Que ferais-je, si ça arrivait à mon enfant? Difficile d’esquiver cette question glaçante, alors que les tragédies liées au harcèlement scolaire embrunissent l’actualité. En septembre 2023, un adolescent de 15 ans mettait fin à ses jours près de Paris, après avoir subi des insultes répétées. Le 27 septembre, la Première ministre française Élisabeth Borne révélait son plan interministériel pour faire de la lutte contre le phénomène une «priorité absolue», comprenant des grilles d’auto-évaluation et la confiscation des smartphones des élèves harceleurs.
D’après des études réalisées dans le canton de Vaud, 10% des élèves de 15 ans sont concernés, tandis que 5% admettent avoir intimidé des camarades de classe. Une enquête PISA publiée en 2019 démontrait que 15% des Suisses et Suissesses de 15 ans ont déjà été la cible de moqueries. Sans oublier le cyberharcèlement, qui permet au phénomène de foisonner en dehors des établissements scolaires: une étude réalisée fin 2022 par l’association française e-Enfance révélait que 60% des jeunes âgés de 18 à 25 ans ont déjà été harcelés en ligne.
De nombreuses campagnes de sensibilisation et autres ressources indispensables sont actuellement disponibles pour soutenir et aider les personnes touchées.
Le harcèlement scolaire est une épreuve terrible pour toutes les personnes concernées, dont les parents. Il est donc essentiel de s'entourer de conseils et de soutien, afin d'apaiser la situation au plus vite: «Face à ce phénomène, les parents peuvent mettre en place différentes stratégies, en échangeant avec des enseignants ou d’autres familles d’élèves, note le thérapeute de famille Jon Schmidt. Le réseau joue un rôle très important, car il permet de fluidifier la communication et de se sentir sécurisé par un cadre plus contenant. L’un des outils principaux pour résoudre ce type de cas est la médiation: en effet, lorsque les parents tentent de gérer la situation entre eux, cela ne fonctionne pas toujours.»
De nombreuses ressources sont disponibles aujourd'hui, au niveau cantonal comme au sein des établissements eux-mêmes. Les différents centres LAVI se tiennent notamment au service de personnes victimes d'infractions, tandis que les jeunes peuvent s'adresser aux plateformes d'aide Ciao.ch et 143.
- Le Département de l'instruction publique de Genève met à disposition des contacts et instructions pour les parents et les élèves.
- Le canton de Vaud partage des études et diverses ressources, soulignant notamment l'efficacité de la méthode de la préoccupation partagée (MPP), une approche «non-blâmante» destinée à «minimiser les risques de stigmatisation et de représailles», permettant de «briser l'effet de groupe par de brefs entretiens individuels avec les autres élèves et de faire en sorte que la situation de souffrance cesse pour l'élève-cible.»
- Le canton de Neuchâtel a mis en place diverses campagnes de sensibilisation et programmes de prévention dédiés à la lutte contre le harcèlement scolaire. Le Centre d'accompagnement et de prévention pour les professionnels des établissements scolaires (CAPPES) joue également un rôle central.
- Du côté de Fribourg, des instructions et redirections vers le centre cantonal LAVI et la brigade des mineurs de la police cantonale sont à disposition sur le site du canton.
- Promotion santé Valais a réalisé une large étude en 2019, dont les résultats sont disponibles en ligne. Vous y trouverez aussi des ressources axées sur le cyberharcèlement.
- Un dispositif de prévention, des contacts utiles ainsi qu'un plan d'action pour les élèves et leur entourage peut être consulté sur le site du canton du Jura.
- Le canton de Berne a dédié un flyer (en langue allemande) à cette question et redirige les personnes concernées vers le Service psychologique pour enfants et adolescents.
Le harcèlement scolaire est une épreuve terrible pour toutes les personnes concernées, dont les parents. Il est donc essentiel de s'entourer de conseils et de soutien, afin d'apaiser la situation au plus vite: «Face à ce phénomène, les parents peuvent mettre en place différentes stratégies, en échangeant avec des enseignants ou d’autres familles d’élèves, note le thérapeute de famille Jon Schmidt. Le réseau joue un rôle très important, car il permet de fluidifier la communication et de se sentir sécurisé par un cadre plus contenant. L’un des outils principaux pour résoudre ce type de cas est la médiation: en effet, lorsque les parents tentent de gérer la situation entre eux, cela ne fonctionne pas toujours.»
De nombreuses ressources sont disponibles aujourd'hui, au niveau cantonal comme au sein des établissements eux-mêmes. Les différents centres LAVI se tiennent notamment au service de personnes victimes d'infractions, tandis que les jeunes peuvent s'adresser aux plateformes d'aide Ciao.ch et 143.
- Le Département de l'instruction publique de Genève met à disposition des contacts et instructions pour les parents et les élèves.
- Le canton de Vaud partage des études et diverses ressources, soulignant notamment l'efficacité de la méthode de la préoccupation partagée (MPP), une approche «non-blâmante» destinée à «minimiser les risques de stigmatisation et de représailles», permettant de «briser l'effet de groupe par de brefs entretiens individuels avec les autres élèves et de faire en sorte que la situation de souffrance cesse pour l'élève-cible.»
- Le canton de Neuchâtel a mis en place diverses campagnes de sensibilisation et programmes de prévention dédiés à la lutte contre le harcèlement scolaire. Le Centre d'accompagnement et de prévention pour les professionnels des établissements scolaires (CAPPES) joue également un rôle central.
- Du côté de Fribourg, des instructions et redirections vers le centre cantonal LAVI et la brigade des mineurs de la police cantonale sont à disposition sur le site du canton.
- Promotion santé Valais a réalisé une large étude en 2019, dont les résultats sont disponibles en ligne. Vous y trouverez aussi des ressources axées sur le cyberharcèlement.
- Un dispositif de prévention, des contacts utiles ainsi qu'un plan d'action pour les élèves et leur entourage peut être consulté sur le site du canton du Jura.
- Le canton de Berne a dédié un flyer (en langue allemande) à cette question et redirige les personnes concernées vers le Service psychologique pour enfants et adolescents.
Un sujet difficile à aborder
Il n’est toutefois pas facile d’identifier le phénomène, sachant que l’adolescence n’est pas une période particulièrement propice aux échanges avec les parents: «Il s’agit de l’âge où l’enfant construit sa sphère d’intimité, passe un degré important dans son autonomie et interroge beaucoup sa propre capacité à se sentir responsable, rappelle Jon Schmidt, psychologue et psychothérapeute FSP, auteur d’«Adolescence en quête de sens?'» (Éd. LEP).
Pour le thérapeute, lorsqu’il est confronté à un problème, l’ado aura tendance à se dire qu’il est assez grand pour se débrouiller tout seul ou trouver de l’aide auprès de ses amis: «Beaucoup d’informations ne sont ainsi pas partagées, car l’ado peut se convaincre que si ça tourne mal, il est en partie responsable. En réaction, il peut en arriver à se culpabiliser et finit par se replier sur lui-même.» Heureusement, il est souvent possible de rétablir la communication, en suivant quelques recommandations d’experts.
Des changements brusques
Sautes d’humeur, irritabilité soudaine, vagues d’émotions, envie de s’enfermer dans sa chambre… Les ados traversent des tourbillons bouleversants propres à leur âge, vissés à leurs smartphones et adeptes des réponses brèves aux flots de questions des adultes.
«Il arrive malheureusement que des cas de harcèlement passent sous le radar, mais, en général, certains signes peuvent nous alerter», ajoute le thérapeute de famille. Parmi eux, on compte notamment des changements dans l’hygiène de vie de l’enfant, avec des difficultés à dormir et un désintérêt pour les activités qui l’enthousiasmaient auparavant.
«Dans certains cas, l’enfant décroche scolairement, pouvant atteindre des situations de phobie, où l’ado est terrifié de se rendre à l’école, poursuit Jon Schmidt. Par contre, les doutes, les questionnements et les humeurs changeantes sont normales et font simplement partie de l’adolescence!»
En d’autres termes, un enfant qui reste dans une position d’ouverture et partage autant que d’habitude ne présente pas un comportement alarmant, même si ses propos ne concernent pas directement ses vécus ou ressentis. Ce sont donc les changements réellement abrupts et soudains qui pourraient susciter l’inquiétude des parents et justifier de passer à l’action.
Dans notre précédent article consacré à la communication avec les ados, le spécialiste soulignait l’importance de ne pas brusquer l’enfant lorsqu’il raconte les difficultés qu’il traverse, de maintenir la confiance et de l’informer avant d’agir, afin qu’il ou elle puisse participer à la suite des événements.
Et si c’est mon enfant qui harcèle?
Jon Schmidt souligne par ailleurs que ces mêmes signaux peuvent aussi caractériser une situation inverse, dans laquelle l’ado se retrouve dans un groupe de pairs responsable du harcèlement d’un camarade. Ce type de cas est cependant difficile à identifier, puisque le phénomène nait de différents facteurs, impliquant également une souffrance:
«Le harcèlement se qualifie par un déséquilibre au niveau du nombre, précise le psychologue. Une victime est esseulée, face à la ‘meute’. Cela le rend très difficile à comprendre, puisqu’on ne peut savoir qui a commencé: un groupe ne s’abat pas subitement sur un pair sans aucune raison, il y a toujours un déclencheur, même s’il s’agit d’un événement insignifiant.»
Alors, comment réagir si on découvre que notre enfant est impliqué dans un cas de harcèlement scolaire? «En tant que psychothérapeute travaillant avec des enfants, je déconseille de limiter le discours à la dimension juridico-légale du harcèlement. Rappelons qu’il s’agit de jeunes personnes qui font des erreurs et ne possèdent pas encore tous les codes relationnels. Si notre enfant est soupçonné de harcèlement, le mieux est d’essayer de comprendre comment il ou elle en est arrivé là, afin de l’aider.»
Le but n’est évidemment pas de dédramatiser ce comportement, ni la souffrance de la victime, mais d’identifier ce qui a pu déclencher la situation, dans le but de prévenir des cas similaires: «En tant que parent, on aura tendance à culpabiliser, à se demander ce qui a bien pu échapper à notre vigilance, constate le thérapeute. Il faut se remettre en question, certes, mais sans poser un regard condamnant, ni sur soi-même, ni sur l’enfant. C’est un chemin d’apprentissage.»