En ce mois d'octobre rose, consacré à la lutte contre les maladies du sein, on évoque moins souvent le cancer de l'ovaire, pourtant potentiellement lié aux mêmes mutations génétiques. Estimé comme étant le neuvième cancer le plus fréquent en Suisse (avec 630 nouveaux cas entre 2013 et 2017), il représente toutefois le sixième plus meurtrier, en raison d'une détection très complexe et fréquemment tardive.
D'après les HUG, les lésions sont découvertes à un stade avancé dans 75% des cas. «Les ovaires ne sont pas des organes faciles à observer, puisqu’ils sont localisés en profondeur et que les intestins, souvent remplis de gaz, empêchent d’avoir une vision nette lors de l’examen gynécologique», nous expliquait le Dr. Apostolos Sarivalasis, médecin cadre associé et responsable de la consultation spécialisée des tumeurs gynécologiques du CHUV, dans un article consacré à ce thème.
Voilà un constat inquiétant, sachant que la maladie peut être agressive et largement asymptomatique à ses stades précoces. Mais il se pourrait qu'une solution simple voie bientôt le jour, sous la forme d'un vaccin.
670'000 francs pour la recherche
Ainsi que l'annonce une équipe de chercheurs de l'université Oxford dans un communiqué de presse diffusé début octobre, un fonds équivalent à 670'000 francs vient d'être dégagé par l'organisation britannique Cancer Research UK, pour le développement d'un nouveau vaccin visant spécifiquement le cancer de l'ovaire. La recherche laboratoire autour du projet devrait durer trois ans environ.
L'idée de base est que le produit injecté indique au système immunitaire des patientes comment reconnaître et attaquer les protéines situées à la surface des cellules cancéreuses, à leurs tout premiers stades.
Ainsi que le notent les responsables de l'étude, le risque de développer un cancer de l'ovaire est 65% plus élevé chez les femmes porteuses d'une mutation génétique BRCA1, et 35% plus élevé pour celles qui portent une mutation du gène BRCA2. Pour rappel, ces deux mutations sont également associées au risque de souffrir d'un cancer du sein. D'après les informations des HUG, la première est héréditaire chez 1 personne sur 400, tandis que la seconde l'est chez 1 personne sur 800.
«Il nous faut de meilleures stratégies de prévention»
Très enthousiaste, le professeur Ahmed Ahmed, responsable de la recherche qui s'intitule OvarianVax, se réjouit de pouvoir proposer de nouvelles solutions aux personnes concernées: «Il nous faut de meilleures stratégies de prévention pour le cancer de l'ovaire, estime-t-il dans le document. Actuellement, les femmes qui portent ces mutations génétiques, et présentent donc un risque très élevé, se voient proposer une chirurgie destinée à retirer les ovaires. Cela prévient le cancer, mais les empêche aussi d'avoir des enfants après l'opération. En parallèle, de nombreux cas de cancer de l'ovaire ne sont pas détectés avant des stages avancés.»
L'opération est généralement conseillée aux femmes porteuses de ces mutations avant l'âge de 35 ans. L'un de ses autres effets, ainsi que le précise le communiqué d'Oxford, est la ménopause précoce. «Le projet OvarianVax pourrait offrir une solution préventive, en premier lieu pour les femmes à risque, mais également de manière plus large, si les essais sont concluants.»
Encore un peu de patience...
Il faudra néanmoins attendre plusieurs années avant qu'un tel vaccin puisse être proposé plus globalement aux femmes. Les prochaines étapes, après les premiers tests, consisteront à déterminer quels profils seraient intéressés par cette option et quelles femmes pourraient bénéficier un maximum du vaccin.
Mais les chercheurs se montrent très optimistes: «OvarianVax se base sur les développements enthousiasmants que nous avons atteints lors du travail sur les vaccins contre le Covid, conclut la responsable de Cancer Research UK, Michelle Mitchell. Il s'agit de l'un de nombreux projets qui pourront, on l'espère, permettre aux femmes de vivre mieux, plus longtemps et libérées de la peur du cancer.»