Elle est de plus en plus au centre de l’attention. La centrale nucléaire de Zaporijia, située près de la grande ville du même nom dans le sud de l’Ukraine, est occupée par les troupes russes depuis mars. Dès juillet, les Russes l’utilisent comme poste de commandement et forteresse – de quoi inquiéter la communauté internationale.
Début août, en l’espace de quelques jours, deux attaques ont eu lieu contre la centrale nucléaire – et les deux parties s’accusent mutuellement. Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), certaines installations de secours ont été touchées et des moniteurs de radiations endommagés.
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a déclaré à propos des attaques du week-end: «Toute attaque contre une centrale nucléaire est suicidaire, et j’espère qu’elles prendront fin.» Pour le chef de l’AIEA, Rafael Grossi, les attaques montrent «le risque très réel d’une catastrophe nucléaire».
Les Russes auraient posé des explosifs à la centrale – la catastrophe est-elle imminente?
La situation sur le fleuve Dniepr ne cesse de s’aggraver. Les Ukrainiens ont fait savoir que les troupes russes avaient posé des explosifs sur des unités énergétiques de la centrale nucléaire. La Russie n’a toutefois pas confirmé cette information.
Dmytro Kuleba, le ministre des Affaires étrangères ukrainiennes, avait déjà lancé un avertissement en mars dernier, lorsque les premiers incendies se sont déclarés à Zaporijia. Il avait insisté sur le risque qu’un tel incident engendrerait: un incendie à la centrale de Zaporijia pourrait avoir une issue dix fois plus grave que l’accident de Tchernobyl, qui encore aujourd’hui est considéré comme l’incident nucléaire le plus grave de l’Histoire.
Il faudrait plus d'impacts
Quelques nuances (rassurantes?) peuvent toutefois être apportées. Certes, la centrale de Zaporijia est plus grande que Tchernobyl, mais elle est surtout plus moderne. Sur les six réacteurs présents, seulement deux sont actuellement en service. De plus, les normes de sécurité sont davantage performantes. Il faudrait sans doute plus que quelques impacts de missiles pour déclencher une catastrophe nucléaire.
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Andreas Pautz, responsable du domaine de la recherche sur la sécurité nucléaire à l’Institut Paul Scherrer (PSI), explique dans un entretien avec Blick: «Bien sûr, le bombardement d’une installation nucléaire m’inquiète beaucoup. Mais avant qu’une catastrophe nucléaire ne se produise, il faudrait que les réacteurs soient sérieusement endommagés et que les systèmes de refroidissement d’urgence soient si gravement affectés qu’ils ne puissent plus assurer le refroidissement des réacteurs.»
La dispersion de particules radioactives dépendra de la saison
Mais si des matières radioactives devaient tout de même se libérer dans l’air, leur dispersion dépendrait de la saison. C’est la conclusion apportée par une étude réalisée par des chercheurs américains. Pendant les mois d’été, les aérosols contaminés par la radioactivité pourraient survoler les pays d’Europe centrale, du nord, du sud et du sud-est, mais également certaines régions du Proche-Orient, l’Asie du nord et même l’Afrique du nord, indique l’étude.
(Adaptation par Mathilde Jaccard)