Déterminé à faire valoir son innocence, la star de la série «House of Cards», dont la carrière a été stoppée net par une série d'accusations depuis l'affaire Weinstein, est apparu calme et confiant à la Westminster Magistrates Court.
Au début de l'audience, le comédien, en costume bleu, a décliné son identité, sa date de naissance et son adresse, puis lui ont été lues les accusations retenues contre lui. Le juge a décidé de le laisser libre jusqu'à une prochaine audience, le 14 juillet, qui aura lieu au tribunal de Southwark, à Londres.
Le procureur avait déclaré que l'acteur avait «pleinement coopéré» à l'enquête mais avait demandé qu'il soit placé en liberté conditionnelle avec obligation de rester à Londres. Son avocat, Patrick Gibbs, avait fait valoir que l'acteur voulait «poursuivre sa vie» et que «toutes ses affaires sont aux Etats-Unis», où il a «un chien de neuf ans».
Longue bataille
Cette brève audience, consacrée à des questions de procédures, lance ce qui s'annonce comme une longue bataille judiciaire.
L'acteur, âgé de 62 ans, est poursuivi pour quatre agressions sexuelles sur trois hommes, dont les noms n'ont pas été rendus publics, entre mars 2005 et avril 2013. Il est également accusé d'avoir forcé l'un d'eux à une activité sexuelle avec pénétration sans son consentement, chef d'accusation qui se distingue du viol (qui implique une pénétration avec un pénis) dans le droit anglais.
Kevin Spacey avait été formellement inculpé lundi, après le feu vert donné fin mai par le parquet britannique à ces poursuites. L'acteur s'était alors dit «déçu» mais avait annoncé son intention de se présenter devant la justice britannique pour «prouver son innocence».
Deux inculpations visent des faits d'agressions sexuelles en mars 2005 à Londres sur un même plaignant, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années. Une autre agression sexuelle concerne un deuxième plaignant d'une trentaine d'années, en août 2008, qui l'accuse également de l'avoir forcé à une activité sexuelle avec pénétration sans son consentement.
Enfin, une autre agression sexuelle aurait visé un troisième plaignant, également trentenaire, en avril 2013 dans le Gloucestershire (Sud-Ouest de l'Angleterre).
Débarqué de Netflix
Ces accusations contre Kevin Spacey, suivant d'autres aux Etats-Unis, avaient été formulées dans la foulée du scandale Weinstein, du nom du producteur de cinéma américain visé par de nombreuses accusations de harcèlement et d'agressions sexuelles, révélées à l'automne 2017 par le New York Times et le New Yorker.
Elles ont eu de lourdes conséquences sur la carrière et la réputation de l'acteur deux fois oscarisé (pour «American Beauty» et «Usual Suspects"). Evoluant sur les planches avant d'être consacré au cinéma, il avait été débarqué par Netflix de la série à succès «House of Cards» où il jouait le personnage principal.
Son grand retour au cinéma - dans le film «L'uomo che disegno Dio» (L'homme qui dessine Dieu) - avait été annoncé l'an dernier. L'Américain campe un détective dans ce long-métrage dirigé par le réalisateur italien Franco Nero qui joue aussi le rôle principal.
Scotland Yard avait ouvert une enquête après avoir reçu des plaintes d'agressions sexuelles contre l'acteur, dont certaines auraient été commises dans le quartier de Lambeth à Londres, où se situe le théâtre Old Vic dont il fut directeur artistique entre 2004 et 2015.
Dans son pays, Kevin Spacey avait été inculpé d'attentat à la pudeur et d'agression sexuelle dans l'Etat du Massachusetts, sur la côte Est. Il était accusé d'avoir, en juillet 2016, mis la main sur le sexe d'un jeune homme de 18 ans employé dans un bar, après l'avoir fait boire. Mais les poursuites avaient été abandonnées en juillet 2019.
Fin mai, il a comparu devant un juge de New York pour une audience de procédure dans le cadre d'une action au civil intentée par l'acteur Anthony Rapp, qui l'avait accusé de lui avoir fait des avances sexuelles lorsqu'il était adolescent. Kevin Spacey avait démenti et l'action a été abandonnée au pénal.
(ATS)