Au dodo!
En vacances, la tendance est au «sleep tourism»

Connaissez-vous le «tourisme du sommeil»? Privilégier pour ses vacances les endroits où l’on est sûr de bien dormir est à la mode. Et devient un véritable business pour l’hôtellerie.
Publié: 17.03.2024 à 17:57 heures
Partir en vacances sans être sûr de bien dormir?
Photo: Shutterstock
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Margaux BaralonJournaliste Blick

C’est l’un des premiers objectifs des vacances: se reposer. Mais pour certains, c’est même devenu la priorité absolue. Itinéraire mais surtout hébergements sont choisis en fonction de la qualité de sommeil qui sera procurée, histoire de recharger les batteries. Exit les villes bruyantes, les musées et les randonnées, place aux retraites, aux spas et aux ateliers de méditation. Tout ce que recherchent ces vacanciers d’un nouveau genre, c’est dormir comme des bébés. 

Cette tendance a même un nom: le «sleep tourism», ou «tourisme du sommeil». Un marché en plein boom, qui devrait bondir de 8% entre 2023 et 2028, soit plus de 400 milliards de dollars supplémentaires, selon un rapport de l’agence HTF Market Intelligence, qui fait de l’analyse pour les entreprises. 

«Un gros changement de mentalité»

Pourquoi un tel engouement? Selon les spécialistes, l’épidémie de Covid-19 y a grandement contribué, en altérant le sommeil et en prouvant simultanément qu’il était possible d’avoir un train de vie plus lent. Une étude parue dans le Journal of Clinical Sleep medicine en 2021 montrait que 40% des 2’500 répondants avaient noté une baisse de la qualité de leur sommeil pendant la crise sanitaire. 

«On y a porté une plus grande attention», analyse Rebecca Robbins, docteure et autrice du livre «Dormir pour réussir: tout ce que vous devez savoir sur le sommeil mais que vous êtes trop fatigué pour demander», auprès de CNN. «Avant, les gens associaient le voyage avec des gros repas, des nuits décalées, et toutes les activités à faire pendant les vacances, au détriment du sommeil. Je crois qu’il y a eu un gros changement dans les mentalités collectives pour prioriser le bien-être.»

Menu d’oreillers et lits connectés

Pour les hôtels et les établissements d’hébergement, l’enjeu est donc de s’adapter à ces nouvelles exigences de la clientèle. Il faut aller bien plus loin que des rideaux occultants, un masque pour les yeux et l’assurance d’avoir une chambre qui ne donne pas sur la rue. Le groupe d’hôtellerie Hilton par exemple, propose dans certaines chambres des matelas dont la température est réglable et même tout un menu dédié… aux oreillers. Vous pouvez alors choisir celui qui conviendra le mieux pour regarder la télévision, le 100% coton, le moins allergène, celui à mémoire de forme… 

À New-York, le Park Hyatt propose une suite intégralement dédiée au sommeil. Sont inclus un lit avec matelas connecté, qui ajuste sa fermeté, ses mouvements et ses points de pression aux différentes phases du sommeil, mais aussi des huiles essentielles et toute une collection de livres sur le sujet. Du côté du Benjamin Royal, on mise sur une playlist spéciale endormissement et des machines qui produisent des bruits blancs, réputés aider à dormir.

Coachs et tisanes

Tout ceci sans compter évidemment les coachs qui se succèdent dans les établissements pour prodiguer leurs indispensables conseils et séances aux clients, de la méditation jusqu’à l’hypnose en passant par diverses pratiques holistiques. À Londres, l’hôtel Belmond Catogan a signé un partenariat en 2021 avec une ponte en la matière, Malminder Gill, hypnothérapeute. Outre les services habituels allant de la couverture lestée – un must pour lutter contre les insomnies – aux aides à la méditation enregistrées, la «conciergerie du sommeil» propose une tisane et une brume à vaporiser sur l’oreiller, spécialement élaborées pour plonger dans les bras de Morphée.

Sans surprise, tout ceci a un coût. Ces services émanent tous d’hôtels luxueux, dans lesquels les chambres les plus simples dépassent allègrement les 300 francs la nuit et les offres spéciales ne se trouvent pas à moins de 1’000 francs. L’agence HFT Marketing Intelligence le note d’ailleurs dans son rapport, «le sleep tourism peut ne pas être une option pour les clients qui font attention à leur budget» et le marché est donc «limité à une catégorie de consommateurs premium». 

Reste aussi à savoir si ce tourisme du sommeil est réellement bénéfique. Comme l’explique Rebecca Robbins, inutile de dépenser toutes ses économies dans un lit connecté une semaine par an si c’est pour retrouver son mauvais sommeil une fois de retour dans le sien. Mieux vaut donc, plutôt que de se gaver de tisane ou de tester 52 oreillers différents en quatre nuits, prendre de bonnes habitudes. Et les garder même après les vacances.

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