Ces travaux, publiés dans la revue Scientific Reports liée au groupe Nature, établit un lien entre les fumées sans précédent dégagées par les incendies et le trou de la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique. Selon les chercheurs des universités d'Exeter et de Manchester, «des millions de tonnes de fumée et de gaz (...) ont été injectés dans la haute troposphère et la basse stratosphère».
L'accumulation des particules de fumée a entraîné un réchauffement de la basse stratosphère à des niveaux jamais atteints depuis l'éruption du volcan Pinatubo aux Philippines en 1991.
Des niveaux records
En raison de ce réchauffement, les incendies ont étendu le trou de la couche d'ozone qui apparaît chaque printemps au-dessus de l'Antarctique et a «atteint des niveaux records en 2020».
Les feux ont brûlé 5,8 millions d'hectares à l'est de l'Australie de la fin 2019 au début 2020. Ils ont été si intenses qu'ils ont entraîné l'apparition de dizaines de pyrocumulonimbus, des nuages créés par les panaches de fumée.
Les pyrocumulonimbus, que la NASA qualifie de «dragons de nuages cracheurs de feu», sont si puissants qu'ils peuvent influencer la météo locale, provoquant des tornades de feu et des orages.
Des efforts pour rien?
Le trou de la couche d'ozone a été créé par la pollution anthropique, particulièrement par les chlorofluorocarbures (CFC) autrefois émis par de nombreux réfrigérateurs. Au cours des dernières décennies, la coopération mondiale a cependant donné à la couche d'ozone une chance de se reconstituer.
Le Protocole de Montréal, signé en 1987 et ratifié par 195 pays dont la Suisse, a fortement réduit la quantité de CFC dans l'atmosphère, et la couche d'ozone semblait ainsi pouvoir se reconstituer complètement d'ici 2060, selon les estimations de l'ONU.
Cependant, les chercheurs préviennent que l'accentuation du changement climatique va augmenter la fréquence et l'intensité des feux de brousse. De ce fait, des événements similaires - au cours desquels des pyrocumulonimbus projettent de la fumée dans la stratosphère - vont devenir plus probables.
«Les efforts considérables que nous avons déployés pour sécuriser le trou de la couche d'ozone pourraient être contrecarrés par le réchauffement climatique», a expliqué le professeur James Haywood à l'AFP.
(ATS)