Pour les troupes de Vladimir Poutine, les choses sont loin d'aller bien sur le front. Il semble que les forces armées russes ne se soient pas encore remises de leur cuisante défaite à Kherson. Au lieu de contre-attaquer, elles continuent en effet à se mettre à l'abri. L'armée semble même se préparer à de nouveaux échecs, d'après les services secrets britanniques.
Des échecs constants sur le front, le retrait de Kherson, un moral en berne... On a de plus en plus l'impression que la Russie n'a pas les cartes en main pour remporter la guerre. Et c'est apparemment aussi l'avis d'une grande partie de l'élite russe, comme l'a appris le portail d'information critique à l'égard du Kremlin Meduza. Les témoignages l'affirment: pour certains Russes, il est clair que la «vraie» guerre a déjà été perdue.
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Le retrait de Kherson est une honte
Les sources sont des personnes proches non seulement du Kremlin, mais aussi de l'administration présidentielle russe. Elles qualifient le retrait de la ville stratégique de Kherson d'«événement très douloureux». Selon un politicien du parti nationaliste-conservateur Russie unie, l'incident de Kherson est perçu par le peuple comme «une honte et une conséquence du désordre dans l'Etat».
Face à l'accumulation des défaites militaires, l'élite russe se montre de plus en plus inquiète. Elle remet aussi en question «la fermeture totale de la direction suprême du pays». Une source proche du gouvernement a même fait de grandes déclarations. «Nous ne sommes au courant de rien, nous apprenons beaucoup de choses par les nouvelles, aussi bien de l'Ukraine que de l'Occident, assène-t-il. Il semble que nous fassions constamment des concessions et que nous essayions malgré tout de les dissimuler.»
Un homme d'affaires du cercle interne du chef du Kremlin va même plus loin. «Il y a un consensus sur le fait que, d'une certaine manière, nous avons déjà perdu la guerre.» Les gens commenceraient à réfléchir à la manière dont ils veulent vivre leur vie, au lieu de réfléchir à quelle place ils souhaitent occuper à l'avenir, ou aux missions à accomplir. L'informateur en est certain: «Il y aura certainement des voix revanchardes, c'est-à-dire des personnes qui désirent rendre la défaite militaire par la violence.» Il faudrait par ailleurs s'attendre à des demandes de normalisation et de stabilisation, assure-t-il.
Le Kremlin garde espoir
Selon le portail d'information, les représentants de la politique de l'administration présidentielle sont plus optimistes. Le Kremlin continue d'espérer que le consensus présent à l'ouest s'effondre en raison de la crise énergétique. D'autres voix au sein du gouvernement russe imaginent un changement dramatique en Ukraine, comme la démission du président ukrainien Volodymyr Zelensky.
De tels bouleversements pourraient être favorables au Kremlin. Mais Meduza précise que l'on ne sait pas comment les informateurs en arrivent à imaginer de tels scénarios.