Dès que l’hiver pointe le bout de son nez, l’histoire se répète pour Chloé Arnera, lausannoise de 34 ans. «Chaque année, c’est la même chose. Je me sens déprimée et hyper fatiguée dès le mois de novembre. Une grande lassitude me gagne. Je me sens plus fragile et facilement débordée. Résultat: dès que je rentre du boulot, j’enfile mon pyjama et me mets devant Netflix. J’ai horreur du froid, je préfère rester au chaud chez moi.»
Un comportement tout à fait normal selon le Pr Gérard Waeber, co-auteur avec Elizabeth Gordon du petit ouvrage «J’ai envie de comprendre la fatigue» (aux éditions Planète Santé): «Le raccourcissement des jours a un impact délétère sur le sentiment de fatigue. L’exposition à la lumière provoque des stimulations cérébrales qui sont positives pour maintenir l’éveil et favorise le maintien d’un rythme circadien adéquat sur le plan du sommeil.»
À cette fatigue hivernale viennent s’ajouter d’autres éléments qui peuvent miner le moral et donner l’envie de se rouler en boule sur son canapé. Si certains restent émerveillés par la magie et les lumières de Noël, d’autres ressentent du stress, voire de l’anxiété à l’approche des grandes réunions familiales comme en témoigne Marine Dumas, française installée à Lausanne depuis dix ans. «J’ai peu de motivation en hiver. Je suis fatiguée dès le réveil, je réfléchis à deux fois lorsqu’on me propose une sortie alors que d’ordinaire, j’ai une vie sociale plutôt remplie. Et l’imminence des fêtes de famille me stresse. La projection d’y aller, de devoir m’organiser, de trouver des cadeaux «made in Switzerland» pour faire plaisir à mes proches me fatigue d’avance.»
Les fêtes de famille, une source d’épuisement
Les fêtes de famille, une source d’épuisement? Magali Volery, psychologue, responsable de la Commission Psychothérapies de l’AGPsy – Association Genevoise des Psychologues répond: «La période de Noël peut exacerber le sentiment de solitude. Se réunir autour d’un repas avec ses proches sous-entend qu’il faudrait être uni, s’entendre avec tout le monde, etc. Or, ce n’est pas forcément la réalité. On se compare et on finit par ressentir une forme de pression sociale. Cette injonction au bonheur et à la fête peut miner le moral et nous faire ressentir un immense sentiment de solitude. On se met à déprimer et la fatigue devient alors un syndrome d’un état dépressif. De plus, la période allant des vacances d’été à fin décembre est très longue, il y a peu d’interruptions pour souffler. D’où le sentiment de se retrouver sur les rotules.»
Remède miracle?
Sommes-nous donc condamnés à vivre cette fatigue hivernale? Y a-t-il un remède efficace pour galoper jusqu’au printemps? «Il n’y a pas de solution miracle. Si c’était le cas, j’aurais déjà reçu un Prix Nobel, s’amuse le Pr Gérard Waeber. Il faut faire appel à son bon sens. Pas trop d’abus caloriques, pas trop d’alcool, aérez-vous et exposez-vous à la lumière. Allez à la montagne pour faire le plein de soleil et de vitamines D. Pratiquez une activité physique raisonnable. Il est peu utile d’ingérer des suppléments vitaminiques sauf si des carences avérées ont été diagnostiquées par un médecin.»
Et pour la tête? «On se fiche la paix et on arrête de se mettre de la pression répond la psychologue Magali Volery. Il faut écouter ses besoins. Si on a des conflits avec ses proches, il ne faut pas se forcer à répondre aux attentes familiales. On peut passer un très bon Noël en allant au cinéma ou dans un spa comme les Bains Bleus et vivre ce jour comme un autre. On peut être solidaires avec toutes les personnes qui travaillent ce jour-là. Et pour venir à bout de cette déprime hivernale, il faut tenter de faire une activité par jour tout en gardant en tête que le rythme ralentit. C’est aussi une occasion de faire des activités à la maison comme des puzzles ou des jeux de société.»
Vous l’aurez compris, pas de poudre perlimpinpin pour venir à bout de cette fatigue hivernale mais une dose de bon sens, une louche de bienveillance, de la lumière et un peu d’activité physique. La combinaison gagnante pour démarrer l'année prochaine sur les chapeaux de roue.
En collaboration avec Large Network