Au moins 14 morts
Bombardements russes autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia

Des bombardements russes ont tué au moins 14 civils dans la nuit de mardi à mercredi dans le centre-est de l'Ukraine, selon les autorités locales, non loin de la centrale nucléaire de Zaporijjia que Moscou et Kiev s'accusent mutuellement d'avoir bombardée.
Publié: 11.08.2022 à 07:48 heures
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Dernière mise à jour: 11.08.2022 à 07:51 heures

L’attaque nocturne dans la région de Dnipropetrovsk, voisine de celle de la centrale, a fait 13 morts et 11 blessés, dont cinq graves, dans cette zone relativement sûre où sont évacués des civils du Donbass, plus à l’est, au cœur de l’offensive russe avec le sud-est de l’Ukraine.

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«Nous avons passé une nuit horrible […] C’est très dur de sortir les corps de sous les décombres», a témoigné sur Telegram le gouverneur de la région de Dnipropetrovsk, Valentin Reznitchenkoa. Cette attaque russe, menée avec des lance-roquettes multiples Grad, a visé la ville de Marganets, située face à la centrale nucléaire, sur l’autre rive du fleuve Dniepr, et le village de Vychtchetarassivka, selon le gouverneur. «Quatre-vingt roquettes ont été tirées délibérément et insidieusement sur des quartiers résidentiels alors que les gens dormaient chez eux», a-t-il déclaré.

«Les forces armées d’Ukraine, nos services secrets et nos policiers donneront des suites à l’attaque russe à Marganets», a promis mercredi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son allocution quotidienne.

«Région en danger»

Dans la région voisine de Zaporijjia, en partie contrôlée par les Russes, le gouverneur Oleksandre Staroukh a signalé une frappe russe ayant tué une habitante de 52 ans.

«Quatre missiles ont été tirés» sur le village de Kouchougoum mercredi matin, a-t-il écrit sur Telegram. «Quatre maisons privées ont été complètement détruites. Plusieurs dizaines de maisons n’ont plus de toit, ni de fenêtres. L’approvisionnement en gaz et en électricité a été interrompu».

Mercredi, le groupe des sept pays les plus industrialisés (G7) a réagi face à la situation autour de la centrale de Zaporijjia, la plus grande d’Europe.

«Le contrôle total de la centrale»

«Nous exigeons que la Russie rende immédiatement à son propriétaire souverain légitime, l’Ukraine, le contrôle total de la centrale», a écrit le G7 dans un communiqué. «C’est le contrôle continu de la centrale par la Russie qui met la région en danger».

La centrale, occupée par les Russes, est un sujet d’accusations mutuelles entre Moscou et Kiev, qui affirment que le camp adverse a bombardé les installations nucléaires la semaine dernière, sans qu’aucune source indépendante ne puisse le confirmer.

Réunion d’urgence sur le sujet

Le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra jeudi après-midi une réunion d’urgence sur le sujet, selon des sources diplomatiques – rencontre demandée par la Russie, d’après une de ces sources.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a indiqué que son directeur général, Rafael Grossi, qui juge l’état de la centrale «extrêmement grave», informera le Conseil de sécurité «de la situation en matière de sûreté et de sécurité nucléaires» dans le complexe, selon un communiqué.

Spectre de Tchernobyl

Volodymyr Zelensky a brandi le spectre de la catastrophe de la centrale nucléaire de Tchernobyl (nord de l’Ukraine) en 1986.

Mardi soir, l’opérateur ukrainien Energoatom a affirmé que les forces russes préparaient le raccordement de la centrale à la Crimée, presqu’île du sud de l’Ukraine annexée par Moscou en 2014 et en première ligne dans l’offensive russe contre l’Ukraine déclenchée le 24 février, et l’endommageaient volontairement en procédant à cette réorientation de la production électrique.

De puissantes explosions ont ravagé mardi un dépôt de munitions sur un aérodrome militaire russe de Crimée, faisant au moins un mort et plusieurs blessés et provoquant la panique parmi les milliers de touristes russes en vacances sur la péninsule. L’armée russe a affirmé qu’aucun tir ni bombardement n’avait été à l’origine de ces déflagrations.

Et si les autorités ukrainiennes n’ont pas reconnu officiellement leur responsabilité, un conseiller de la présidence, Mikhaïlo Podoliak, avait assuré sur Twitter mardi que «ce n’est que le début», car «l’avenir de la Crimée est d’être une perle de la mer Noire […], pas une base militaire pour des terroristes».

L’armée russe a perdu sur la seule journée de mardi «10 aéronefs, dont neuf en Crimée», a déclaré mercredi Volodymyr Zelensky. Les Russes y ont «aussi perdu des véhicules blindés, des dépôts de munitions, des voies d’approvisionnement…»

«Mourir normalement»

Les bombardements se sont aussi poursuivis mercredi dans le Donbass, dans la région de Donetsk, où la ville de Soledar était pilonnée sans répit. Les forces russes tentent d’en chasser l’armée ukrainienne afin d’avancer vers la ville voisine, plus grande, de Bakhmout.

Quant à cette dernière, «les Russes ont bombardé (mercredi à la mi-journée) la ville au lance-roquettes multiple, touchant un quartier résidentiel. Selon les premières informations, 12 immeubles d’habitation ont été endommagés et quatre sont en feu», a écrit sur Telegram le gouverneur régional Pavlo Kyrylenko, faisant état de six morts et trois blessés.

Selon le ministère britannique de la Défense, «au cours des 30 derniers jours, l’assaut de la Russie vers la ville de Bakhmout a été son meilleur axe de progression dans le Donbass, mais sur cette période elle n’est parvenue à avancer que de 10 km […] Dans d’autres secteurs du Donbass où la Russie tentait une percée, ses forces n’ont pas gagné plus de 3 km sur cette période de 30 jours, très certainement significativement moins que prévu».

A Soledar, ville minière d’environ 10.000 habitants avant la guerre, une poignée d’êtres humains se risquait dans les rues trouées de cratères, bordées de magasins fermés ou détruits et d’immeubles aux vitres brisées, a constaté un journaliste de l’AFP. Les bombardements soulevaient une fumée noire et blanche au-dessus de la ville.

«La plupart des gens sont partis. C’est effrayant. Il y a beaucoup de tirs, nous ne savons pas depuis quel camp», a témoigné Svitlana Klymenko, 62 ans. «Je veux juste partir, pour vieillir normalement, mourir normalement, ne pas être tuée par un missile».

Douze navires partis

Parallèlement, le premier chargement de céréales exporté par l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe le 24 février, initialement destiné au Liban puis annulé en raison d’un retard de livraison, a trouvé un nouvel acquéreur en Turquie, selon le site d’information Middle East Eye.

Le cargo Razoni, qui avait quitté le 1er août le port ukrainien d’Odessa (sud) avec à son bord 26.000 tonnes de maïs, est arrivé mercredi au port de Mersin, en Turquie, selon des sites de suivi du trafic maritime.

La Russie et l’Ukraine ont signé le 22 juillet deux accords séparés, validés par les Nations unies, pour permettre les exportations de céréales ukrainiennes bloquées par la guerre et celles – malgré les sanctions occidentales – de produits agricoles russes, dans le but de mettre fin à la crise alimentaire mondiale.

«Avec des produits agricoles»

En vertu de cet accord, «12 navires ont déjà quitté les ports ukrainiens avec des produits agricoles destinés à sept pays, et deux autres navires ont accosté pour chargement», a indiqué mercredi Oleksiï Vostrikov, le chef de l’autorité portuaire ukrainienne, sur Facebook.

Frederick Kenney, un haut responsable de l’ONU en charge de la supervision de l’accord, a affirmé mercredi qu’après le maïs ukrainien, les exportations de blé ukrainien vont commencer la semaine prochaine.

«La prochaine étape est le transbordement de trois millions de tonnes – ou plus – de céréales au rythme d’une centaine de navires par mois», a précisé Oleksiï Vostrikov.

(AFP)

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