Autorités argentines sur le pied de guerre
Cocaïne tueuse pistée à Buenos Aires

Les autorités argentines menaient jeudi une course contre la montre pour retirer de la circulation toute la cocaïne frelatée qui a tué au moins 20 personnes près de Buenos Aires. Enquête et analyses se poursuivaient pour identifier la source.
Publié: 03.02.2022 à 20:28 heures
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Des dizaines de personnes ont été hospitalisées dans la région de la capitale, Buenos Aires, après avoir consommé de la cocaïne frelatée.
Photo: AFP

Voilà une alerte sanitaire dont les autorités argentines se seraient bien passées, par les temps qui courent. Dans dix hôpitaux distincts sur la province de Buenos Aires, vingt personnes restaient sous assistance respiratoire, après plus de 80 hospitalisations depuis la nuit de mardi à mercredi. En cause: une intoxication par de la cocaïne coupée, a indiqué le gouvernement de la province.

D'autres consultations - 214 au total depuis 36 heures - ont continué dans la nuit et tôt jeudi, mais «en majorité pour des cas légers, juste restés en observation», et avec des symptômes «d'altération de la conscience, vomissements, malaises et maux de tête».

La veille, les retours médicaux et de proches avaient fait état de symptômes particulièrement violents et rapides: des pertes de connaissance, des états de stupeur catatonique, des convulsions, et dans certains cas des arrêts cardiaques foudroyants.

On redoute d'autres victimes

L'analyse de la drogue n'avait pas encore identifié jeudi la substance avec laquelle elle a été coupée, mais le ministère provincial de la Sécurité suspectait dans son alerte épidémiologique mercredi «un tableau d'intoxication aux opiacées». «Indirectement, on en est sûr», a déclaré le ministre provincial Sergio Berni.

Le nombre de victimes pourrait augmenter, avec la découverte de consommateurs isolés, qui n'auraient eu accès à de l'aide ou des soins, soulignent depuis le début des sources officielles.

Mais «en principe, nous avons stabilisé la situation» a déclaré à des médias le chef de cabinet du gouvernement provincial, Carlos Bianco. Il a évoqué une «grande tragédie» évitée grâce à la récupération «d'une grande quantité de doses» depuis 24 heures.

Dix personnes interpellées

La quête de cette cocaïne se poursuivait toutefois jeudi, ainsi que les opérations de police. Trois trafiquants locaux ont été arrêtés à l'aube jeudi. Les autorités avaient confirmé mercredi 10 interpellations. Huit personnes restaient en détention jeudi, selon les médias locaux. M. Berni a écarté qu'il puisse s'agir d'un frelatage délibéré de la cocaïne dans le cadre «d'une guerre de narcos» entre trafiquants locaux.

Le problème de la drogue dans le grand Buenos Aires, immense agglomération de 14 millions d'habitants, «est aussi grave qu'il a toujours été, mais avec le facteur aggravant d'une surproduction et d'une offre débordante» de substances à petit prix et de mauvaise qualité. Autrement dit, abordables pour une frange de la population à bas revenus ou vivant dans la pauvreté, qui touche 45% de la population du Grand Buenos Aires (40% au niveau national).

Un quart de million de doses par jour

Sergio Berni a estimé que dans la province de Buenos Aires (18 millions d'habitants) se vendent «environ 250'000 doses de cocaïne par jour», «une estimation basse» selon lui.

L'Argentine est devenue, depuis les années 1970, une destination majeure des routes du trafic de drogue. Au milieu des années 1980, les saisies de cocaïne atteignaient une demi-tonne par an. Une décennie plus tard, ce volume avait quadruplé.

En 2017, un record de 12,1 tonnes avait été saisi selon des données officielles, mais les statistiques ont chuté depuis deux ans, en lien avec les restrictions dues à la pandémie: 2,7 tonnes ont ainsi été saisies en 2020.

(ATS)

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