Après le meurtre d'un policier
Le Kosovo, en deuil national, continue les recherches du commando

Les drapeaux sont en berne et l'enquête en cours lundi au Kosovo, 24 heures après la mort d'un policier kosovar près de la frontière serbe et la traque de dizaines d'hommes armés. Ces événements ont ravivé les tensions entre Pristina et Belgrade.
Publié: 25.09.2023 à 16:29 heures
Check-point près du du village de Banjska, au Kosovo.
Photo: STR

24 heures après la mort d'un policier kosovar proche de la frontière serbe et la traque de dizaines d'hommes armés, le Kosovo est en deuil national et lance des recherches. Les tensions entre Pristina et Belgrade ont été ravivées à cause de ces évènements. 

«Nos recherches continuent, nous avons beaucoup d'officiers sur le terrain», a dit à la presse le ministre de l'Intérieur du Kosovo, Xhelal Sveçla, précisant qu'un arsenal «d'armes lourdes, d'explosifs, de nourriture...» avait été découvert à plusieurs endroits. «On peut clairement dire que cet arsenal était destiné à des centaines d'autres assaillants», a-t-il ajouté. 

Il s'agit maintenant de retrouver les membres du commando lourdement armé qui ont passé plusieurs heures dimanche retranchés dans le monastère de Banjska, et qui sont soupçonnés d'avoir tué le policier près de la frontière serbe. En fin d'après-midi dimanche, trois d'entre eux avaient été tués selon les autorités du Kosovo. 

La Serbie nie sa responsabilité

Interrogé sur le sort des 27 autres, Xhelal Sveçla s'est contenté de répondre qu'une «opération» était en cours pour les retrouver. Lundi midi, les abords du monastère de Banjska étaient fermés, a constaté une journaliste de l'AFP, et des véhicules de police et de la force de maintien de la paix de l'OTAN (KFOR) étaient visibles. 

À Pristina, les drapeaux sont en berne, la présidente ayant décrété lundi journée de deuil national en hommage au policier tué. Le Kosovo a dès dimanche matin accusé la Serbie d'être derrière l'attaque – ce que Belgrade s'est empressée de nier, accusant à son tour le Premier ministre kosovar, Albin Kurti, d'avoir poussé à bout les Serbes du Kosovo avec ses «provocations». Ce regain de tension, parmi les plus violents depuis la déclaration d'indépendance du Kosovo en 2008, pourrait être un énième obstacle sur la route de la «normalisation» des relations entre la Serbie et le Kosovo.

«Le plus important, maintenant, c'est d'entamer la désescalade, et d'empêcher de nouveaux incidents», explique à l'AFP Bojan Elek, directeur adjoint du Belgrade Centre for Security Policy. «La communauté internationale, la KFOR... doivent aider. Il existe un risque de nouveaux incidents – surtout si, comme les informations le disent, la police kosovare fouille les maisons à la recherche des assaillants. Cela pourrait déclencher de nouveaux incidents».

Des relations déjà «dysfonctionnelles»

L'attaque de dimanche «va, évidemment, influencer les relations entre Belgrade et Pristina qui, déjà, sont dysfonctionnelles. S'il n'y avait pas de médiation par l'Union européenne, il n'y aurait aucun contact (...) Cela étant, après les événements du weekend-end, les deux parties vont devoir se parler pour trouver des voies de désescalade», ajoute-t-il.

Le président serbe Aleksandar Vucic a martelé dimanche soir que la Serbie «ne reconnaîtra jamais l'indépendance du Kosovo, même si vous nous tuez tous». Pristina a déclaré son indépendance de la Serbie en 2008, près de dix ans après que l'Otan a contribué à repousser les forces serbes hors de l'ancienne province au cours d'une guerre sanglante qui a fait environ 13.000 morts, pour la plupart d'origine albanaise. 

La Serbie, soutenue notamment par ses alliés russe et chinois, refuse depuis de reconnaître l'indépendance du Kosovo, où vit une communauté serbe d'environ 120'000 personnes. Installée essentiellement dans le nord, certains de ses membres refusent toute allégeance à Pristina.

La communauté internationale appelle à la désescalade

La région est, depuis, le théâtre de violences récurrentes, les dernières remontant au printemps, lorsque les autorités kosovares ont décidé de nommer des maires albanais dans quatre municipalités à majorité serbe. Cette mesure a déclenché d'importantes manifestations, l'arrestation de trois policiers kosovars par la Serbie et une émeute de manifestants serbes qui a fait plus de 30 blessés parmi les soldats de la KFOR.

La communauté internationale enjoint les deux parties à la désescalade. Mais les dernières tentatives de discussions entre Albin Kurti et Aleksandar Vucic ont échoué mi-septembre après à peine quelques heures. La Serbie souhaite en préalable à toute discussion obtenir une forme d'association des communautés serbes, tandis que la partie kosovare a comme pré-requis la reconnaissance par Belgrade de l'indépendance du Kosovo.

(ATS)

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