Amante et stratège de l'ombre
Sarah Knafo, celle qui murmure à l'oreille d'Eric Zemmour

Sans elle, «il n'y aurait pas eu de campagne», dit Eric Zemmour. L'énarque Sarah Knafo, compagne et conseillère de l'ombre du candidat d'extrême droite est omniprésente à ses côtés, au risque parfois de crisper son propre camp.
Publié: 14.01.2022 à 10:02 heures
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Dernière mise à jour: 14.01.2022 à 11:05 heures
Le candidat d'extrême droite à la présidentielle Eric Zemmour et Sarah Knafo, sa compagne et conseillère, le 5 décembre 2021, lors d'un meeting à Villepinte, en banlieue parisienne
Photo: Julien de Rosa

Pour mener campagne, la haut-fonctionnaire de 28 ans s'est mise en disponibilité de la Cour des comptes, où son engagement politique a suscité un certain «émoi», selon un témoin.

Dans l'équipe d'Eric Zemmour, la «directrice de la stratégie» - son titre dans l'organigramme - est de toutes les réunions clés et de tous les déplacements, jusqu'à soigner les détails les plus anodins, comme la part de galette que le candidat Reconquête ! partageait avec des agriculteurs il y a une semaine dans la Beauce.

Mercredi soir, il a clarifié sa relation avec la jeune femme brune. C'est «ma collaboratrice, ma compagne. Il n'y aurait pas eu de campagne sans Sarah Knafo. On s'arrêtera là», a souligné sur BFMTV l'ex-polémiste - qui est toujours marié avec une avocate, avec laquelle il a eu trois enfants -, et appelle au respect de sa vie privée.

C'est durant ses études à Sciences Po Paris que Sarah Knafo, née en banlieue parisienne, commence à tisser son réseau.

Membre de l'UNI, syndicat étudiant de droite, elle s'implique surtout dans l'association souverainiste «Critique de la raison européenne» qui reçoit des personnalités politiques, dont Hubert Védrine.

«Elle appartenait alors à la famille souverainiste de droite classique. Elle est très cultivée, avec un culot d'enfer. Je ne sais pas très bien où tout ca va atterrir mais on n'a pas fini d'entendre parler d'elle», pense l'ancien ministre socialiste, interrogé par l'AFP.

Un condisciple de Sciences Po décrit une fille «intelligente, bosseuse», mais aussi une «intrigante», qui «n'hésite pas à cacher un peu les choses pour avancer».

En 2015, grâce à un stage auprès du député de droite Didier Quentin, elle se rapproche de l'ex-conseiller de Nicolas Sarkozy et député Henri Guaino. Jusqu'à créer «les jeunes avec Guaino», une «structure assez informelle» pour tenter une campagne présidentielle en 2017 autour d'une candidature «qui n'a pas prospéré», selon un proche.

«Elle percute très très vite»

Durant son passage à l'Assemblée, «on a su qu'on avait affaire à un sujet brillant. Elle percutait très très vite. Son modèle, c'était Marie-France Garaud», la conseillère de l'ombre de Jacques Chirac, raconte un attaché parlementaire.

Elle rentre à l'ENA à sa deuxième tentative, dans la promotion Molière, qu'elle suggérait en vain de baptiser promotion Bonaparte. Ce sera finalement le surnom de sa colocation avec des camarades de l'école.

Puis devient magistrate à la prestigieuse Cour des comptes, où elle continue d'étoffer son carnet d'adresses. Les dîners s'enchaînent dans son appartement parisien entre thuriféraires de «l'union des droites» dont Eric Zemmour, qu'elle connaît de longue date par l'intermédiaire de ses parents.

En 2019, Sarah Knafo est ainsi à la manoeuvre lors de la convention de la droite qui réunit à Paris Robert Ménard, Marion Maréchal et Eric Zemmour.

«Sarah est impressionnante, avec des capacités organisationnelles assez incroyables» et sait «rebondir dans le temps très rapide et changeant d'une campagne», loue Stanislas Rigault, le responsable du mouvement de jeunesse du candidat.

Une grande partie de l'équipe d'Eric Zemmour est venue par son intermédiaire, comme le préfet Gilbert Payet, auprès duquel elle avait fait son stage de l'ENA dans les Pyrénées-Atlantiques.

Durant la précampagne cet automne, son omniprésence et sa proximité avec le futur candidat ont parfois fait grincer quelques dents. «Personne ne peut dire, c'est pas bon Sarah. Le problème, c'est que ce n'est pas la campagne de Sarah Knafo, mais celle de Zemmour», pestait un membre de l'entourage.

Depuis, l'équipe s'est agrandie avec l'arrivée du général Bertrand de la Chesnais, ancien candidat soutenu par le RN aux municipales de Carpentras, choisi comme directeur de campagne.

«On avait besoin d'une meilleure coordination. On a commencé avec une équipe resserrée où Sarah Knafo jouait ce rôle. Mais ce n'était plus jouable» quand «les déplacements se sont multipliés», explique-t-on en interne.

Son engagement auprès d'Eric Zemmour et ses positions radicales inquiètent certains proches. «Je l'ai mise en garde à plusieurs reprises sur les conséquences pour sa jeune carrière. Mais les conseils n'engagent que ceux qui les écoutent», dit l'un d'eux.

(AFP)

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