Les feux ont repris dans plusieurs régions en France. Dans les Landes comme en Gironde, les pompiers français vont recevoir de l’aide de leurs homologues européens pour tenter de reprendre le contrôle sur les flammes.
Ailleurs en Europe, les 1500 pompiers portugais font encore face au ravage de l’incendie dans le géo-parc à Covilha. Ce jeudi encore, des nuages de fumée s’élevaient au-dessus des collines de la ville de Manteigas.
Géo-parc portugais ravagé par les flammes
Les estimations du système européen d’information sur les feux de forêt (EFFIS) sont encore provisoires. Mais la surface brûlée par le gigantesque incendie qui s’est déclaré samedi dans la commune de Covilha, correspond à un dixième des 100’000 hectares de ce géo-parc mondial classé par l’Unesco en 2020.
Jeudi, des colonnes de fumée continuaient de s’élever au-dessus des monts boisés du côté est de la ville de Manteigas, où l’on entendait le va-et-vient des hélicoptères bombardiers d’eau qui s’efforçaient de ralentir la progression des flammes.
«Le feu reste actif malgré une évolution favorable», a commenté le commandant de la protection civile Miguel Cruz lors d’un point presse à la mi-journée.
«Le feu est arrivé de toutes parts»
Depuis samedi, plusieurs versants des montagnes environnantes ont été totalement noircis par le feu, étant désormais recouvertes de pins calcinés. «C’est un peu le désarroi quand on voit ce paysage. Ça donne presque envie de pleurer», témoigne à l’AFP Jonathan Demolin, un touriste français de 35 ans.
Selon les autorités, l’incendie a fait onze blessés légers parmi les pompiers. Un camping et une plage fluviale ont été évacués mercredi et, au total, 26 personnes ont été temporairement déplacées de leurs maisons.
Dans le village voisin de Verdelhos, atteint par l’incendie mardi, les habitants ont vécu des moments de panique. «Le feu est arrivé de toutes parts. On aurait dit qu’il allait engloutir Verdelhos. C’était horrible», se souvient Sandra Marcelino, 43 ans, propriétaire d’un café.
Une gestion des flammes critiquée
Comme elle, de nombreux riverains se montraient très critiques envers le commandement de la protection civile pour ne pas avoir su éviter la propagation du feu sur la plus haute montagne du territoire continental portugais, qui culmine à quelque 2000 mètres.
Le maire de Manteigas, Flavio Massano, a également critiqué les secours, les accusant d’avoir concentré leurs efforts dans la protection des zones où est passé ce week-end le tour cycliste du Portugal, au détriment de la forêt. Dans un communiqué, le Ministère de l’intérieur a reconnu qu’il faudrait analyser la gestion des opérations.
Les feux ont repris partout en France
Outre la reprise du gigantesque incendie de Landiras (plus de 14’000 hectares brûlées), le feu qui s’est déclaré lundi dans l’Aveyron était toujours actif jeudi après-midi, contraignant 500 vacanciers et habitants de Rivière-sur-Tarn et Mostuéjouls à être évacués mercredi soir.
L’un des deux incendies de forêt qui ont ravagé plus de 330 hectares dans le sud du Jura depuis mardi était toujours en cours jeudi matin. En revanche, les deux principaux feux qui ont parcouru plus de 1500 hectares sont désormais fixés dans le Maine-et-Loire.
La commission européenne a annoncé l’envoi de quatre avions de la flotte de l’Union européenne contre les incendies depuis la Grèce et la Suède pour répondre à la demande des autorités françaises.
De l’aide de toute l’Europe
Emmanuel Macron a remercié dans un tweet la «solidarité européenne», louant également l’arrivée de l’aide de l’Allemagne, de la Pologne, de la Roumanie et de l’Autriche.
Varsovie avait annoncé qu’elle allait envoyer 146 sapeurs-pompiers pour combattre les incendies dans le Sud, qui devraient arriver vendredi midi avec 49 véhicules, selon l’Elysée. L’Allemagne envoie 64 pompiers et 24 véhicules prévus dès jeudi soir.
Interrogée sur les critiques concernant le manque de moyens aériens, la cheffe du gouvernement a souligné que la flotte d’hélicoptères bombardiers d’eau était passée de deux en juillet à neuf aujourd’hui et «onze en fin de la semaine».
Deuxième évacuation dans les Landes
Quelque 6800 hectares avaient été ravagés depuis mardi, selon un dernier bilan, obligeant 10’000 personnes à être évacuées dont 2000 dans les Landes, pour la deuxième fois pour certains. Plusieurs habitations évacuées arboraient des banderoles «Merci pour nos maisons» ou «Merci les pompiers» peintes sur des draps blancs.
«On se croirait en Californie, c’est gigantesque…», indiquait à l’AFP, les yeux cernés, Rémy Lahay, pompier professionnel de La Rochelle. En 22 ans de carrière, il n’a jamais vécu cela: «On se fait déborder de partout. Personne ne pouvait s’attendre à ça.»
Plus de 40’000 hectares calcinés
La sécheresse et les températures caniculaires et un air très sec créent toujours un «risque très sévère d’éclosion de feu», selon la préfecture de Gironde. Dans le Sud-Ouest, selon Météo-France, des températures atteignant 35 à 39 degrés sont prévues, voire localement jusqu’à 40 degrés en Nouvelle-Aquitaine. La pluie n’est pas attendue avant dimanche.
Plus de 40’000 hectares ont déjà brûlé cette année en France selon la sécurité civile, voire 50’000 hectares selon des données satellitaires européennes, soit plus de trois fois la moyenne annuelle des dix dernières années, à l’image d’autres pays comme l’Espagne, alors que l’été n’est pas terminé.
La multiplication, l’allongement et l’intensification des vagues de chaleur sont la conséquence la plus immédiate du réchauffement climatique, selon les scientifiques, qui estiment qu’en Europe, le nombre de décès liés au «stress thermique» pourrait doubler au cours du siècle.
(AFP/ATS)