La solitude est un véritable fléau. Touchant plus de quatre Suisses sur dix, d'après l'Office fédéral de la statistique, elle impacte autant la santé mentale que physique et peut avoir des conséquences dramatiques.
Il y a quelques mois, on vous parlait justement des possibles répercussions inquiétantes de cette émotion difficile sur l'organisme, où elle sème une flopée de problèmes potentiels: rétrécissement du cerveau, niveau de stress et de fatigue décuplés, déclin cognitif, mauvais réflexes alimentaires, dépression, maladies cardiovasculaires... Comme si ce n'était pas suffisamment alarmant, voilà qu'une toute nouvelle recherche publiée fin juin 2024 par la célèbre université Harvard pointe un autre effet potentiel de la solitude chronique: l'augmentation du risque de souffrir d'un accident vasculaire cérébral (AVC).
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Cette conclusion a été obtenue en analysant les données de 8936 personnes, toutes âgées de 50 ans ou plus, et ne présentant aucun facteur de risque lié aux maladies cardiovasculaires. Les participants ont ainsi été priés de décrire leur état mental et leur taux de solitude de façon régulière et détaillée, entre 2006 et 2008, puis entre 2010 et 2012, avant d'être soumis à plusieurs examens médicaux.
Résultat: les personnes ayant rapporté un sentiment de solitude durant les deux laps de temps étudiés voyaient leur risque de souffrir d'un AVC augmenter de 56%, en comparaison avec les participants qui ne s'étaient pas sentis seuls durant la période d'observation. Les chercheurs ont toutefois pu déterminer qu'une seule journée d'isolement ne suffit pas à produire cet effet: le risque augmente uniquement dans des contextes de solitude chronique étendus sur le long terme.
La solitude est subjective
Notons cependant que l'étude comporte certaines limites, sachant qu'elle a été exclusivement menée auprès de participants âgés de 50 ans et plus, n'offrant aucun éclairage sur les effets de la solitude sur des populations plus jeunes. L'explication du lien entre solitude et AVC n'a pas encore été analysé. Par ailleurs, ainsi que le concèdent les auteurs dans un communiqué de presse, la notion de solitude peut s'avérer très différente pour chaque personne, selon sa personnalité, les expériences et les émotions qu'elle y associe.
«L'évaluation répétée du sentiment de solitude pourrait nous aider à identifier les personnes qui se sentent seules de manière chronique et présentent un risque accru d'AVC, résume Yenee Soh, responsable de la recherche. Si nous ne parvenons pas à répondre à ces émotions, à grande comme à petite échelle, les conséquences pour la santé pourraient être graves. Or, toute intervention doit viser la solitude en elle-même, qui est une perception émotionnelle subjective et ne devrait pas être confondue avec l'isolement social.»
En effet, certaines personnes peuvent être régulièrement toutes seules sans que cela provoque le moindre mal-être, tandis que d'autres sont plus susceptibles de souffrir de solitude alors qu'elles ne sont pas particulièrement isolées dans leur quotidien.
Quelles solutions pour protéger la santé?
Heureusement, il est possible de lutter contre le sentiment de solitude, et donc ses conséquences néfastes. Les individus concernés peuvent essayer de forger de nouvelles amitiés, par exemple, en suivant ces conseils proposés par une psychologue. Il est aussi possible de s'inscrire à des événements dédiés aux nouvelles rencontres amicales, de devenir membre d'une association ou de poursuivre un nouveau hobby, afin de tisser les liens sociaux bénéfiques qui nous manquent.
Sachez également que quelques habitudes quotidiennes peuvent contribuer à changer la donne: une étude parue en avril 2024 dans la revue «Sleep» d'Oxford Academic et notamment relevée par Huffington Post suggère qu'un sommeil suffisant, satisfaisant et réparateur (entre 7 et 9 heures par nuit) peut réduire le sentiment de solitude. En analysant le rythme de vie de 2297 personnes américaines, les chercheurs ont pu déterminer que la solitude émotionnelle (définie dans l'étude par «le manque de relations intimes») et la solitude sociale («le manque d'un réseau de relations sociales») étaient sensiblement diminuées chez les jeunes qui dormaient suffisamment. D'autres recherches sont toutefois nécessaires pour préciser ces liens et leur prévalence chez les jeunes personnes.
Rappelons que d'autres mesures sont possibles pour réduire le risque de maladies cardiovasculaires, dont la solitude n'est évidemment pas le seul coupable! D'après les informations du CHUV, il s'agit avant tout d'adresser les principaux facteurs de risque, dont l’hypertension artérielle chronique, un surplus de cholestérol sanguin, le tabagisme, le diabète, le surpoids, l’inactivité, sans oublier l'impact de l’âge et des facteurs génétiques.
Demandez de l'aide
Si vous souffrez de solitude et que votre qualité de vie est impactée par les émotions qui en découlent, n'hésitez jamais à en parler avec votre entourage, à demander de l'aide professionnelle auprès d'un ou d'une psychologue, ou encore à vous tourner vers une plateforme d'aide telle que la Main Tendue (143).