L'ancienne étoile d'Hollywood, 63 ans, est arrivée l'air souriant et détendu, vêtu d'un costume bleu, chemise blanche et cravate vers 9h (15h en Suisse) au Tribunal fédéral de Manhattan, précédé par son accusateur, Anthony Rapp.
Le procès au civil a démarré vers 9h30 par la sélection du jury populaire du tribunal présidé par le juge Lewis Kaplan. Devant cette juridiction civile, Kevin Spacey peut être condamné à d'importants dommages-intérêts, M. Rapp demandant 40 millions de dollars.
Mais l'accusation initiale «d'agression sexuelle» portée par Anthony Rapp n'a finalement pas été retenue par le juge Kaplan, en raison de faits considérés prescrits et ne rentrant pas dans le champ d'une loi de l'Etat de New York de 2019 sur la protection de l'enfance, qui étend le délai de prescription.
Le juge Kaplan a retenu le chef d'accusation d'«atteinte à l'intégrité physique» d'Anthony Rapp ayant provoqué une «détresse émotionnelle», selon un document judiciaire datant de juin.
L'un des premiers visés par #Metoo
Acteur doublement oscarisé pour «Usual Suspects» et «American Beauty», Kevin Spacey Fowler, de son nom complet, a disparu des écrans et des planches depuis qu'il fut l'un des premiers artistes emportés il y a cinq ans, en octobre 2017, par la vague mondiale #Metoo, née aux Etats-Unis.
Son accusateur est l'acteur américain Anthony Rapp, 51 ans à la fin octobre, qui joue notamment dans la série «Star Trek: Discovery». Il avait porté plainte en septembre 2020 contre M. Spacey pour des avances et une agression sexuelle présumée lors d'une fête à Manhattan en 1986. Anthony Rapp était un adolescent de 14 ans. Kevin Spacey en avait alors le double.
Fin octobre 2017, aux débuts du mouvement #MeToo, M. Rapp accuse une première fois M. Spacey, avec force détails, dans le média BuzzFeed News. Dès le lendemain sur Twitter, Kevin Spacey lui présente ses «plus sincères excuses» pour son «comportement (ndlr: d'homme) ivre et profondément déplacé».
Après sa plainte de 2020, l'action en justice d'Anthony Rapp est abandonnée devant la justice pénale fédérale, mais elle prospère au civil.
Déposition 35 ans après les faits
L'ordonnance du juge Kaplan détaille que lors de la fête new-yorkaise de 1986, «d'après ce qu'a affirmé M. Rapp, M. Fowler (ndlr: Kevin Spacey) l'a soulevé, sa main a 'frotté' quelques secondes le vêtement couvrant les fesses de M. Rapp, puis M. Fowler a mis M. Rapp sur un lit, sur le dos, avant de s'allonger tout habillé, brièvement et en partie au côté et sur M. Rapp». L'adolescent s'était alors rapidement «extirpé» et avait quitté la fête, selon la justice.
Lors de sa déposition, 35 ans après les faits, Anthony Rapp a convenu qu'il n'y avait eu «ni baiser, ni déshabillage, ni attouchement sous les vêtements et aucune déclaration ou insinuation à caractère sexuel» lors d'un «échange» qui n'avait pas duré plus de deux minutes.
L'avocate de M. Spacey, Jennifer Keller, avait écrit cette semaine dans un courriel à l'AFP que la défense de l'acteur déchu avait hâte que celui-ci puisse «se défendre devant un jury impartial».
Kevin Spacey a déjà eu des démêlés avec la justice aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. A Londres, il est ainsi poursuivi pour des agressions sexuelles sur trois hommes entre mars 2005 et avril 2013, lorsqu'il était directeur d'un théâtre, et pour lesquelles il a plaidé non coupable en juillet dernier.
(ATS)