«Zoom sur le cancer de l’ovaire»: C’est le titre de la conférence organisée le mardi 7 mai 2024 par le Centre des tumeurs gynécologiques du CHUV de Lausanne. Dès 17h30, plusieurs spécialistes en oncologie se rassembleront dans les chaleureux locaux de l’association Ose Thérapies (Rue du Bugnon 8) pour informer les participants quant à cette maladie, moins fréquemment évoquée que le cancer du sein ou du col de l’utérus.
Bien qu’elle reste relativement rare et représente seulement le neuvième cancer le plus fréquent en Suisse, avec 630 nouveaux cas entre 2013 et 2017, elle peut s’avérer agressive: d’après les données diffusées par Swiss Cancer Screening, le cancer de l’ovaire est le sixième plus meurtrier et souvent découvert à un stade avancé (dans 75% des cas, selon les HUG):
«Les ovaires ne sont pas des organes faciles à observer, puisqu’ils sont localisés en profondeur et que les intestins, souvent remplis de gaz, empêchent d’avoir une vision nette lors de l’examen gynécologique, explique le Dr. Apostolos Sarivalasis, médecin cadre associé et responsable de la consultation spécialisée des tumeurs gynécologiques du CHUV. À ce jour, il n’existe pas encore de dépistage efficace de cette maladie, comme on peut l’avoir pour le cancer du col de l’utérus, par exemple, qui est nettement plus simple à détecter de façon précoce, au moyen d’un frottis réalisé chez le ou la gynécologue.»
Si le spécialiste se montre rassurant, soulignant que ce type de cancer n’est pas fréquent et que la recherche progresse de façon très encourageante, ces 4 informations de base méritent tout de même d’être connues:
La maladie est souvent asymptomatique
En effet, le Dr. Sarivalasis rappelle que les stades précoces de la maladie ne suscitent généralement aucun symptôme: «Les premiers signes de la maladie apparaissent le plus souvent lorsque celle-ci a déjà atteint un stade avancé et comprennent notamment des troubles du transit tels que de la constipation ou de la diarrhée, des douleurs dans le ventre ou, lors des stades les plus avancés, la présence d’un liquide dans le ventre appelé ‘ascite’ ou un arrêt du transit qui motive des consultations en urgence.»
Ainsi, puisque ces symptômes évoquent d’autres maladies plus fréquentes, comme des troubles gastro-intestinaux ou le cancer du côlon, les médecins tentent en premier lieu d’exclure ces derniers: «Ensuite, dès que la piste du cancer de l’ovaire est envisagée, les examens permettent de l’identifier très rapidement, au moyen de bilans radiologiques ou d’une éventuelle chirurgie exploratrice», pointe notre expert.
Le principal facteur de risque est l'âge
Bien que les causes exactes ne soient pas encore précisément identifiées, l’âge semble être le plus grand facteur de risque: notre intervenant constate en effet que la majorité des patientes touchées par le cancer de l’ovaire ont généralement entre 50 et 60 ans.
Parmi les autres prédispositions possibles, le CHUV évoque aussi une puberté précoce, une grossesse ou une ménopause tardives ou, dans 15% des cas, un facteur génétique: «Il s’agit des mêmes gènes associés au cancer du sein, le gènes BRCA 1 et 2, liés à un facteur d’hérédité, mais qu’il est possible de dépister de manière préventive si l’histoire familiale suggère un risque», précise le Dr. Sarivalasis. Ainsi, il arrive que femmes concernées par le cancer du sein et porteuses de ce gène se voient proposer une ablation des ovaires préventive, pour empêcher la survenue de la maladie.
Parmi les facteurs pouvant diminuer le risque, les médecins soulignent un mode de vie sain, une alimentation équilibrée, l’arrêt du tabac, la limitation de la consommation d’alcool, une activité physique régulière, une bonne connaissance de ses antécédents familiaux et le fait d’être attentif aux changements de l’état de santé.
«Des études ont souligné que certains types de pilules contraceptives peuvent présenter un effet protecteur contre le cancer de l’ovaire, ajoute notre expert. Or, ce type de recherche doit être pris avec des pincettes, car elles se basent sur des études populationnelles qui ne peuvent refléter une généralité applicable à tout le monde.»
La forme la plus fréquente est agressive
D’après les informations du CHUV, la maladie touche les cellules de la surface externe de l’ovaire dans 90% des cas, tandis que les tumeurs commencent leur développement dans les trompes de Fallope. «Le cancer de l’ovaire peut se présenter sous différentes formes, dont certaines sont moins sérieuses que d’autres, explique notre expert. La plus agressive est le carcinome séreux de haut grade, qui est malheureusement la plus fréquente.»
Ainsi que le précise le spécialiste, on parle du stade 1 lorsque la maladie est localisée dans l’ovaire (ou dans les deux ovaires), de stade 2 lorsqu’elle dépasse les ovaires pour atteindre le pelvis, de stade 3 quand elle touche le ventre (péritoine) et le stade 4 quand elle dépasse le ventre pour atteindre d’autres organes à proximité, dont le foie, ou les viscères dans le ventre.
Il existe des traitements efficaces
Une fois le stade d’avancement identifié, les médecins décident de la meilleure stratégie possible pour traiter la maladie: «Dans certains cas, on peut immédiatement opérer sans causer trop de dégâts, avant de passer à une chimiothérapie adjuvante répartie sur 6 cycles, résume le Dr. Sarivalasis. Or, lorsque la patiente est trop affaiblie ou que la maladie est trop étendue, il arrive qu’elle doive d’abord suivre 3 cycles de chimiothérapie avant qu’on puisse l’opérer. Après la chirurgie, il lui restera donc 3 cycles de chimiothérapie.»
Pour les stades avancés, ces étapes sont suivies d’une «maintenance», au moyen de traitements ciblés qui évitent le retour de la maladie, par la suite. «La fertilité peut être préservée dans certains contextes, dépendamment de l’âge de la personne, du type de cancer de l’ovaire et du stade de la maladie, ajoute notre intervenant. Si la vie de la patiente est en danger, on doit privilégier un traitement non-conservateur, pour maximiser les chances de survie.»
Le spécialiste se montre toutefois optimiste, soulignant que le nombre de cas présente un léger recul ces dernières années, dans toute la Suisse: «En même temps, la mortalité diminue, signifiant que les personnes touchées par cette maladie peuvent, de plus en plus, vivre avec celle-ci. Cela peut en partie être attribué aux avances récentes dans les traitements du cancer de l’ovaire».
Toujours d’après Swiss Screening, environ 40% des personnes concernées étaient encore en vie 5 ans après le diagnostic, entre 2013 et 2017, ce qui équivaut à un taux de survie à 43%. «La recherche continue à faire des progrès considérables et de nouveaux médicaments ne vont pas tarder à être développés, notamment les traitements personnalisés, se réjouit le Dr. Sarivalasis. On espère pouvoir traiter cette maladie avec des moyens plus efficaces et moins éprouvants pour les personnes concernées.»