Alliance de gauche historique
Après d'âpres débats, le parlement du PS adopte l'accord avec LFI

Jeudi soir, les parlementaires socialistes ont accepté à une majorité de 62% l'accord avec la formation de Jean-Luc Mélenchon. Plus de 80 ans après le Front populaire, la Nouvelle union populaire écologique et sociale rêve de la majorité à l'Assemblé nationale.
Publié: 06.05.2022 à 07:08 heures
L'ancien président François Hollande a «récusé l'accord sur le fond et les circonscriptions».
Photo: AFP

Le Conseil national du PS a adopté à 62% jeudi soir l'accord avec LFI pour les élections législatives de juin, un changement d'orientation historique, au terme de débats parfois tendus qui ont en partie prolongé la fronde déjà engagée de figures du parti. L'accord a été adopté par 167 voix pour, 101 contre, et 24 absentions.

Les débats ont duré quatre heures et ont fait alterner partisans et opposants de l'alliance LFI, EELV et PCF pour les législatives des 12 et 19 juin.

«C'est un moment de clarification, ce vote dit à quel espace politique nous appartenons», «à gauche» et pas avec Emmanuel Macron, a conclu le premier secrétaire Olivier Faure depuis le siège d'Ivry-sur-Seine.

«Mitterrand, c'était ça la radicalité, et pourtant nous l'avons fait», s'est exclamé Olivier Faure. «À force de dire que nous sommes un parti de gouvernement, nous pouvons oublier nos propres racines, qui sont en partie dans la radicalité».

Des positions très mitigées au sein du PS

Le porte-parole Pierre Jouvet a rapporté la façon dont se sont déroulées les tractations qu'il a menées avec LFI, et a justifié les compromis passés: «Il n'est pas forcément évident pour les derniers rentrants (le PS) de ne pas accepter le cadre proposé» sur les circonscriptions, le programme et la stratégie.

La maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, cheffe du courant minoritaire, s'est insurgée: «L'accord que vous avez négocié demande de nous excuser, de faire repentance, de nier une partie de notre histoire».

Le sénateur du Val-d'Oise, Rachid Temal, aussi opposé à l'accord, a tonné à propos de certains candidats dissidents qui ne manqueront pas de se déclarer après le vote: «Il va falloir que Jean-Luc Mélenchon accepte l'insoumission. Soyez candidats si vous le souhaitez, c'est ça l'insoumission».

Une autre sénatrice, Laurence Rossignol, a soutenu l'accord, arguant: «Il nous remet dans la gauche, nous en étions sortis. Nous n'étions plus fréquentables». Avant de tenter de rassurer: «LFI n'est pas la force centrale de la gauche, elle est temporairement dominante, c'est un moment à passer».

70 circonscriptions pour les Socialistes

Selon la liste consultée par l'AFP, sur les 70 circonscriptions obtenues, une bonne vingtaine sont gagnables. Mais les circonscriptions de trois sortants ont été sacrifiées: David Habib dans les Pyrénées-Atlantiques, Christian Hutin dans le Nord (qui ne souhaitait pas se représenter) et Michèle Victory dans l'Ardèche. Auxquelles s'ajoute la première circonscription dans la Loire de Régis Juanico (Générations), que le PS pensait récupérer. L'Assemblée sortante compte vingt-six députés PS, plus trois apparentés.

Malgré des «réserves concernant l'Europe», la maire de Lille, Martine Aubry, figure historique du PS, a soutenu l'accord, estimant que «les électeurs de gauche ont exprimé lors du premier tour des élections présidentielles une forte aspiration au rassemblement et à l'unité».

François Hollande opposé à l'accord

La direction socialiste fait toutefois face à la fronde de personnalités du parti. L'ancien président François Hollande a «récusé l'accord sur le fond et les circonscriptions», tandis que son ancien Premier ministre, Bernard Cazeneuve, a mis sa menace à exécution en quittant le parti. Un autre ex-chef du gouvernement, Jean-Marc Ayrault, a déploré auprès de l'AFP un «rafistolage» et une «forme de démission» qui risque de fracturer le PS.

Ils s'offusquent tous d'une alliance avec un Jean-Luc Mélenchon antagoniste historique du PS. Mais aussi de l'inclusion dans l'accord de la «désobéissance» aux traités européens en cas de blocage pour appliquer le programme, ou encore de nombreuses mesures sociales qu'ils estiment impossibles à financer.


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