Vous est-il déjà arrivé de vous demander si vous étiez un bon coup? Êtes-vous une vraie affaire ou au contraire un peu à la ramasse sous les draps? Et c’est quoi au juste, être un «bon coup»? Afin de trouver des réponses à ces questions existentielles, je décide d’aller me renseigner à la source de toute information vérifiée et saine, j’ai nommé internet. Dans mon moteur de recherche, je saisis donc: «suis-je un bon coup?»
Parmi les résultats (environ 109 000 000 en 0,33 secondes), l’un d’eux retient particulièrement mon attention: «C'est LA question qu'on se pose au moins une fois dans sa vie! pour savoir si vous êtes un bon coup, faites le test!», me promet ce contenu publié en 2018 sur un site féminin bien connu. Assez vite, je constate, à ma grande déception, que le niveau de cliché des questions posées n’a d’égal que les réponses proposées. Bien décidée, pour la science et pour vous, chers lecteurs, à ne pas reculer devant la difficulté, ma limite est cependant atteinte lorsque j’arrive à la question intitulée «Quand votre chéri veut faire l’amour». En premier choix de ce QCM 18+? «Il doit parfois insister pour vous motiver». Ne m’en voulez pas, chers lecteurs, mais c’est à ce moment-là que j’ai finalement cliqué sur la petite croix en haut à droite de mon écran.
Malgré mon abandon prématuré, je retiens néanmoins deux choses qui me semblent importantes: Tout d’abord, lorsqu’on est une femme (hétérosexuelle) et un bon coup, on est apparemment la plupart du temps soumise. Ensuite, pour ravir son partenaire – un étalon forcément toujours d’humeur – il est de bon ton de se montrer lascive, dévergondée ou tout autre terme faisant partie du bestiaire du sexe au féminin (chienne, cochonne, et autres figures de la bassecour). Deux éléments qui, selon la psychologue FSP et sexologue ASPSC Adèle Zufferey, s’observent dans de nombreuses productions pornographiques : «Dans la pornographie hétérosexuelle mainstream, on retrouve le plus souvent des femmes soumises, dominées et qui forcément "adorent ça"». Et d’ailleurs, peu importe la nature de ce «ça». Elles adorent, on vous dit.
Anxiété à tous les étages
Des corps normés, des membres d’une taille dépassant l’entendement, le tout couplé à des rapports interminables où s’enchaînent les positions et les pratiques parfois extrêmes, selon Adèle Zufferey, il est important de rappeler que les clichés véhiculés par ces contenus classés X sont le plus souvent à des années-lumière de la réalité des rapports intimes: «On oublie beaucoup trop souvent que le porno, c’est avant tout du spectacle. Il y a des trucages, des pauses entre les différentes scènes ou encore du dopage chez les acteurs. C’est une déformation complète de la réalité mais que l’on essaie malgré tout d’implémenter dans la vraie vie en se disant: "C’est ça que je devrais faire"», déplore la spécialiste qui évoque le risque, lorsque l’on ne prend pas suffisamment de recul, de développer ce qu’on appelle une anxiété de performance.
Comment être un vrai bon coup ?
Selon Adèle Zufferey, il existe pourtant, loin des clichés angoissants, réducteurs ou sexistes, des caractéristiques qui nous rendent plus à même de donner du plaisir et d’en ressentir.
Respecter le consentement et les limites de l’autre
On ne le répétera jamais assez, en matière de sexe le consentement est crucial. En plus du «non» verbalisé et des situations où il va de soi qu’une personne n’est pas apte à consentir (par exemple lorsque cette dernière dort ou est fortement alcoolisée), Adèle Zufferey insiste également sur l’importance de prêter attention aux signaux non-verbaux: «Si votre partenaire semble soudain se renfermer, apparait sur la défensive ou a un mouvement de recul devant l’un de vos gestes, on appuie sur pause et on fait un point sur la situation».
Communiquer
Parfois injustement moquée, la communication entre les partenaires sexuels comporte pourtant de nombreux avantages: «Verbaliser nos besoins et envies ainsi qu’entendre ceux de l’autre permet de se donner toutes les chances de passer un bon moment ensemble, que l’on soit fous amoureux ou simplement partenaires d’un soir», explique Adèle Zufferey. Et pour convaincre les plus dubitatifs amalgamant communication et rédaction de clauses de contrat venant tuer toute fougue et toute spontanéité, la psychologue propose une métaphore gastronomique : «Imaginez que vous êtes au restaurant et que, sans vous connaitre ni même vous avoir parlé, le serveur vous amène un plat qu’il a choisi pour vous. Vous n’avez même pas vu la carte, n’avez aucune idée de si vous allez trouver ce plat à votre goût et pourtant, vous allez devoir le manger! Plutôt absurde, non?»
Être curieux et créatifs
Selon Adèle Zufferey, être un «bon coup», c’est aussi sortir des sentiers battus, explorer à deux (ou plus si affinités) de nouvelles manières de donner et de ressentir du plaisir: «Il est important de s’autoriser à être curieux en matière de sexe. Chaque personne ayant ses propres scripts et «interrupteurs», oser essayer de nouvelles choses – tout en communiquant ! – permet d’explorer ses goûts, ceux de l’autre et se dire "Ah oui, ça, j’aime bien, ça fonctionne pour moi" ou au contraire "Ah, non, finalement, ça, c'est pas mon truc"», indique la spécialiste qui invite également à élargir nos scripts sexuels: «La pénétration n’est pas une fin en soi! Le sexe oral, les caresses – que l’on appelle souvent de manière assez révélatrice les préliminaires – sont autant de manières de repenser notre vision de ce à quoi un rapport sexuel devrait ressembler».
Souffler, dédramatiser, rire
Si, comme l’affirmait le Conseiller Fédéral d’alors Johann Schneider-Ammann dans une vidéo devenue virale, «rire, c’est bon pour la santé», ne pas trop se prendre au sérieux dans la chambre à coucher peut également nous faire beaucoup de bien. En effet, et on vous l’assure, personne n’est jamais mort après avoir eu une panne d’érection, manqué d’assurance ou même avoir lâché un pet sonore en pleine action. Alors au lieu de paniquer, de se sentir jugé, on n’hésite pas à user de l’humour pour dédramatiser la situation et renforcer la confiance entre partenaires : «Le rire et la complicité permettent d’instaurer un climat de sécurité dans la relation», conclut Adèle Zufferey.