Son cercueil a été exposé durant toute la matinée à la cathédrale de La Canée, où un flot ininterrompu de Crétois est venu se recueillir.
«La Crète accueille aujourd'hui le dernier voyage du grand ambassadeur de la Grécité», a déclaré le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis. «Nous disons au revoir comme il le mérite, au dernier grand Grec du 20ème siècle», a-t-il dit aux médias, avant l'inhumation au cimetière de Galatas.
Une cérémonie en présence de la famille, de la présidente de la République Ekaterini Sakellaropoulou, du Premier ministre et du chef de l'opposition Alexis Tsipras, s'est tenue en l'Eglise Aghios Nikolaos de Galatas, avant que le cortège funéraire ne s'achemine vers le cimetière familial sous les chants et les applaudissements.
Le cercueil de Mikis Theodorakis était arrivé en Crète jeudi matin par bateau, depuis Athènes, où il avait été exposé pendant trois jours à la cathédrale de la capitale grecque.
Lors d'une cérémonie d'adieu mercredi, la présidente de la République avait qualifié Theodorakis de «professeur et modèle». «Tous ensemble, tous les âges et toutes les générations, nous disons adieu au Grec et à l'universel, au patriote et à l'internationaliste Mikis Theodorakis. Un symbole et un modèle», a-t-elle dit.
Pour le parti communiste grec (KKE) dont le défunt était proche, le secrétaire général Dimitris Koutsoumbas s'est adressé directement au compositeur: «Toute ta vie tu as tenu le fusil dans une main et tes partitions dans l'autre».
«Grand ambassadeur de la Grécité»
«Impulsive, révolutionnaire, passionnée, ta musique montre que notre monde doit changer et peut changer», a-t-il déclaré mercredi à Athènes.
Engagé auprès des communistes au cours de la guerre civile qui a éclaté en Grèce à la suite de la Deuxième Guerre mondiale, Mikis Theodorakis est déporté dans l'île-bagne de Macronissos, où il est torturé. Dès le début de la dictature des colonels, qui démarre le 21 avril 1967, il est arrêté. Pendant la crise financière qui frappe la Grèce, il manifeste contre les mesures d'austérité imposées par les créanciers du pays (BCE, UE, FM).
Mikis Theodorakis s'est rendu célèbre avec la musique du film «Zorba le Grec» (1964) puis pour ses bandes originales des films «Z» en 1969 et «Serpico» en 1973. D'oratorios en symphonies, d'hymnes en opéras, il s'est employé à ouvrir au grand public la tradition classique et la poésie, mettant en musique Axion Esti du prix Nobel Odysseas Elytis ou le Canto General de Pablo Neruda.
(ATS)