Après les législatives
Merkel exhorte les partis au dialogue après les élections

Angela Merkel a lancé dimanche un appel implicite aux partis politiques allemands à surmonter leurs divisions après les élections législatives. De difficiles tractations sont actuellement en cours pour tenter de former un nouveau gouvernement.
Publié: 03.10.2021 à 15:47 heures
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Dernière mise à jour: 03.10.2021 à 16:44 heures
La chancelière Angela Merkel a prononcé une sorte de discours-bilan après 16 ans de pouvoir.
Photo: JAN WOITAS

Plus largement, la chancelière, qui prononçait une sorte de discours-bilan après 16 ans de pouvoir à l'occasion des célébrations annuelles de la réunification du pays en 1990, a exhorté les Allemands à davantage défendre la démocratie face aux démagogues.

«Il faut continuer à façonner notre pays. On peut se disputer sur la manière précise de le faire à l'avenir, mais nous savons que la solution nous appartient, qu'il nous faut nous écouter les uns les autres et dialoguer», a déclaré Mme Merkel qui doit prendre sa retraite politique lorsqu'une majorité aura été trouvée au Parlement. Ce qui pourrait prendre plusieurs mois.

«Nous avons des différences mais aussi des choses en commun. Soyez-prêts à rencontrer les autres, soyez curieux des autres (...) et ayez la capacité de supporter les différences», a-t-elle ajouté dans ce discours à Halle (Est), «c'est la leçon de 31 ans d'unité allemande».

Il s'agissait des premiers propos tenus par Angela Merkel en rapport avec la situation politique actuelle. Ce discours survient à un moment-clé: c'est dimanche que débutent les discussions exploratoires entre partis politiques pour tenter de former un nouveau gouvernement. Et elles s'annoncent très ardues, faisant craindre une longue phase de paralysie politique de l'Allemagne.

Du jamais vu depuis 1950

Suite aux élections législatives, il va en effet très probablement falloir une alliance de trois partis aux programmes très différents pour former une majorité. Une première depuis les années 1950, qui pourrait aussi être un facteur d'instabilité.

L'option considérée actuellement comme la plus probable est une coalition entre d'une part le parti social-démocrate (SPD) - arrivé de peu en tête lors du scrutin, devant les conservateurs de la chancelière - et d'autre part les écologistes et le parti libéral FDP (droite). Elle est soutenue par une nette majorité (59%) de l'opinion, selon un sondage ZDF.

De premiers entretiens entre le centre gauche du SPD et ces deux mouvements sont prévus à partir de 15h30 à Berlin. Mais le centre droit de la chancelière tente aussi en parallèle de se rallier les Verts et le FDP.

Même si le parti démocrate-chrétien de la chancelière (CDU) est sorti très affaibli et divisé de sa défaite, il a prévu de rencontrer séparément les Libéraux du FDP en début de soirée, avant les «Grünen» mardi.

Pire score de l'Histoire

Leur chef de file, Armin Laschet, rendu personnellement responsable du plus mauvais score électoral (24,1%) jamais réalisé par les conservateurs dans l'histoire de l'Allemagne moderne, apparaît toutefois de plus en plus en sursis.

Ses rivaux en interne, tels Friedrich Merz ou Jens Spahn, qui défendent une ligne plus à droite, se mettent déjà en position pour la succession. D'autres réclament un renouvellement «complet» du parti après 16 ans d'Angela Merkel.

Du coup, même les libéraux du FDP, pourtant politiquement proches des démocrates-chrétiens, semblent de plus en plus sceptiques sur une alliance.

«CDU et CSU doivent clarifier s'ils veulent vraiment diriger un gouvernement», a averti le patron des libéraux, Christian Lindner, dimanche dans le quotidien Bild.

L'Est laissé-pour-compte?

Dans ce contexte tendu, la chancelière a appelé les Allemands à ne pas perdre de vue l'essentiel à ses yeux: la défense de la démocratie. «Nous prenons parfois les choses trop à la légère quand il s'agit des acquis démocratiques, comme si nous ne devions plus rien faire» pour les défendre, a-t-elle déploré.

«Mais nous assistons dans la période actuelle à un nombre croissant d'attaques», a-t-elle estimé, en citant des agressions contre les minorités religieuses ou ethniques, mais aussi les tentatives «démagogiques pour répandre sans scrupules ni honte la haine et le ressentiment».

Mme Merkel a aussi exhorté les Allemands de l'Ouest à montrer plus de «respect» à l'égard de leurs concitoyens de l'Est, alors que les élections législatives ont été marquées dans cette partie du pays - l'ex-Allemagne de l'Est communiste - par un fort vote d'extrême droite, nourri par le sentiment d'une partie de la population locale d'être laissée-pour-compte.

(ATS)

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