Après une extravagante assiette de pâtes, pour accompagner une part de gâteau ou pour clore une journée stressante, la tisane intervient comme une couverture chaleureuse qui enveloppe l'estomac avec douceur. Elle a d'ailleurs le bon goût de mêler le réconfort associé à l'hiver et la puissante magie des plantes, qui foisonnent avec enthousiasme au printemps.
Si vous possédez la main verte, un balcon tapissé de fleurs ou même un luxuriant potager, vous avez sans doute effleuré l'idée de réaliser vos propres tisanes, adaptées à vos besoins et dépourvues du moindre sachet, boîte en carton ou enveloppe plastifiée. Et il n'est même pas nécessaire de passer un semestre à Poudlard pour concocter ces potions bienfaisantes, souvent très simples: d'après les herboristes, l'exercice s'avère beaucoup plus facile qu'on pourrait le croire, à condition de garder en tête les possibles contre-indications et de s'adresser à une ou un professionnel avant d'allumer la bouilloire.
À l'aube titubante du printemps, alors que les plantes en pot tendent leurs bras feuillus vers l'été qui approche, voici quelques conseils proposés par deux droguistes, afin de se prendre pour de véritables fées des bois:
Quelles plantes peut-on cultiver à la maison?
Si vous rêvez de suivre le processus du début à la fin, pour admirer la croissance d'une minuscule graine plantée avec soin, il est préférable de commencer par des spécimens doux et résistants: «Lorsqu’il s’agit de cultiver des plantes chez soi, je recommande généralement de commencer par des choses simples qui poussent facilement», explique Rino Cassano, qui tient le magasin L'Herboriste, à Lausanne. Parmi celles-ci, notre intervenant en cite quatre, dont les propriétés sont bien connues et souvent très recherchées par les fans d'infusions:
- La menthe, susceptible d'apaiser la digestion et soutenir le foie.
- La verveine odorante, très bénéfique après un repas copieux.
- Le romarin, qui agit comme un stimulant et peut booster le foie (attention toutefois à ne pas en boire plus de 3 tasses par jour, au risque de voir la pression artérielle augmenter).
- La mélisse, qui possède un effet relaxant et calmant, idéal avant de se coucher. D'après une étude parue en 2019, les effets sur le sommeil sont bénéfiques, avec une bonne tolérance générale.
«Ces quatre plantes-là ne posent pas de risque pour une culture à domicile et peuvent aussi se mélanger, selon les goûts de chacun», précise notre intervenant. Si vous craignez que vos nouvelles cultures ne survivent pas jusqu'à l'été, ces conseils pourraient vous aider à protéger vos plantes aromatiques.
En outre, Joëlle Robert, droguiste chez Sylvie Pollien à Lausanne, cite également le thym, le basilic, l'origan ou encore la lavande. «On les trouve facilement dans nos jardins et au marché, mais il faut être conscient qu'il existe différentes variétés pour la plupart de ces plantes», précise-t-elle. Pour cette raison, n'hésitez jamais à vous adresser à des professionnels au moment d'acheter vos graines et vos pots, ou de vous rendre dans une boutique spécialisée.
Quelles plantes faut-il acheter?
Hormis ces précieux basiques, il est facile de se procurer une ribambelle d'autres ingrédients idéaux pour des tisanes maison, dans des drogueries ou herboristeries. Sur place, on peut acheter les plantes elles-mêmes, ou demander un mélange fait sur mesure par un professionnel, selon vos besoins: «Je vends beaucoup de plantes qui agissent sur le stress, car beaucoup de clients cherchent à lutter contre la nervosité ou les insomnies, note Rino Cassano. J’utilise souvent la passiflore, qui possède un léger effet anxiolytique, que je mélange au houblon et à la camomille pour réaliser un mélange qui favorise le sommeil.» Plus difficiles à faire pousser chez soi, elles sont toutefois trouvables en magasin.
L'herboriste constate par ailleurs que la camomille allemande est très appréciée pour ses qualités anti-inflammatoires, tandis que la mélisse, la fleur d'oranger ou les fleurs d'artichaut, qui facilitent la digestion, rencontrent également un succès florissant. L'idée de se procurer nos tisanes maison auprès de tels établissements peut donc sembler plus accessible, dans la mesure où les plantes sont contrôlées, analysées et recommandées par des spécialistes: «En tant que droguistes, nous sommes soumis à des obligations légales, tout comme les pharmacies, par rapport à la qualité des plantes que nous utilisons dans nos tisanes, dès lors que celle-ci sont revendues et surtout si elles entrent dans une formule propre à indication thérapeutique, nous précise Joëlle Robert. C'est pourquoi nous ne cultivons pas nos propres plantes et ne pouvons utiliser les plantes ayant poussé chez nos voisins.»
À quoi faut-il veiller, en choisissant une tisane?
En effet, qu'on la fasse pousser à la maison ou qu'on la choisisse en droguerie, il convient de rappeler qu'une substance naturelle n'est pas forcément inoffensive, même si l'on a observé sa croissance avec minutie depuis ses tout premiers germes: de nombreuses plantes sont très puissantes et, dans certaines situations, fortement contre-indiquées. «Je conseille de toujours demander conseil, avant de consommer des plantes, prévient Rino Cassano. La réglisse, par exemple, est déconseillée aux personnes touchées par l’hypertension, dans la mesure où elle peut augmenter la pression artérielle. Il ne faut donc pas en abuser, ni dépasser deux ou trois tasses par jour. De même, si vous prenez des anticoagulants, il ne faut pas consommer de l’écorce de saule, car celle-ci risque de décupler l’effet du médicament. Ce genre de contre-indication est courant et complexe, c’est pourquoi l’avis d’un professionnel est essentiel.»
Pour Joëlle Robert, il n'existe pas de plante qui n'ait absolument aucune contre-indication: «Tout est question de dosage, pointe la droguiste. Par exemple, la sauge officinale est contre-indiquée durant la grossesse et certaines variétés de plantes contiennent des phénols toxiques pour le foie à hautes doses, il est donc recommandé d'utiliser certaines d'entre elles en associations avec d'autres plantes plus douces et d'en boire jusqu'à 3 tasses par jour.» Comme il est impossible de connaître par cœur chaque effet potentiel d'une plante consommée ou infusée, le mieux est effectivement de s'adresser à un professionnel, avant la culture ou l'achat, en lui exposant notre situation personnelle.
Pour une consommation sans risque, notre intervenante cite notamment la mauve (malvae sylvestris), le soucis (calendula officinalis), basilic, (occimum basilicum), marjolaine (origanum majorana), verveine (verbena officinalis), mélisse (melissa officinalis).
