Début septembre 2023, un adolescent de 15 ans se donnait la mort à Poissy, près de Paris, après avoir été insulté par deux camarades. Dans une lettre adressée au proviseur de son école, peu avant le drame, ses parents évoquaient la «détresse» de leur fils, face à une situation intenable. Le harcèlement scolaire plane sur l’actualité tel un spectre qui, hélas, réapparaît toujours, alors que les campagnes de sensibilisation se multiplient.
Ce genre de tragédie pousse inévitablement à se pencher vers nos ados et leur demander avec insistance si «tout va bien à l’école». D'autant plus que des études vaudoises soulignent que 10% des élèves de 15 ans sont touchés par ce phénomène au moins une fois par semaine durant l'année, tandis que 5% d'entre eux avouent avoir harcelé des camarades. Qu'il soit vécu en face ou via les écrans, le harcèlement se répand.
Or, lorsqu'on tente de questionner nos ados quant à leur quotidien, on n’écope souvent qu’une réponse monosyllabique, laissant libre cours à l’inquiétude. Comment savoir ce que traversent nos enfants s'ils n’ont même pas envie de nous décrire leur repas de midi?
Le harcèlement scolaire est une épreuve terrible pour toutes les personnes concernées, dont les parents. Il est donc essentiel de s'entourer de conseils et de soutien, afin d'apaiser la situation au plus vite: «Face à ce phénomène, les parents peuvent mettre en place différentes stratégies, en échangeant avec des enseignants ou d’autres familles d’élèves, note le thérapeute de famille Jon Schmidt. Le réseau joue un rôle très important, car il permet de fluidifier la communication et de se sentir sécurisé par un cadre plus contenant. L’un des outils principaux pour résoudre ce type de cas est la médiation: en effet, lorsque les parents tentent de gérer la situation entre eux, cela ne fonctionne pas toujours.»
De nombreuses ressources sont disponibles aujourd'hui, au niveau cantonal comme au sein des établissements eux-mêmes. Les différents centres LAVI se tiennent notamment au service de personnes victimes d'infractions, tandis que les jeunes peuvent s'adresser aux plateformes d'aide Ciao.ch et 143.
- Le Département de l'instruction publique de Genève met à disposition des contacts et instructions pour les parents et les élèves.
- Le canton de Vaud partage des études et diverses ressources, soulignant notamment l'efficacité de la méthode de la préoccupation partagée (MPP), une approche «non-blâmante» destinée à «minimiser les risques de stigmatisation et de représailles», permettant de «briser l'effet de groupe par de brefs entretiens individuels avec les autres élèves et de faire en sorte que la situation de souffrance cesse pour l'élève-cible.»
- Le canton de Neuchâtel a mis en place diverses campagnes de sensibilisation et programmes de prévention dédiés à la lutte contre le harcèlement scolaire. Le Centre d'accompagnement et de prévention pour les professionnels des établissements scolaires (CAPPES) joue également un rôle central.
- Du côté de Fribourg, des instructions et redirections vers le centre cantonal LAVI et la brigade des mineurs de la police cantonale sont à disposition sur le site du canton.
- Promotion santé Valais a réalisé une large étude en 2019, dont les résultats sont disponibles en ligne. Vous y trouverez aussi des ressources axées sur le cyberharcèlement.
- Un dispositif de prévention, des contacts utiles ainsi qu'un plan d'action pour les élèves et leur entourage peut être consulté sur le site du canton du Jura.
- Le canton de Berne a dédié un flyer (en langue allemande) à cette question et redirige les personnes concernées vers le Service psychologique pour enfants et adolescents.
Le harcèlement scolaire est une épreuve terrible pour toutes les personnes concernées, dont les parents. Il est donc essentiel de s'entourer de conseils et de soutien, afin d'apaiser la situation au plus vite: «Face à ce phénomène, les parents peuvent mettre en place différentes stratégies, en échangeant avec des enseignants ou d’autres familles d’élèves, note le thérapeute de famille Jon Schmidt. Le réseau joue un rôle très important, car il permet de fluidifier la communication et de se sentir sécurisé par un cadre plus contenant. L’un des outils principaux pour résoudre ce type de cas est la médiation: en effet, lorsque les parents tentent de gérer la situation entre eux, cela ne fonctionne pas toujours.»
De nombreuses ressources sont disponibles aujourd'hui, au niveau cantonal comme au sein des établissements eux-mêmes. Les différents centres LAVI se tiennent notamment au service de personnes victimes d'infractions, tandis que les jeunes peuvent s'adresser aux plateformes d'aide Ciao.ch et 143.
- Le Département de l'instruction publique de Genève met à disposition des contacts et instructions pour les parents et les élèves.
- Le canton de Vaud partage des études et diverses ressources, soulignant notamment l'efficacité de la méthode de la préoccupation partagée (MPP), une approche «non-blâmante» destinée à «minimiser les risques de stigmatisation et de représailles», permettant de «briser l'effet de groupe par de brefs entretiens individuels avec les autres élèves et de faire en sorte que la situation de souffrance cesse pour l'élève-cible.»
- Le canton de Neuchâtel a mis en place diverses campagnes de sensibilisation et programmes de prévention dédiés à la lutte contre le harcèlement scolaire. Le Centre d'accompagnement et de prévention pour les professionnels des établissements scolaires (CAPPES) joue également un rôle central.
- Du côté de Fribourg, des instructions et redirections vers le centre cantonal LAVI et la brigade des mineurs de la police cantonale sont à disposition sur le site du canton.
- Promotion santé Valais a réalisé une large étude en 2019, dont les résultats sont disponibles en ligne. Vous y trouverez aussi des ressources axées sur le cyberharcèlement.
- Un dispositif de prévention, des contacts utiles ainsi qu'un plan d'action pour les élèves et leur entourage peut être consulté sur le site du canton du Jura.
- Le canton de Berne a dédié un flyer (en langue allemande) à cette question et redirige les personnes concernées vers le Service psychologique pour enfants et adolescents.
L’âge de l’individualisation
Pour Laurence Bagnoud-Roth, psychologue et psychothérapeute, co-fondatrice du centre de consultations Therapea, cette réticence à parler n’a rien d’inquiétant en soi: «Si les jeunes enfants adhèrent au discours des parents, y croient et s’y adaptent, cela s’inverse complètement à l’adolescence. Durant ce moment de la vie, les jeunes ont besoin de s’opposer à leurs parents, afin de créer leur individualité. Le besoin d’intimité est également typique: le corps et le psychisme se transforment, c’est le temps du jardin secret.»
La spécialiste souligne notamment l’invention de nouveaux mots, d’un langage partagé uniquement avec leurs amis: «Cela ne signifie pas que leur quotidien nous sera totalement inconnu, tempère-t-elle toutefois. Leur vie intérieure nous sera juste moins accessible durant cette période, car l'adolescence renforce les liens avec les pairs.»
Ainsi, pas d’inquiétude si votre enfant ne vous raconte pas chaque détail de sa journée: les signaux d'alerte se définissent plutôt par des silences soudains et inhabituels. «Le fait de partager facilement ou non est aussi une question de tempérament, poursuit notre experte. C’est un changement de comportement brusque qui doit nous alarmer. Si un enfant ou un ado est habituellement jovial et expressif, mais qu’il ou elle cesse tout d’un coup de parler, mange moins ou peine à dormir, on peut en déduire qu’il s’est peut-être passé quelque chose».
Discuter «l’air de rien»
Lorsqu’on souhaite ouvrir le dialogue, les questions frontales et directes peuvent s’avérer contre-productives: «Dans toutes les situations impliquant des difficultés à communiquer, je recommande d’ouvrir la parole de la manière la moins cérémonieuse possible, recommande le psychologue et psychothérapeute FSP Jon Schmidt, auteur d’'Adolescence en quête de sens?' (Éd. LEP). Tout ce qui peut éviter la sensation oppressante de l’ado qui se plaint d'avoir 'toujours ses parents sur le dos'. Par exemple, la discussion où l’on convoque l’adolescent autour de la table de la cuisine après le repas est, selon moi, à éviter.»
Selon le thérapeute de famille, le plus facile est de commencer par partager un élément de notre propre vie d’adulte, en livrant certains de nos défis ou des instants de vulnérabilité: «Cela permet de se placer sur le même niveau et de chasser le jugement.»
Laurence Bagnoud-Roth propose d’autres stratégies destinées à faciliter la communication, dont les questions plus précises («Qu’est-ce que tu as trouvé chouette ou désagréable, aujourd’hui?») ou le simple fait de demander s’il s’agit d’un bon moment pour discuter.
Lire entre les lignes
Notre experte rappelle par ailleurs que les adolescents tendent à raconter des événements de manière détournée, en évoquant l’expérience d’un ou d’une camarade, plutôt que la leur: «Dans ce genre de situation, il est judicieux de demander «Et toi, à sa place, comment ferais-tu? Comment te sentirais-tu?», propose-t-elle. On peut aussi partir d'un fait divers ou d’un point d’actualité et lui demander son avis. Notons que les émotions sont difficiles à identifier, même pour les adultes: afin d'aider l’ado à s’exprimer, on peut lui proposer des mots ou lui dire 'J’ai l’impression que tu es fâchée ou triste, est-ce que c’est juste?'.»
Dans tous les cas, il est essentiel d’éviter le jugement, afin que l’adolescent se sente en sécurité, en veillant à ne pas le mettre sous pression. «Une autre option est de reformuler les propos de l’ado, pour s’assurer d’avoir bien compris, ajoute Laurence Bagnoud-Roth. On peut lui dire 'Quand tu dis ça, c’est bien juste que…?' ou lui proposer des réponses s'il ou elle ne trouve pas ses mots.»
Bien réagir quand l’ado se livre
Une fois la parole ouverte et les récits dévoilés, le but est d’instaurer la confiance, afin que la discussion se déroule aussi sereinement que possible. Si des thèmes inattendus ou délicats apparaissent, la réaction de l’adulte est d’autant plus essentielle.
«Lorsque l’ado évoque un cas de harcèlement, il en va aussi de la responsabilité des parents de faire quelque chose, explique Jon Schmidt. S’il ou elle vous supplie de ne surtout pas agir, il peut être bénéfique de se donner un temps pour ne pas prendre de décision immédiate, afin de maintenir le dialogue et la confiance.» L'idée est ainsi d'inclure l'ado dans la discussion, afin qu'il ou elle puisse participer et donner son avis quant à la suite des événements. Et, surtout, lorsque la situation est difficile à gérer, ne jamais hésiter à demander de l'aide.