Cadeau d'adieu du patron
Vous êtes proprios ou épargnants? Ce que les nouveaux taux de la BNS changent pour vous

Thomas Jordan a annoncé surprendre les marchés et abaisser les taux d'intérêt trois mois plus tôt que prévu. Le coup de théâtre du président de la BNS a des répercussions sur les propriétaires de logements, les locataires et l'économie d'exportation suisse.
Publié: 21.03.2024 à 15:57 heures
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Dernière mise à jour: 21.03.2024 à 16:04 heures
Thomas Jordan a supris tout le monde en abaissant les taux d'intérêt.
Photo: keystone-sda.ch
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Sarah Frattaroli

Thomas Jordan a fait un cadeau d'adieu aux marchés avant son départ. Le banquier de longue date qui quittera ses fonctions en septembre vient d'annoncer une baisse inespérée des taux d'intérêt. La plupart des observateurs ne s'attendaient à un changement qu'en juin prochain. Blick décrypte les effets pour les propriétaires de logement, les locataires, les détenteurs de comptes d'épargne et autres.

Que signifie cette décision pour les propriétaires?

Des taux d'intérêt hypothécaires en baisse! Ceux qui ont une hypothèque Saron sur leur logement bénéficieront presque immédiatement de la baisse des taux d'intérêt. Pour les hypothèques à taux fixe, les taux d'intérêt restent pour l'instant inchangés, car ces hypothèques ont une durée fixe de deux, cinq ou même dix ans. Le niveau plus bas des taux d'intérêt leur donnera toutefois une marge de manœuvre lors de la prochaine négociation sur la prolongation de l'hypothèque.

Les propriétaires de logements ne devraient toutefois pas se réjouir trop vite: les observateurs du marché s'attendaient déjà à ce que la BNS abaisse ses taux directeurs cette année (même si ce n'est pas aussi tôt). Les baisses ont donc déjà été en partie intégrées dans le niveau des hypothèques.

Les locataires en profiteront-ils aussi?

Pas pour l'instant. Les loyers dépendent du taux d'intérêt de référence hypothécaire. Celui-ci est déterminé trimestriellement par l'Office fédéral du logement (OFL) et se situe actuellement à 1,75%. L'OFL décidera à nouveau du niveau du taux d'intérêt de référence en juin. «Aucune autre augmentation du taux d'intérêt de référence n'est en vue», a déjà précisé Thomas Jordan jeudi.

Mais une baisse n'est pas non plus à l'ordre du jour. En effet, l'OFL ne se base pas sur le taux directeur de la BNS pour le taux d'intérêt de référence, mais sur le taux d'intérêt moyen des banques. Comme les banques mettent du temps à répercuter les baisses de taux d'intérêt sur leurs clients, il y a aussi des retards pour le taux de référence. Les locataires ne peuvent espérer une baisse du taux de référence qu'au deuxième semestre.

Si le taux baisse, les locataires peuvent demander une baisse de loyer à leur bailleur, ce qui provoque à nouveau des retards. Il faudra facilement attendre 2025 pour que le loyer soit effectivement moins cher.

Que signifie la baisse des taux d'intérêt l'épargne?

Ces deux dernières années, les banques ont tardé à répercuter la hausse des taux directeurs sur leurs clients. Thomas Jordan en personne a même conseillé à la clientèle de changer de banque afin de faire pression. Mais avec la première baisse des taux d'intérêt depuis des années, cette pression risque de diminuer.

Les épargnants ne doivent toutefois pas s'attendre à un affaiblissement des intérêts sur leur compte. Comme les banques n'ont jusqu'à présent pas répercuté intégralement les taux directeurs élevés sur leur clientèle, elles ne peuvent pas non plus faire marche arrière immédiatement.

Les produits en magasin vont-ils enfin être moins chers?

Non. La baisse des taux d'intérêt indique certes que la stabilité des prix est rétablie en Suisse. Mais cela ne signifie pas que les prix vont chuter, mais seulement qu'ils n'augmenteront plus (autant).

La BNS vise une inflation inférieure à 2%. Une déflation – c'est-à-dire une baisse des prix – n'est jamais l'objectif des banquiers centraux.

Comment le franc suisse évolue-t-il?

Il a tendance à s'affaiblir par rapport à l'euro et au dollar. Lorsque les taux d'intérêt sont bas, le franc suisse devient moins attractif en tant que placement. Les investisseurs internationaux retirent de l'argent du franc et investissent à la place dans d'autres monnaies, et la pression à la hausse sur le franc diminue. Cela réjouit en particulier l'industrie suisse orientée vers l'exportation, qui se casse les dents sur le franc fort.

Le CEO de Swatch Nick Hayek a déclaré après la décision de la BNS: «La décision de la Banque nationale est positive pour toute l'industrie et le tourisme. Rien qu'au cours des deux premiers mois de cette année, nous avons encaissé 100 millions de francs de pertes de change.»

Il ne faut toutefois pas s'attendre à une forte dévaluation du franc, baisse des taux d'intérêt ou pas. Le franc suisse est considéré comme une valeur refuge au niveau international et est donc apprécié des investisseurs indépendamment du niveau des taux d'intérêt.

Comment la Suisse se positionne-t-elle par rapport à l'étranger?

En tant que précurseur. La banque centrale américaine, la Fed, a décidé mercredi dernier d'attendre avant de baisser ses taux. La Banque centrale européenne (BCE) n'a pas non plus bougé.

Ce n'est pas la première fois que Thomas Jordan dépasse ses collègues internationaux: lors de l'augmentation des taux directeurs il y a environ deux ans, il avait déjà réagi plus rapidement que la directrice de la BCE Christine Lagarde.

La situation dans notre pays est toutefois plus avantageuse qu'à l'étranger: l'inflation en Suisse est de 1,2%. C'est plus bas qu'aux Etats-Unis avec 3,2%, ou que dans la zone euro avec 2,6%. Les banques centrales visent toutes des valeurs d'inflation inférieures à 2% – ce n'est qu'à partir de là qu'une baisse des taux d'intérêt est envisageable.

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