Après deux attaques mortelles en Égypte
Conseils pour survivre à la rencontre avec un requin

En Egypte, deux femmes sont mortes samedi après avoir été attaquées par des requins. L'organisateur zurichois de voyages de plongée Urs Seleger est spécialiste de la question. Il offre des conseils pour éviter les drames tout en dédiabolisant ces animaux menacés.
Publié: 04.07.2022 à 22:27 heures
|
Dernière mise à jour: 07.07.2022 à 10:19 heures
1/10
La politicienne autrichienne des Verts, Elisabeth S., est morte samedi après avoir été attaquée par un requin en Égypte. La même chose est arrivée à une Roumaine, le même jour, également à Hurghada.
Photo: Facebook / @Die Grünen Kramsach
Nicolas Lurati

Triste week-end à Hurghada. Ce haut lieu du tourisme égyptien au bord de la mer Rouge a été le théâtre de la mort tragique de deux femmes après deux attaques de requin. L’une des victimes est la politicienne autrichienne Elisabeth S.*, morte de ses blessures à 68, ans. Le même jour, une Roumaine est décédée à Hurghada. L’incident s’est produit à seulement 600 mètres de celui de l’Autrichienne.

Urs Seleger organise des voyages de plongée dans le monde entier, y compris en Égypte, sur la mer Rouge. Il connaît bien l’endroit, et les requins.

L’expert précise que les incidents liés aux requins sont toujours liés à un enchaînement de circonstances plutôt qu’au seul tempérament des animaux. «L’origine réside généralement dans le fait que l’homme évalue mal la situation et réagit mal, explique le voyagiste à Blick. Les accidents de requins se produisent souvent de telle sorte que le requin remarque qu’il y a quelque chose de non naturel à la surface de l’eau, qui éveille sa curiosité. Car les humains sont quelque chose de non naturel pour les requins.»

L’homme qui murmurait à l’oreille des squales

La présence d’humains peut donc très souvent pousser le requin à aller comprendre cet élément non naturel dans l’eau. «Dans 99,9% des cas, cela lui suffit – et il passe à autre chose, poursuit l’expert. J’ai déjà vécu cela des centaines de fois lorsque je plongeais dans l’eau: il y a une interaction.» Le requin arrive, voit l’homme, ne le trouve pas vraiment intéressant et continue à nager tranquillement.

Si l’on rencontre un requin, Urs Seleger donne le conseil suivant: «Si l’on remarque que des requins sont autour de soi et qu’ils montrent particulièrement de l’intérêt pour ce qui se passe, le mieux est de sortir de l’eau.» Détail important: si l’on s’éloigne d’un requin, il ne faut en aucun cas le faire dans la panique et la précipitation, ni se débattre. Urs Seleger précise: «Il ne faut pas non plus frapper l’eau avec les mains et crier. Car on n’obtient l’inverse de l’effet escompté: on continue d’attiser l’intérêt de l’animal pour nous.» En revanche, il faut s’éloigner du requin en position verticale et ne pas le quitter des yeux.

La mer Rouge n’est pas dangereuse

Une attaque de requin reste possible, mais statistiquement, cela représente extrêmement peu de cas d’interactions entre les hommes et cet animal. «Il ne faut pas oublier: dans le monde, il y a en moyenne huit accidents mortels de requins par an, rappelle l’expert. Si l’on compare cela avec les millions de personnes qui se trouvent en mer dans le monde entier, cela représente une part infime d’accidents.»

Il ne pense donc pas qu’il soit judicieux d’interdire la baignade en mer Rouge. Ni pour le site touristique où les deux incidents ont eu lieu. «Ce n’est pas parce que ces accidents se sont produits maintenant que je classerais l’endroit comme dangereux pour autant.» Urs Seleger est également convaincu que les incidents n’ont qu’un impact minime, voire nul, sur le tourisme local. «Et si c’est le cas, ce ne sera qu’à très court terme.»

Il y a des moments qu’il faut toutefois absolument éviter si l’on veut se baigner: «Au crépuscule et par mauvaise visibilité. Les requins sont alors à la recherche de nourriture. Ou bien lorsque les bateaux de pêche reviennent de la pêche et jettent des déchets à l’eau.»

Laisser aux animaux leur espace

Il faut également faire attention dans les embouchures de rivières, pointe encore l’expert: «Car c’est là que s’accumulent les déchets humains – et c’est pour cela que le requin s’y trouve. Ne pas aller dans l’eau à cet endroit est une question de respect de la nature.» Il faut laisser aux animaux leur espace, «car les requins ont aussi besoin de se nourrir, comme nous» justifie Urs Seleger.

Ce dernier tient à insister sur le fait que les requins sont en principe très prudents et craintifs. «C’est pourquoi cela me dérange aussi que le requin soit représenté et perçu dans la société comme un meurtrier et un monstre.»

Il faut dire que le squale n’a pas bonne presse dans la culture populaire. Des «Dents de la mer» à «The Shallows», le cinéma s’est fendu d’une multitude de représentations négatives des requins.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

«La plupart des gens trouvent qu’il a l’air dangereux avec sa taille et ses dents, explique l’homme de 64 ans. Pourtant, le requin est le maillon supérieur de la chaîne alimentaire marine et joue un rôle décisif dans l’équilibre écologique de la mer.»

Urs Seleger en est convaincu, ces attaques ne pénaliseront pas son commerce et l’attrait de ses excursions pour les plongeurs. «Car mes clients savent généralement évaluer correctement les situations avec les requins et se réjouissent de pouvoir observer ces magnifiques animaux.»

* Nom connu

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la