Autre mesure forte prise au cours du sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), l’accord avec le Burkina Faso d’un calendrier de 24 mois avant un retour des civils au pouvoir à compter du 1er juillet 2022.
«C’est acté! Nous avons décidé de lever les sanctions économiques et financières contre le Mali», a dit à l’AFP un participant au sommet, sous couvert de l’anonymat. «C’est bien acté!», a confirmé un autre responsable de la Cédéao. «Mais les chefs d’Etat ont précisé que conformément à la charte, les militaires de la junte ne peuvent pas être candidats à l’élection présidentielle», a-t-il ajouté.
L’adoption d’une nouvelle loi électorale ouvrant la voie à la candidature d’un militaire à l’élection présidentielle demeurait un possible point de blocage dans les négociations.
Demande à la junte de «revoir sa copie»
La levée de l’embargo sur les transactions commerciales et financières était très attendue au Mali, épuisé par dix ans de conflit. Les signaux étaient plutôt positifs ces derniers jours: Bamako a adopté un certain nombre de prérequis indispensables pour l’allègement des sanctions.
Les autorités ont annoncé mercredi un calendrier électoral fixant la présidentielle à février 2024, le référendum constitutionnel à mars 2023 et les législatives entre octobre et novembre 2023. Il vient compléter l’adoption le 17 juin d’une nouvelle loi électorale et la mise en place d’une commission chargée de rédiger la nouvelle Constitution.
«Sur le Burkina Faso, nous avons demandé à la junte de revoir sa copie. Elle demandait 36 mois. Aujourd’hui tout le monde est d’accord que c’est 24 mois de transition à compter du 1er juillet 2022», a également assuré à l’AFP un participant au sommet sous couvert de l’anonymat.
L'«ouverture du dialogue» saluée
Le médiateur de la Cédéao, l’ex-président nigérien Mahamadou Issoufou, s’était rendu samedi à Ouagadougou. Dans ce pays sahélien aussi frappé par les attaques djihadistes, il a salué «l’ouverture au dialogue» des militaires et dit avoir «échangé sur le chronogramme de la transition» présenté mercredi aux leaders politiques.
Les autorités burkinabées prévoyaient jusqu’alors les dates du 24 décembre 2024 pour un référendum constitutionnel et du 25 février 2025 pour la tenue d’élections législatives et présidentielle. Le nouveau calendrier n’a pas encore été annoncé.
L’Afrique de l’Ouest a vu se succéder les coups de force militaires en moins de deux ans: putsch le 18 août 2020 à Bamako, nouveau fait accompli parachevant le premier le 24 mai 2021, putsch le 5 septembre 2021 à Conakry, putsch le 24 janvier 2022 à Ouagadougou.
Depuis 2020, la Cédéao, alarmée du risque de contagion dans une région vulnérable, multiplie les sommets, les médiations et les pressions pour accélérer le retour des civils à la direction de ces pays.
Campagne diplomatique menée
La Guinée a par ailleurs mené cette semaine une intense campagne diplomatique pour apaiser les dirigeants ouest-africains et éviter de nouvelles sanctions. La junte avait suscité l’ire de ses voisins en actant une durée de transition de 36 mois.
Un délai qualifié d'«impensable» par le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine. «La Cédéao va devoir prendre des mesures», avait-il dit.
Le Premier ministre de transition Mohamed Béavogui a reçu samedi le représentant spécial des Nations unies, Mahamat Saleh Annadif. Le message de la Guinée est de rassurer «les frères de la Cédéao», sur l’engagement du pays à mener une transition apaisée et inclusive, a souligné le gouvernement.
Lundi, le gouvernement a aussi reçu les principales formations politiques en vue d’engager un dialogue. Plusieurs mouvements politiques ont conditionné leur participation à la nomination d’un médiateur ouest-africain.
(ATS)