Selon une nouvelle étude
Comment aller chez le psy peut vous aider à trouver l'amour

Un sondage américain montre que l’écrasante majorité des gens préféreraient sortir avec quelqu’un qui a suivi une thérapie. Blick en a discuté avec Stephen Vasey, sociologue et thérapeute de couple.
Publié: 06.11.2023 à 15:55 heures
Seloon une nouvelle étude, 92% des Américains disent préférer avoir un rendez-vous galant avec quelqu’un qui voit un psy.
Photo: Shutterstock
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Margaux BaralonJournaliste Blick

Il fut un temps où aller voir un psy était encore quelque chose d’un peu honteux, qu’on avait tendance à passer sous silence, voire à nier vigoureusement. Mais l’époque a changé. La thérapie n’est plus associée à un manque de stabilité ou de graves problèmes psychologiques et prendre soin de sa santé mentale est même devenu… sexy. Selon un sondage, commandé par l’application de rencontre Pure aux États-Unis, 92% des Américains disent préférer avoir un rendez-vous galant avec quelqu’un qui voit un psy. Une étude similaire, menée par l’application Hinge il y a un an, arrivait à la même conclusion: 91% de répondants voyaient d’un meilleur oeil un date avec quelqu’un suivant une thérapie. 

Et loin de le cacher, on aurait alors tout intérêt à revendiquer le fait d’être suivi par un professionnel. Plus de la moitié des sondés par Pure (53%) déclarent être plus enclins à interagir avec quelqu’un qui mentionne avoir suivi une thérapie sur son profil d’application de rencontre. Un sur deux trouve même attrayant d’aborder le sujet dès le premier rendez-vous — et seulement 4% jugent au contraire que c’est un signal d’alarme. Sur Tinder, en 2021, toujours aux États-Unis, la mention «stable émotionnellement» sur un profil avait augmenté de 12%; «mature émotionnellement» de 41%.

«Parler est incontournable dans tous les domaines»

Stephen Vasey, sociologue, gestalt-thérapeute (une méthode née dans les années 1950) et auteur de «Laisser faire l’amour», n’est pas très surpris par ces chiffres. «Quand on a fait une thérapie et qu’on a dû parler à quelqu’un dans un endroit sûr, on sait mettre des mots sur les choses.» Or, «de nos jours, parler est devenu incontournable, dans tous les domaines, privé comme professionnel», observe le spécialiste. «En entreprise par exemple, on se rend compte de l’importance de l’intelligence émotionnelle. Communiquer permet de négocier, de prendre sa place et de donner une place à l’autre.»

Et le même mécanisme se joue au sein du couple. «Parler, c’est donner accès à l’intérieur de soi», rappelle Stephen Vasey. Avec quelqu’un qui a appris à communiquer, «l’échange et le partage sont plus riches». Et c’est bien ce qu’anticipent les personnes qui valorisent à ce point le fait d’avoir suivi une thérapie.

Plus important pour les femmes

Selon l’expérience empirique du thérapeute, il existe cependant une grosse différence selon le genre. «La demande d’un travail sur soi pour avoir une bonne communication est massivement faite par les femmes. Savoir que l’homme a fait une thérapie, donc qu’il s’est regardé fonctionner, a eu des questions sur lui-même, est clairement perçu comme un avantage.»

Une différence liée au fossé qui subsiste encore entre la socialisation des unes par rapport à celle des autres. Pour schématiser, les petites filles sont encouragées à verbaliser, pas les petits garçons. «Je le vois tous les jours, les hommes ont plus de peine à parler. 80% des clients sont des clientes pour les psychothérapies individuelles», reprend Stephen Vasey. Les hommes ont d’ailleurs longtemps «revendiqué le fait qu’ils n’avaient pas envie de parler», et circonscrit l’intimité à la sexualité. «Désormais, cela change et c’est une bonne chose», estime le sociologue. «Car le risque, si les hommes ne parlent pas, c’est qu’ils passent aux actes, en faisant par exemple usage de la violence, le dernier langage qui nous reste, contre les autres ou contre eux-mêmes.»

Faut-il pour autant attendre de celles et ceux qui ont suivi une thérapie qu’ils soient des conjoints parfaits? Stephen Vasey invite à la prudence. «Il faut être humble concernant le travail sur soi. Cela va lentement, c’est un parcours en dents de scie, avec des retours en arrière. L’espoir que cela suscite peut engendrer de la déception.» Pas question non plus de pousser de force l’objet de son affection sur un divan. «Le mieux, c’est d’inviter la personne à consulter. Mais ça ne doit pas être une pression.» Sexy, donc, la thérapie? Le thérapeute préfère utiliser un autre terme: «C’est rassurant.»

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