Comment choisit-on sa destination de vacances? En suivant les réseaux sociaux, les recommandations des proches… mais aussi le cinéma et les séries. Selon un sondage publié en 2022 par les sites Expedia, Abritel et Hotels.com, 20% des gens ont des idées de destination en regardant le petit ou le grand écran. La tendance n’est pas forcément nouvelle -la ville de Saint-Tropez, dans le sud de la France, n’était qu’un petit port de pêche avant que la tornade Brigitte Bardot y attire toute la jet-set- mais elle se développe en même temps que les services de streaming.
Et dans cette course au «ciné-tourisme», la Suisse n’est pas en reste. La preuve avec sept lieux insolites, luxueux ou ébouriffants qui ont tapé dans l'œil de cinéastes et séduisent désormais les touristes.
Le barrage de Contra dans «Goldeneye»
220 mètres de haut, 380 mètres de large et un saut à l’élastique resté dans les annales du septième art. Entre les communes de Tenero-Contra et de Gordola, dans le Tessin, se dresse le barrage de Contra que l’on aperçoit dans la scène d’ouverture de «Goldeneye», sorti en 1995. Le 17e opus de James Bond (et le tout premier avec Pierce Brosnan dans le costume de 007) a largement popularisé l’édifice grâce à une impressionnante cascade.
Dans un silence quasi-total, James Bond s’accroche à un élastique puis plonge dans le vide, avant de pénétrer dans une base soviétique dissimulée dans le barrage. Voilà pour la version visible à l’écran. En réalité, c’est le cascadeur Wayne Michaels qui établit à l’époque un nouveau record du monde du plus haut saut à l’élastique depuis une structure fixe.
Aujourd’hui, le record est toujours à battre, mais il est possible de se prendre pour James Bond puisque des organisations touristiques proposent le même saut à l’élastique que l’agent britannique. De quoi vivre littéralement comme dans un film pendant 7,5 secondes en moyenne.
Le Schilthorn Piz Gloria dans «Au service secret de sa majesté»
«Goldeneye» n’est pas le seul volet de James Bond à s’être arrêté en Suisse. En réalité, la plus suisse des aventures de 007, en très grande partie tournée dans le canton de Berne, est «Au service secret de sa majesté», avec Georges Lazenby. Un film et un acteur injustement sous-estimés dans la saga, qui fait escale notamment au sommet du mont Schilthorn. C’est là que se trouve, dans la fiction, le QG d’Ernst Stavro Blofeld, le grand méchant de l’histoire (celui qui caresse toujours un chat blanc presque aussi flippant que lui).
Dans la vraie vie, on y trouve le Piz Gloria, un restaurant panoramique qui tourne à 360° en 45 minutes - le premier du genre dans le monde d’ailleurs - offrant une vue imprenable sur les sommets de l’Oberland bernois. Le nom Piz Gloria vient de celui porté par le repère de Blofeld dans le livre original de Ian Fleming. Lorsque la production du film a approché l’établissement pour obtenir une autorisation de tournage, elle s’est engagée à mettre de l’argent pour financer des travaux en échange du droit à utiliser les images. Aujourd’hui, on trouve une exposition consacrée à l’agent 007 à l’étage inférieur du restaurant et pour 37 francs, vous pourrez déguster un brunch James Bond.
Les Alpes bernoises dans «Star Wars: la revanche des Siths»
Connaissez-vous Alderaan? C’est de cette planète fictive que vient la princesse Leïa dans la saga «Star Wars». Après la mort de sa mère, Padmé, elle est confiée encore bébé au sénateur Bail Organa, dont l’épouse est la reine des lieux. Un endroit charmant, dans lequel de hautes tours aux allures futuristes s’alignent devant des montagnes enneigées.
Ces sommets ne sont autres que ceux qui bordent la ville de Grindelwald, toujours dans les Alpes bernoises, décidément très inspirantes pour les productions de cinéma.
En l’occurrence, les équipes ont surtout pris des images qui ont ensuite été numériquement très retouchées, mais on voit notamment le lac de Bachalpsee en arrière-plan. Qui est encore plus beau en vrai.
Zürich chez David Fincher
En 2011, le célèbre cinéaste David Fincher propose sa propre adaptation, après une première version suédoise, du roman policier «Millenium». L’histoire d’un journaliste qui va faire équipe avec une hackeuse pour tenter de percer le mystère de la disparition d’une jeune fille 40 ans plus tôt. Et si l’intégralité de l’histoire est censée se dérouler en Suède, une partie du film a été tournée à Zürich. Outre la gare et l’aéroport de la ville, on peut y voir l’hôtel Dolder Grand. À l’époque du tournage, «20 minutes» s’était amusé à calculer combien un tournage à l’aéroport pouvait coûter à la production. Bilan: 40’000 à 45’000 francs selon leurs savants calculs.
Paolo Sorrentino tourne dans les Grisons
Le cinéaste Paolo Sorrentino a deux marottes au cinéma: les nains et les vieux qui s’ennuient et ploient sous le poids du temps qui passe. On trouve les deux dans «La Grande Bellezza» mais aussi dans «Youth», sorti en 2015 et tourné en majeure partie dans le canton des Grisons. L’histoire de deux hommes à la retraite, Fred et Mick, qui profitent de leurs vacances et réfléchissent au sens de la vie dans un bel hôtel aux pieds des Alpes (ils s’ennuient, donc, et ploient sous le poids du temps qui passe; on vous laisse regarder le film pour trouver les nains).
Le film a en réalité été tourné dans deux hôtels différents: le Waldhaus, à Flims, monument de la Belle époque, et le Berghotel Schatzalp, à Davos, dans un style plus Art Nouveau. Ce dernier a notamment servi pour filmer les extérieurs.
Le Grandhotel Giessbach de Brienz au cinéma et en série
Les hôtels suisses ont décidément la cote au cinéma. Le Grandhotel Giessbach, à Brienz, dans le canton de Berne, a aussi été choisi par un réalisateur. Et pas n’importe lequel: Paul Thomas Anderson y a tourné une partie de son «Phantom Thread», avec Daniel Day-Lewis et Vicky Krieps. On y voit notamment une scène de petit déjeuner sur un balcon avec une magnifique vue sur le lac de Brienz.
Une vue que les fans de «Band of Brothers», la série de Steven Spielberg sur la Seconde Guerre mondiale, auront peut-être reconnu… car on y voit exactement la même dans l’un des épisodes de cette fiction. Celui-ci est supposé se dérouler à Zell am See, en Autriche, où le 506e régiment d’infanterie de l’armée américaine s’est installé après être entré en Allemagne. Mais c’est bien en Suisse que la production a tourné.
«The Night Manager» prend ses quartiers à Zermatt
Adaptée d’un roman de John Le Carré, «The Night Manager» est une haletante série d’espionnage qui voyage beaucoup, de Londres à l’Egypte en passant par l’Espagne. Et elle fait également escale à Zermatt, en Valais. Dans la fiction, le héros, Jonathan Pine, travaille dans un luxueux hôtel, le Meister… qui n’existe absolument pas. Les équipes ont tourné à l’hôtel Schönegg, mais aussi au Riffelalp, l’un des plus vieux et des plus beaux hôtels de la station. Sans oublier les vues parfaites du mont Cervin, l’un des plus hauts des Alpes.
Pour justifier ses choix, le régisseur d’extérieurs de la série (chargé précisément de repérer les lieux de tournage) a expliqué que Zermatt répondait à tous les critères de la production. À savoir être à la fois «cool, dramatique et unique».