Atterrissage à l'aveugle à Vienne
Le cockpit d'un avion se brise sous une tempête de grêle en plein vol

Les passagers d'un vol d'Austrian Airlines ont eu de la chance dans leur malheur: l'avion qui les transportait s'est retrouvé dans une tempête de grêle et a subi de graves dommages. Mais pourquoi le pilote n'a-t-il pas pu éviter la cellule orageuse?
Publié: 11.06.2024 à 13:19 heures
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Le pilote a atterri à aveugle à Vienne après de fortes turbulences.
Photo: X/ihavation
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Sandra Meier

Le vol d’Austrian Airlines reliant Majorque à Vienne a tremblé dimanche dernier. Alors qu’il approchait la capitale autrichienne, l’avion, qui transportait 168 passagers, a été pris dans une forte tempête. Des grêlons se sont abattus sur l'engin, causant de violents dégâts sur la paroi du cockpit. Les vitres se sont également brisées sous le choc.

Remontons quelques heures en arrière. Dimanche 9 juin vers 15h30, l’avion décolle de l’aéroport de Palma en direction de l’Autriche. Mais une demi-heure avant l’atterrissage, c’est le drame: l’avion se retrouve dans de violentes secousses, selon les déclarations des passagers au «Kronen Zeitung».

Le pilote lance alors un appel de détresse Mayday. Les pare-brises de l’avion se brisent sous la grêle, et une partie du cockpit lâche. Les passagers ont pu constater l’ampleur des dégâts qu’une fois l’engin posé à terre.

Pourquoi l’avion n’a-t-il pas contourné la tempête?

Mais comment l’avion s’est-il retrouvé dans une telle tempête? Habituellement, les pilotes essaient toujours de contourner les cellules orageuses. Mais celle-ci n’était pas visible sur le radar météorologique, a-t-on appris auprès de l’équipage.

Selon le journal «Kronen Zeitung», les météorologues avaient pourtant déjà identifié l’orage une demi-heure avant le départ du vol. Thomas Friesacher, expert en aviation, donne une explication au journal: «Le radar météorologique de l’avion détecte principalement l’humidité. Or, ce type de grêle est très froid et donc très sec.» Les grêlons sont projetés à des kilomètres des nuages et ne sont pas visibles sur le radar.

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«Il faut bien se concentrer. L’étape suivante consiste à réduire la vitesse et à tout mettre en œuvre pour que le pilote automatique reste en service»
Thomas Friesacher
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Lorsqu’un avion est pris dans une violente tempête comme celle de dimanche après-midi, l’équipage du cockpit doit faire face à un vacarme fracassant dans la cabine. «Il faut bien se concentrer. L’étape suivante consiste à réduire la vitesse et à tout mettre en œuvre pour que le pilote automatique reste en service», explique Thomas Friesacher, qui a lui-même été pilote chez Austrian Airlines pendant des décennies. L’expert rappelle que dans 97% des cas, un avion vole avec cette fonction de pilotage automatique.

Le pilote se retrouve seul face à la nature

Dans le cas de ce vol tempétueux, le pilote aurait probablement pu effectuer un atterrissage automatique. Mais parfois, la technique est défaillante et l’humain doit prendre le relais. «Les pilotes sont formés de manière intensive pour faire face à ces situations», poursuit Thomas Friesacher.

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«Il faut simplement faire avec. Mais on se retrouve subitement seul face aux facteurs environnementaux»
Thomas Friesacher
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Par ailleurs, les conditions météorologiques précaires devraient devenir encore plus extrêmes en raison du changement climatique. Thomas Friesacher précise que de telles situations ne peuvent pas toujours être évitées: «Il faut simplement faire avec. Mais on se retrouve subitement seul face aux facteurs environnementaux.»

Selon la compagnie aérienne, le vol à travers la zone de grêle n’aurait duré que quelques secondes. Une enquête sur l’incident a été ouverte. L’ampleur des dégâts et la durée de l’immobilisation de l’avion ne sont pas encore connues.

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