Près d’un mariage sur deux se termine par un divorce en Suisse. Un taux en constante augmentation depuis les années 1980 et qui s’explique par de multiples facteurs. Mais l’un d’entre eux est probablement sous-estimé: la profession des conjoints. En effet, plusieurs études ont montré un lien fort entre certains métiers et le taux de divorce. Pour celles et ceux qui misent vraiment sur une union pour la vie, mieux vaut donc choisir une ingénieure agronome ou un professeur qu’un chorégraphe ou une barmaid.
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Au détour d’une recherche publiée dans le «Journal of Police and Criminal Psychology», et menée aux États-Unis, on apprend ainsi que les danseurs et chorégraphes ont un taux de divorce de 43,05%, juste devant les barmen (38,43%) et les masseurs thérapeutes (38,22%). Les aide-soignants, psychiatres, infirmiers, mais aussi concierges et bagagistes, les gens qui travaillent dans le domaine du sport, les serveurs et les cuisiniers font également partie des professions qui divorcent le plus, parmi les 449 qui ont été examinées. À l’inverse, les ingénieurs agronomes sont plus stables dans le mariage, avec un taux de divorce de seulement… 2%.
Certains métiers occasionnent beaucoup de rencontres
Mais pourquoi donc? Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les horaires difficiles qui détruisent les mariages. Travailler en décalé ou le week-end n’a pas de conséquences notables. Pour preuve, les vétérinaires et les magistrats ont des taux de divorce plus faibles que la moyenne, aux alentours de 12%. En revanche, trois facteurs jouent beaucoup. D’abord, les professions dans lesquelles on a l’occasion de faire des rencontres. C’est évidemment le cas des barmen, mais aussi des serveurs, des stewards… qui tous se trouvent dans le top 10 des professions les moins résistantes à la séparation.
«Quand on travaille dans une ambiance ouverte, on a plus de chance de rencontrer d’autres personnes et de développer des relations», explique le professeur Dai Williams, psychologue, au journal «The Telegraph». Être au contact du public ne suffit pas, il faut aussi que ce contact soit suffisamment long. «Les opticiens rencontrent beaucoup de gens mais n’ont pas le temps de leur parler. Ils ont un faible taux de divorce.» Idem avec les dentistes, qui voient passer bien des patients, mais rarement en état de tenir une conversation soutenue.
Les professions du soin divorcent plus
Deuxième enseignement de l’étude: les professions du soin sont particulièrement susceptibles de mener au divorce. «C’est peut-être parce que ces gens passent trop de temps à s’occuper des autres, au détriment de leur propre famille, ou parce qu’ils sont naturellement sensibles et donc plus vulnérables dans leur propre relation», avance Dai Williams.
Enfin, tous les métiers qui riment avec l’introspection et le changement sont aussi «à risque». Pour Hamid Aguini, coach et conseiller en orientation professionnelle interrogé par «Le Figaro», c’est parce que lorsqu’on est «amené à faire un développement personnel et réfléchir sur soi», ce qui «n’encourage pas à la stabilité». C’est le cas, notamment, des artistes, avec ces chorégraphes et danseurs qui travaillent énormément, partent en tournée donc voyagent et rencontrent du monde, tout en étant susceptibles de s’auto-analyser…
Un lien avec le niveau de revenu
Mais ce n’est pas tout. Une autre étude américaine, menée par le statisticien Nathan Yau, a observé un lien entre le niveau de revenu et le taux de séparation. Parmi les dix professions qui divorcent le plus, on retrouve encore une fois les barmen, mais aussi des mécaniciens ou des opérateurs téléphoniques, qui n’ont pas de gros salaires. Huit ont un salaire médian inférieur à 35’000 dollars (un peu plus de 31’000 francs) par an. À l’inverse, les chirurgiens et les scientifiques avec des revenus importants font partie des professions qui divorcent le moins. Les dix métiers du bas du classement rapportent un revenu médian de 75’000 dollars (un peu plus de 67’000 francs) annuels.
Pour Nathan Yau, il est impossible d’affirmer avec certitude qu’il existe un lien de causalité entre l’exercice de certains métiers et la propension de divorce. Mais le résultat de ses recherches est tout de même très ironique. Le plus fort taux de divorce est observé chez les directeurs de casino. Le plus faible chez les actuaires, spécialisés dans… l’évaluation des risques.