Martin Schlegel ce qu'il ferait différemment s'il devenait effectivement président de la BNS, Thomas Jordan a glissé entre les deux: «Cette réponse m'intéresserait aussi maintenant.» Bien sûr, il n'y a pas eu de réponse, mais beaucoup de rires. Et le nouveau venu, Antoine Martin, s'est lui aussi bien adapté au club masculin exclusif, comme il nous l'a confirmé.
Recherche d'un complément idéal
A chaque vacance au sein du directoire, toutes sortes de désirs sont exprimés et l'élargissement de l'organe est toujours un sujet de discussion. L'ancienne membre du directoire Andréa Mächler a, elle aussi, contribué à la lutte contre le renchérissement en Suisse.
Si une spécialiste de la politique monétaire était disponible pour compléter le directoire, ce serait encore mieux. Si ce n'est pas le cas, ce n'est pas non plus une catastrophe. Il s'agit désormais de trouver une personne qui complète idéalement le comité, afin que le succès de la politique monétaire se poursuive.
Au sein d'un petit organe tripartite discret, qui ne se laissera pas influencer par qui que ce soit, qui prendra ses décisions en toute indépendance et qui se distinguera par des structures plus légères que d'autres banques centrales. Même si beaucoup le souhaitent, la Banque nationale ne doit pas nécessairement avoir une fonction de phare dans les questions de société. Il est bien plus important qu'elle mène une politique monétaire stable et bonne pour la Suisse et son économie. Et qu'elle crée de temps en temps la surprise.