Cinq ans après avoir été éreinté par la critique avec un film présenté à Cannes, la star américaine Sean Penn tente samedi de reconquérir la Croisette avec «Flag Day». Un film en lice pour la Palme d'Or, dans lequel il joue aux côtés de sa fille.
Ovation, applaudissements polis, huées? Peu avant minuit, nul doute que les réactions du public devaient être scrutées comme rarement sous les ors du Palais des Festivals, après la projection de gala de «Flag Day».
Sean Penn, 60 ans, arrivé la veille dans la région avec sa fille Dylan, 30 ans, présente un film tiré d'une histoire vraie. Celle d'un père qui émerveille sa fille par son «magnétisme et sa capacité à faire de la vie une grande aventure», mais mène en même temps «une vie secrète de braqueur de banques et de faussaire», selon le synopsis.
Le film, sur lequel peu d'informations ont fuité, est «le portrait d'une jeune femme luttant pour guérir des blessures de son passé, tout en reconstruisant sa relation père-fille», sur une vingtaine d'années, entre les années 1970 et 1990, selon ses producteurs.
L'enjeu est d'autant plus grand pour le réalisateur et acteur légendaire, qui a tourné aussi bien avec Clint Eastwood ("Mystic River» qui lui vaut un Oscar), Terrence Malick ("La ligne rouge") ou Gus Van Sant ("Harvey Milk», deuxième statuette) que le tournage est une affaire de famille: sa fille donc, son fils également, Hopper Jack Penn et lui-même dans le rôle principal.
Troisième fois en lice pour la Palme
Sean Penn entretient une longue histoire avec le festival: présent pour la première fois en compétition il y a un quart de siècle, comme interprète, avec «She's so lovely» de Nick Cassavetes, il s'agit de sa troisième participation à la course à la Palme d'Or en tant que réalisateur.
La dernière tentative s'était soldée par un échec cuisant, avec «The Last Face», il y a cinq ans. Ce cinquième long-métrage racontait l'histoire d'un médecin humanitaire (Javier Bardem) et de sa consoeur (Charlize Theron) qui tombent amoureux lors d'une mission en Afrique.
Rires, malaise lors de la projection de presse et critiques assassines sur le mélange des genres: le réalisateur avait ce jour-là lui-même reconnu s'être «pris une raclée à Cannes».
Mais l'enfant de la balle, né en Californie et qui a su rencontrer le succès critique et public avec un film comme «Into the Wild», quête initiatique et solidaire dans les grands espaces, ne sera pas la seule star à briller sur le tapis rouge en ce cinquième jour du Festival de Cannes.
Catherine Deneuve de retour
L'a précédé sur les marches une autre légende du cinéma, Catherine Deneuve, 77 ans, qui fait son retour un an et demi après un accident vasculaire et cinquante-sept ans après son baptême cannois pour «Les Parapluies de Cherbourg» de Jacques Demy (1964), qui avait obtenu la Palme d'or. «Je suis contente que Cannes et le cinéma aient pu reprendre comme avant, c'est vraiment émouvant pour moi», a-t-elle lancé.
Habituée du Festival - sa dernière apparition remonte à 2019 lorsqu'elle a remis la Palme d'or au Sud-Coréen Bong Joon-ho pour son film «Parasite» - l'iconique actrice française aux 140 films est à l'affiche du film d'Emmanuelle Bercot «De son vivant», hors compétition.
«Pas de cluster cannois»
Le Covid-19 s'est également rappelé aux festivaliers samedi: l'actrice Léa Seydoux, l'une des stars de cette compétition (à l'affiche de trois films, dont celui très attendu de Wes Anderson), pourrait être absente à Cannes après avoir été testée positive.
«Il n'y a pas de cluster cannois», a en outre tenu à préciser le délégué général du Festival Thierry Frémaux, voulant faire taire des «rumeurs» à ce sujet. «Hier, nous avons fait plus de 3'000 tests, et il y a zéro cas positif».
Après la diffusion jeudi sur les réseaux sociaux de photos montrant des spectateurs ne portant pas de masque, il avait déjà rappelé les festivaliers à l'ordre. Un message du président Pierre Lescure est également diffusé à chaque début de projection.
(ATS)